Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

La caserne SAINT JEAN D'ANGELY

LA CASERNE SAINT JEAN D'ANGELY A NICE

Description faite par .

Edouard ALEXANDER alias AUER, BREVILLE, THIBAUT, FRANCK etc
 

Cette splendide caserne était vide depuis l'armistice.

L'Adjudant chef Sébastien  TAFANI (oncle de mon épouse) me dit un jour : '"Tu sais qu'il y a 12 mitrailleuses à prendre à St Jean d'Angely !" Surpris je demande des détails. "C'est au fond à droite après la cantine, une armurerie qui sert de débarras."

J'en parle au Comité directeur et MEFFRE demande à s'en occuper. D'accord.

Nous sommes en Septembre. À chaque réunion j'interroge MEFFRE et lui demande où il en est. " Ca va venir". " Vite parce que les groupes Francs ont besoin d'armes."

Septembre, Octobre, Novembre, l'occupation zone sud, et toujours pas nos armes.

Je gueule, d'autant que la caserne vient d'être occupée et je décide " les groupes francs s'en occuperont."

Réunion, MAIGRET, BRUNET, AUER (moi) et RENE.

Nous décidons d'y aller courant Novembre (je ne me rappelle plus la date), en tous cas c'est le deuxième soir de l'occupation de la caserne par les Italiens. Le soir dit, nous nous réunissons chez Léon, nous n'avons que trois vélos pour 4.

On installe une remorque à un vélo et le 4ème s'assiéra dans la remorque.

Nous partons, au bout de 10 minutes le plancher de la remorque s'effondre. Retour au magasin de Léon, on installe une planche et l'on repart.

À la moitié du trajet, ma chaîne de vélo casse, nous continuons : un vélo tiré par un autre et une remorque tirée par l'autre vélo. Nous avions fière allure.

Nous arrivons enfin à l'arrière de la caserne, à l'endroit où l'on fait le mur !

Nous laissons CARISIO à la garde des vélos et de la remorque. Il eut pendant notre absence un curieux incident. Une patrouille italienne l'interpelle : " que faites vous avec cette remorque ?". En un parfait italien il répond :" j'attends un de mes amis qui est allé faucher du tabac aux français." " Ah bon, soyez prudents." A Rivederci !" Et c'est ainsi que CARISIO peut nous attendre sans ennui.

Nous entrons Léon, Maigret et moi. Après une petite recherche, nous trouvons l'entrepôt, porte fermée. Nous essayons de la forcer mais elle résiste, nous passons donc par une fenêtre. Un fois dans l'entrepôt nous cherchons en vain les armes mais nous ne trouvons que quelques bidons d'essence et 4 paquets de tabac.

Nous renversons les bidons que nous ne pouvons emporter et prenons le tabac.

Un petit escalier en bois mène au grenier. Nous montons, pas de mitrailleuses mais il y a 4 FM bancals. Au premier il manque les pieds et la crosse, deuxième et troisième, pas de percuteur. Un seul est complet. Pas de munitions, nous prenons tout et allons sortir lorsque l'on entend une patrouille. On se cache et nous attendons.

La patrouille (8 troufions, un sergent) passe devant la fenêtre ouverte que nous avions oublié de refermer.

Un des deux derniers de la patrouille a dû constater cette ouverture ; il le dit à son voisin. Ils ont peut-être aussi vu notre lampe. Toujours est-il qu'ils abandonnent la patrouille, sans même avertir le sergent, et entrent par la fenêtre de l'armurerie.

Bien que cachés les deux italiens nous voient et interrogent en italien « Que cose fatte qui ? ». Je réponds « Vi ucchiame si cridete » en les menaçant de nos révolvers. Les deux italiens semblent peu rassurés. Mon frère fouille leurs poches et prend un mouchoir. Il le leur met dans la bouche. Léon prend des chiffons et leur pose un bâillon. Je trouve de la ficelle et nous leur attachons bras et jambes.

Nous les ressortons par la fenêtre et les mettons dans la ruelle opposée. Personne dans la patrouille n'a remarqué leur absence.

Il est vrai que les soldats italiens occupant cette caserne, n'étaient pas très vigilants.

Puis avant de sortir nous mettons le feu à l'essence. Nous portons les 4 Fm sur la remorque et mon frère prend CARISIO sur son cadre.

MAIGRET en vélo avec CARISIO tirant mon vélo et moi. Si nous avions été poursuivis, en 5 minutes nous aurions été rattrapés.

Après une grosse suée nous atteignons le magasin de LÉON.

L'escapade n'a pas été profitable grâce à la négligence de certains.

Nous avons fumé le tabac mais un seul FM a été utilisable et utilisé à la libération.

Nos sabotages ne sont pas souvent fructueux et je remarque que nous ne sommes pas encore asses blindés et aguerris pour tuer ceux qui tombent entre nos mains !

Un soir que nous vadrouillons à la recherche de quelques coups, nous nous arrêtons à une boite rue de France, fréquentée par les trafiquants et les occupants.

Nous buvons et entendons en français avec un accent quelqu'un nous dire « Elles étaient bonnes ces cigarettes ? » on se regarde surpris et CARISIO comprend. C'est le sergent chef qui l'avait interpellé devant la Caserne.

On l'invite à boire, on rit, on bavarde. Le gars pas du tout fasciste, pas ennemi de la France, regrette cette guerre idiote avec l'Italie. Il nous explique, ils ont aimé MUSSOLINI lorsqu'il a stoppé l'inflation, asséché le Marais PONTINS, créé les autoroutes mais depuis l'alliance avec HITLER les italiens supporte MUSSOLINI mais ne l'aime plus : En nous séparant CARISIO invite notre nouvel ami italien à manger chez sa mère.

Plus tard le sergent lui présenta son lieutenant, aussi peu foudre de guerre que son subordonné. Petit à petit CARISIO se fit des relations qui auraient pu nous être utiles.

Malheureusement cette relation fut interrompue par son arrestation.
 

Caserne Sau=int Jean d'Angely à Nice



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