Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Edouard ALEXANDER

1916-2004
alias AUER, BREVILLE, THIBAUT, FRANCK etc..

Edouard ALEXANDER est né le 16 février 1916 à Marseille dans une famille de commerçants installés sur le port, son père Alfred et son oncle Jules se partageant cette activité.

Le jeune Edouard commence ses études au Lycée Perier, mais il est obligé très vite de les abandonner.

En effet, la crise qui se profile et les difficultés économiques d’après guerre rendent impossible aux deux familles de vivre décemment sur les revenus du commerce.

Les deux frères décident de se séparer ; Jules restera à Marseille pour poursuivre l’activité, et Alfred essaiera de développer une activité identique sur Gênes, pour créer des synergies avec l’activité Marseillaise.

C’est ainsi que le jeune Edouard, son frère, sa sœur, suivent leurs parents qui s’installent à Gênes.

Cependant, la création d’une activité nouvelle de shipchandler dans le port de Gênes n’est pas du goût des Génois et très vite le jeune Edouard est contraint à travailler à 14 ans comme pousseur de charreton de vitrier, pour pouvoir aider la famille à subsister ; il en gardera le parler du patois génois.

Rapatrié sur Nice où son père trouve du travail à la Chambre de Commerce, il apprend le métier de peintre en bâtiment et s’installe à son compte comme peintre en lettres à 18 ans.

C’est alors qu’il est appelé sous les drapeaux pour le service militaire, trois ans à l’époque.

Libéré de ses obligations militaires, il décide de ne pas reprendre ses activités d’ouvrier ; il a appris à l’armée ce qu’était la comptabilité ; il continue à se former et est embauché par la Caisse d’Allocations Familiales de Nice en qualité de Teneur de livres comptables.

Mais il réintègre rapidement l’armée à la suite de la déclaration de la guerre et n'est libéré de l’Armée des Alpes, l’Armée Invaincue, qu’en juillet 1940, après l’Armistice.

Cependant il ne supporte pas l’idée que l’on puisse cesser de se battre dans un pays occupé à moitié par l’envahisseur et dont les dirigeants acceptent de collaborer avec ce dernier.

Comme beaucoup de Français refusant cette situation, isolé dans un contexte difficile, il commence avec son frère Raymond des actions de propagande pour manifester son opposition à cette situation.

Mais cette situation ne le satisfait pas.

Le 5 octobre 1940, pour donner à son action plus d’efficacité, il décide avec son frère Raymond et Léon BROWN de constituer un mouvement de résistance active dont la réunion constitutive aura lieu en mars 1941 et qui prendra le nom de LIBERTE.

Un comité directeur est formé avec :

·         Robert ADRIANT surnom DELORME

·         Édouard ALEXANDER dit THIBAUD

·         Raymond ALEXANDER dit MAIGRET

·         Léon BROWN dit BRUNET

·         René CARISIO dit RENE

·         Georges NEYER dit GEORGES

·         Georges PARDO dit JOJO

Le comité directeur définit ses objectifs, recrutement, mise en rapport avec Londres, émissions clandestines (BROWN étant Ingénieur radio), CARISIO Professeur d’enseignement technique sera chargé d’action à l’égard des jeunes dans un mouvement qui sera dénommé JEUNE REPUBLIQUE filiale de LIBERTE.

Après avoir contacté COMBAT qui ne lui propose rien de concret et surtout pas d'armes, il intègre le mouvement FRANC TIREUR dont il devient membre du comité directeur de des Alpes Maritimes le 30 septembre 1941, Chef Départemental des GROUPES FRANCS le 30 juin 1942 et Chef Départemental des GROUPES FRANCS DES MURS le 30 décembre 1942, et organise à ce titre divers attentats et sabotages dans le département des Alpes Maritimes et ses environs.

Les sabotages de la Caserne Saint-Jean d’ANGELI à Nice avec la destruction de 8 000 litres d’essence, du pont Saint-Laurent, du tunnel de RIQUIER en novembre 1942 perturbent la circulation entre la France et l’Italie.

Mais toutes ces actions attirent l’attention sur lui et il est arrêté par la police de VICHY  le 18 mars 1943.

Une tentative d’évasion organisée par son frère dans le train échoue et il est jugé en section spéciale à Aix-en-Provence ; défendu par le futur Bâtonnier FILIPPI, c’est là qu’il sera confronté pour la première fois avec la justice, face à un président lisant ouvertement un journal pendant que l’avocat qui le défendait plaidait.

