Léonel DE MOUSTIER est né le 5 avril 1882 à Paris (7ᵉ arrondissement). Il est décédé le 8 mars 1945 au camp de concentration de Farge, en Allemagne.
Issu d’une famille de vieille noblesse comtoise, il est le fils de Pierre René de Moustier, député puis sénateur du Doubs. Après des études secondaires, Léonel DE MOUSTIER s’engage dans une carrière industrielle en dirigeant des exploitations minières. Parallèlement, il s’investit dans la vie politique locale en devenant conseiller général du canton de Clerval en 1910, puis président du Conseil général du Doubs en 1935, succédant ainsi à son père. Il fait partie des 80 Députés qui ne votèrent pas les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940.
Engagement dans la Résistance et la France libre : Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, malgré ses 57 ans et sa situation familiale (père de 12 enfants), Léonel DE MOUSTIER s’engage volontairement dans l’armée. Il commande le groupe de reconnaissance du 11ᵉ régiment de chasseurs. En mai 1940, lors de la bataille de Lille, sa division étant encerclée, il parvient à percer les lignes ennemies et à rejoindre Dunkerque, d’où il se replie vers l’Angleterre avant de revenir combattre en France jusqu’à l’armistice.
Le 10 juillet 1940, en tant que député du Doubs, il fait partie des 80 parlementaires qui refusent de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, considérant l’armistice comme une trahison. De retour dans son domaine de Bournel, il s’engage activement dans la Résistance en hébergeant des résistants, des aviateurs alliés abattus et des réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO). Il participe également à la mise en place de réseaux de renseignement et d’évasion, notamment en collaboration avec l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA) et le Bureau des Opérations Aériennes (BOA).
Missions, actions, arrestations et évasions : En janvier 1943, Léonel DE MOUSTIER est officiellement intégré aux Forces Françaises Combattantes en tant qu’agent P1. Il est chargé de repérer des terrains propices aux parachutages d’armes et de matériel pour la Résistance. Le 23 août 1943, il est arrêté par la Gestapo avec deux de ses fils. Après une détention à la prison de la Butte à Besançon, il est transféré au camp de Compiègne, puis déporté au camp de Neuengamme en juillet 1944. Refusant tout traitement de faveur en tant qu’ancien parlementaire, il est affecté au kommando de Farge, où il décède d’épuisement le 8 mars 1945.
Léonel de MOUSTIER a été inhumé à Bournel, dans le département du Doubs, en octobre 1945. À l’occasion de ses obsèques, Guy, un des fils de Léonel de MOUSTIER, déporté avec lui, se vit remettre la Croix de la Libération de son père.
La citation pour la Croix de la Libération 2 octobre 1945 est :
« Ancien combattant de la guerre 1914-1918, engagé volontaire et combattant magnifique de la guerre 1939-1940, n’a jamais désespéré de la victoire. De 1940 à 1942 a apporté une aide efficace à toutes les victimes de l’Allemagne. Commandant militaire d’un secteur du Doubs en 1942, a été arrêté par la police allemande et déporté en Allemagne. A refusé de bénéficier du régime des prisonniers de marque.
Envoyé au camp des travaux forcés de Breimen en mars 1945, est mort courageusement peu de temps avant la libération du camp par les Alliés »
Ce mémoire de proposition pour l’attribution de la Croix de la Libération à titre posthume a été établi à Paris le 20 octobre 1945. Il est signé par Adrien Tixier Ministre de l’Intérieur.
Camarades de combat : Parmi ses compagnons de Résistance figurent des membres de l’ORA et du BOA, ainsi que des résistants locaux du Doubs. Son engagement aux côtés de figures telles que Jean de Vomécourt témoigne de son implication dans les réseaux de résistance structurés.
Décorations :
- Officier de la Légion d’honneur à titre militaire.
- Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 2 octobre 1945.
- Croix de Guerre 1914-1918 avec cinq citations.
- Croix de Guerre 1939-1945.
- Médaille de la Résistance française par décret du 17 décembre 1968.
Rues ou lieux de mémoire à son nom : Une salle de la préfecture du Doubs à Besançon porte le nom de « salle de Moustier » en son honneur.
Références bibliographiques :
- « 1940, l’Armistice-trahison : Le courage politique de Léonel de Moustier » Auteur : Henri de Moustier , Éditeur : Éditions François-Xavier de Guibert, Date de publication : 2002
Références internet :
- Ordre de la Libération – Biographie de Léonel de Moustier : Ce site officiel présente une biographie détaillée de Léonel DE MOUSTIER, mettant en lumière son engagement dans la Résistance, ses actions et ses décorations.
- Assemblée nationale – Notice biographique de Léonel de Moustier : Ce site offre une biographie parlementaire de Léonel DE MOUSTIER, détaillant son parcours politique et son engagement durant la Seconde Guerre mondiale.