Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

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NICE : Sabotage du PONT SAINT LAURENT

Je ne me souviens pas qui m'a dit que toutes les lignes allemandes et italiennes passaient par le Pont Saint Laurent.

Je suis allé voir, avec mon frère MAIGRET (dans la Résistance).

Cela était exact, mais je considérais que c'est un objectif de peu de valeur 20 ou 25 lignes téléphoniques sur 2 poteaux, cela n'était pas valable pour un sabotage.

Le pont ne valait pas mieux, large de trois mètres, il enjambait la voie ferrée et permettait d'aller vers l'institut d'Eudes Juridiques (il n'y avait pas de faculté à Nice), partant de l'Avenue de Californie.

Je proposais au Comité Directeur d'abandonner cet objectif, CARISIO s'y opposa en disant : " cela servira d'entraînement à l'équipe DENOIZE".

J'acceptais, à condition qu'ils soient encadrés par les anciens (LEON, MAIGRET, CARISIC et moi-même.

D'accord.

Fin novembre 1942, nous avons, chez LEON, une réunion préparatoire.

L'équipe d'attaque sera composée de DENOIZE, BRUN, REVIGLIC, TARDYet COULLARD (4 pour qui j'ai obtenu la Médaille de la Résistance).

L'équipe de protection LEON, MAIGRET, CARISIO et moi.

Un pain de plastic partagé en deux pour chaque pylône supportant les lignes. Il devra être mis en place entre le pylône et le mur du pont. C'est un pont de pierres de 300 ou 400 ans, les voitures ne peuvent s'y croiser.

Chacun des participants ira seul voir le pont et pour l'action on se retrouvera Avenue de Californie.

Au jour dit, LEON et moi allons en avant garde. Malheur, sur la margelle du pont, ii y aie garde italien qui lutine une fille. La sentinelle allemande fait les 100 pas sous le pont.

Nous devons attendre car les postes sont à moins de 100 mètres et un coup de feu nous amènerait une vingtaine d'hommes mieux armés que nous.

Il est 22 h 30. Nous redescendons et décidons de revenir dans i heure. 23 h 30, l'italien a quitté la fille et bavarde sur la voie avec l'allemand.

La route est libre.


Nous envoyons l'équipe DENOIZE et nous restons à 20 m environ. Au bout de 5 à 6 minutes, nous entendons une cavalcade très bruyante ! ce sont nous étourdis qui descendent à toute vitesse du pont, malgré nos "ne courez pas" dits à mi-voix, lorsqu'on fait un sabotage, on ne court jamais pour éviter d'attirer l'attention.

Nous descendons également jusqu'à la Californie, où nous rejoignons nos apprentis. "Alors, c'est fait ?� - "Oui"- "Vous auriez pu faire moins de bruit".

Nous attendons ; 20 minutes se passent. Pas de "boum". Nous sommes étonnés. "Avez-vous bien fait ?"

Au bout d'une demi-heure, LEON et moi décidons d'aller voir, en ordonnant à MAIGRET et CARISIO de garder nos jeunes.
Nous refaisons le chemin qui monte vers le pont, revolver à la main, et sans bruit.

A quelques mètres du pont, nous vérifions nos sentinelles et allons aux deux pylônes. Nous touchons le plastic, les crayons allumeurs écrasés, mais ces novices ont oublié les détonateurs.

Je dis à LEON "Tu en as ?". li sort de son sac à malice détonateurs et crayons. Nous les plaçons et redescendons tranquillement.

Dix minutes après, il y a un grand boum. Nous pouvons aller nous coucher.

Le lendemain à midi, nous allons voir. Les deux pylônes sont par terre, toutes les lignes coupées pour 2 ou 3 jours, les rambardes du pont démolies.

Peu de préjudice pour l'occupant, mais un sentiment d'insécurité. Il y a à peine un mois qu'ils sont là et déjà une dizaine d'explosions.

Pour nous, grande utilité sur la fiabilité des jeunes G F.

Nous interdisons à toute équipe défaire quoi que ce soit sans notre accord. Je dis à LEON "Tu ne donneras rien à personne sans mon autorisation".

LEON ayant un grand magasin, il est notre entrepositaire de plastic, armes, etc...

Je n'ai pas assez insisté sur de point car trois mois plus tard, il donnera du plastic à DENOIZE et BRUN qui se feront prendre comme des enfants Alors que je leur avais refusé plastic et ce sabotage inutile.



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