Le président n’ayant pas une preuve formelle de sa participation dans le sabotage du tunnel de RIQUIER l’envoie, avec CARISIO, en Centrale au Fort Vauban à NÎMES.

Le 28 avril 1943 une nouvelle tentative d’évasion organisée par JUVENAL (Maxence) et par CHEVANCE-BERTIN ne peut avoir lieu, CHEVANCE s'étant cassé la jambe et le transfert à Nîmes à lieu le 29 avril 1943.

Le 4 février 1944  il s'évade de la Centrale de NÎMES avec 22 détenus politiques, les armes à la main, contenant les droits communs voulant profiter de l’occasion pour s’évader également.

Les évadés en tenue de forçats cherchent à rejoindre les maquis des Cévennes, mais mal guidés, s’orientent d'abord vers Montpellier, ce qui les sauvera.

En effet, poursuivis par la police, la gestapo et la milice, les 22 évadés n’ont pas pris la route logique vers les Cévennes et les Allemands qui les poursuivent ne les trouveront pas.

Après un périple de 15 jours, les évadés se retrouvent à 8 seulement au maquis de SAINT FREZAL d’où ils sont délogés après une nuit et obligés de reprendre la route.

Ils arrivent enfin au Maquis des BOUZEDES au nord de VIALAS, où ils peuvent reprendre des forces ([1]).

À BOUZEDES, par son expérience, Edouard ALEXANDER devient Instructeur explosif et participe à diverses actions :

- Attaque de la gendarmerie de la BERNAREDE
- Attaque sur voies ferrées
- Sabotage sur voies ferrées.
- Sabotages de poteaux télégraphiques,

Au bout de trois mois il décide de quitter le maquis.

Il va à LYON pour renouer des liens avec les organisations de la Résistance, mais malheureusement, depuis qu’il a été arrêté, tous les cadres ont changé ; il décide de retourner sur NICE, ce qu’il fait au printemps 1944.

Il reprend l'action armée, caché de jour dans un placard construit chez son beau-père, actif la nuit, de sorte que la gestapo ne pourra le retrouver avant la libération de NICE le 28 Août 1944dans laquelle le mouvement LIBERTE, alors intégré à FRANC-TIREUR jouera un rôle important ([2]). Il finira la guerre en tant que Commandant de FFI ([3]).

Il recevra pour ses actions dans la Résistance les distinctions suivantes :

- Officier de la Légion d'Honneur
- Croix de Guerre avec Palmes et étoiles
- Médaille de la Résistance
- Croix du Combattant
- Croix du Combattant volontaire
- Croix du Combattant volontaire de la Résistance
- Médaille des internés de la Résistance
- Commandeur mérite Polonais (N°57)
- Croix du Partisan
- Médaille Combattants Alliés (N°101)
- Officier de la Reconnaissance Britannique

- Citation à l’ordre de la division par le Général MALAGUETTI Commandant la 15ème région militaire le 19 mars 1946

Bien évidemment il sera réhabilité "ses actes ayant été utiles à la nation".

Après la guerre, il prend la décision de devenir Avocat, mais n’ayant pas le bac, il doit passer deux années de capacité en droit et un DES de lettres, puis faire ses études à la Faculté tout en exerçant une activité de représentant de commerce pour nourrir sa famille. En définitive, après le CAPA il s’inscrira en 1952 au Barreau de Marseille.

Très vite, il s’aperçoit que les avocats sont totalement désorganisés et que la situation des retraités, et surtout de leurs veuves, est extrêmement difficile. Il sait qu’à Paris une caisse d’avocats a été créée permettant aux avocats parisiens de manipuler des fonds, ce qu’ils n’avaient pas le droit de faire à l’époque. Il pense donc que si tous les avocats de Marseille mettaient leur trésorerie dans une seule caisse, confiée à la gestion d’une seule banque, ils pourraient négocier la rémunération de leurs fonds, ce qui permettrait non seulement de rendre des services à la profession, mais également d’assurer des aides aux avocats nécessiteux et à leurs veuves.

Après avoir murement réfléchi à ce projet et ayant convaincu un groupe d’amis, il saisit en définitive, l’Ordre des Avocats du Barreau de Marseille par lettre du 30 octobre 1963 et le Bâtonnier ROLAND accepte de soumettre la question au conseil de l'Ordre lequel, dans sa séance du 25 mai 1964, après avoir entendu Edouard ALEXANDER décide de la création de la CARPA du Barreau de Marseille.

À partir de ce moment-là il se consacrera en qualité de Secrétaire Général de la Caisse de Règlements et Services du Barreau de Marseille, CARSAM, au développement de celle-ci, puis il poursuivra son action en qualité de Président à partir de 1976 ; c'est au cours de cette période qu'il lance une grande étude avec la CEGOS sur l’évaluation du coût d’un dossier et développe divers services au sein de la Caisse.

Élu Bâtonnier à la tête du Barreau de Marseille pour deux ans 1978-1979 il mènera diverses actions :

-         Création du bulletin du bâtonnier,

-         Création des éléments d’évaluation des honoraires,

-         Lancement de publicités fonctionnelles pour la profession,

-         Création du CIDEP (Centre d’Information du Droit des Personnes)

-         Le prix de la francophonie : grand concours international francophone dédié aux jeunes avocats, etc….

À l’issue de son Bâtonnat il continuera à se consacrer à la profession et deviendra après le Bâtonnier LUSSAN, Président de l’UNCA (Union des Caisses d’Avocats) dont il est fondateur ; il continuera par ailleurs son action au sein de la Conférence des Bâtonniers dont il sera Vice-président ([4]).

Il cesse son activité professionnelle en 1994 à l’âge de 78 ans et à partir de cette date, œuvre activement pour la Mémoire de la Résistance dans les écoles de la région. Il recevra à ce titre les Palmes Académiques en 2004.

Après son décès, le 1er avril 2005, le Barreau de Marseille honorera sa mémoire en donnant son nom à la grande bibliothèque de la Maison de l’Avocat, nom actuel de la CARSAM qu’il avait créée.



[1]  - Ils en ont bien besoin puisqu’après la détention dans les prisons de Vichy Edouard ALEXANDER 1 m 80, ne pesait même pas 50 kg et pendant tout ce périple ce n'est qu'occasionnellement qu'ils ont pu se nourrir ; à cette époque un évadé en tenue de bagnard qui allait solliciter de la nourriture à une ferme isolée recevait de la chevrotine plutôt que de la nourriture.

[2] - L'ensemble du Groupe LIBERTE a pris: 20 Mousquetons, 2 mitrailleuses légères, 3 Fusils Mitrailleurs, 5 Mitraillettes, quatre mortiers, 30 fusils Lebel et fait 43 prisonniers qui seront remis aux Américains. La section GRIGNOLO, au complet, a pris d'assaut le MONT AGEL en compagnie de troupes Américaines. Une section au complet, entièrement équipée par le résistance s'engagera pour continuer la Guerre.

[3]- La famille payera un lourd tribu pour la libération de la France : ses oncles et tante Jules et Valentine ALEXANDER de « COMBAT » arrêtés, torturés et morts en déportation, son cousin William CARR arrêté, torturé et déporté, son cousin Jules de FRANC-TIREUR, mort en déportation et l'épouse de ce dernier, Léontine Agent de liaison, morte en déportation.

[4]- Curieusement, à deux reprises il refusera la cravate de Commandeur de la Légion D’Honneur, parce qu’elle lui était proposée par PEYREFITTE et BADINTER au titre de ses actions dans la justice, préférant rester officier au titre de la Résistance.

 

 

 

Sabotage du Pont Saint Laurent
Sabotage la Caserne Saint Angely
Sabotage du Tunnel de Riquier
La prison de Nice en 1943
La prison d'Aix en Provence en 1943
La Centrale de Nimes en 1943
Evasion de la Centrale de Nimes
Du Fort Vauban aux Maquis des Cevennes quinze jours de cavale et de calvaire
Le maquis de Bouzèdes
Des Bouzèdes à Lyon et de Lyon à Nice
Dernière confidence de Jean MOULIN
MAX pourquoi ce surnom
Historique du Mouvement LIBERTE (sud) du 5 octobre 1940 à décembre 1941
Historique du Mouvement LIBERTE (sud) de janvier 42 à Juillet 42
Historique du Mouvement LIBERTE (sud) en 1943
Historique du Mouvement LIBERTE (sud) en 1944

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