Bibliographie

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Là ou coule le GIER


"Là où coule le Gier"

Écrit par FI

René Félix vit aujourd'hui en région parisienne mais garde de la famille dans le Gier où se situe une partie de l'action de son livre. Il relate, sous la forme d'un roman, le parcours de René et Aima, ses grands-parents, résistants pendant l'Occupation, ballottés par le vent de l'histoire entre Loire et Puy-de-Dôme, France et Allemagne. " Ce sont des gens qui, comme beaucoup d'autres, sont oubliés ", nous explique-t-il. J'avais envie de faire quelque chose en leur mémoire." 

Le livre, auto-édité,  n'est pas disponible en librairie. On peut se le procurer sur la toile à cette adresse.

Les repères biographiques qui suivent s'appuient sur des documents d'archives communiqués par l'auteur. Nous complétons notre article publié le 5 février.

René Fernand Félix, natif de La Grand-Croix (1916), occupait avant guerre des responsabilités dans la cellule communiste de Lorette. Membre de la CGT clandestine, repéré par la Sûreté, il est l'objet de notes de police qui seront archivées et utilisées dans différents rapports établis par les forces de l'ordre du Gouvernement de Vichy. 

Il est arrêté par la police en octobre 1940 et transféré au château de Mons à Arlanc (Puy de Dôme) puis au centre de séjour surveillé de Nexon (Haute Vienne) à compter du 31 décembre. 

Libéré en avril 1942, il reprend "de plus belle son activité anti-nationale", pour citer une note de police en date du 26 mai 1944, qui indique par ailleurs qu'il exerçait la profession de mineur de fond à L'Horme.

Il intègre quelques mois plus tard un groupe des FTP (Francs Tireurs et Partisans). Il quitte le domicile familial en octobre 1943 pour combattre dans l’Allier puis dans le Puy-de-Dôme.

Le Service Départemental des Renseignements Généraux du Puy-de-Dôme édicte : "...M. Félix Fernand René était chef régional FTPF. Sont rôle consistait à diriger les détachements FTPF, préparer les coups de mains et recruter les éléments désireux d'entrer dans la Résistance."

Son départ de la Loire coïncide avec la mort d'un inspecteur de police, abattu à Rive-de-Gier par la Résistance le 2 octobre. René Félix est soupçonné d'avoir participé à cette opération, sinon d'en être l'exécutant. Toujours d'après la note de police mentionnée plus haut, il aurait aussi participé à une tentative de meurtre visant des gendarmes (Rive-de-Gier, juillet 43) et à l'assassinat d'un cultivateur de St-Romain-en-Jarez, ce même mois. Qualifié d'"individu extrêmement dangereux", il aurait participé à de nombreux attentats par explosifs contre les voies ferrées de la région.

Lettres du juge d'instruction de Clermont et du chef du service régional de police concernant l'éventuelle audition de Félix (fin juin 44).

Arrêté par la police allemande en mars 1944 dans la banlieue de Clermont, il est emprisonné a la caserne du 92e Régiment d'Infanterie jusqu’en juin 1944, date à laquelle on perd sa trace.  " Félix dit Duroc a quitté la caserne du 92e R.I. en camion dans la nuit du 16 Juin 1944. Disparu depuis cette date, aucun témoignage de son passage à quelque endroit que ce soit."

Son corps fut retrouvé dans un charnier d'Aulnat. René Félix fut identifié par sa famille en octobre 1947 et ramené dans la Loire où il est enterré, à La Grand-Croix. Il a été décoré à titre posthume.

Toujours d'après leur petit-fils, son épouse, "Mireille" dans la clandestinité, sera mise à l'honneur  dans une exposition sur le thème des femmes dans la Résistance. Elle est programmée à la médiathèque de Rive-de-Gier du 1er au 15 mars.

Agent de liaison FTPF-FFI dans la Loire et en 1944 dans l' Allier et le Puy-de-Dôme, elle est arrêtée le 29 mars 1944, le même jour que son mari.  Emprisonnée elle aussi à la caserne du 92e R.I., elle est déportée au Fort de Romainville puis avec 54 autres femmes vers Sarrebrück Neue Bremm, au camp de Ravensbrück et enfin au Kommando de travail de Belzig. Affectée à divers emplois dans une usine d'aviation, elle fabrique, entre autres, des obus pour la DCA .

Elle est rapatriée en mai 1945 pour être hospitalisée à Bellevue (Saint-Etienne) où un gendarme vient prendre sa déposition dans laquelle elle précise les conditions de son arrestation et son internement:

" Nous étions en conversation (je ne me souviens plus sur quel sujet), lorsqu’une jeune femme inconnue de nous est entrée dans le restaurant et est venue s'asseoir à une table voisine de la notre. Nous n'avions pas prêté attention à sa présence, et cette femme au bout de quelques minutes ressortait de l'établissement. De suite après son départ, trois hommes, en civil sont entrés à leur tour dans le restaurant, deux d'entre eux se sont placés devant les portes pendant que le troisième demandait aux personnes présentes dans l'établissement de lui présenter leurs cartes d'identité. 

A ce moment là, l'homme qui était avec moi, et qui ne possédait pas de papiers a réussi à s'échapper par une porte non gardée, et s'est enfui. 

J'ai été aussitôt appréhendée et dû exhiber mes pièces d'identité. J’étais en possession d'une fausse carte, et aprés examen de cette pièce, ils s’en sont aperçus. J'ai été arrêtée sur la champ et conduite à la caserne du 92eme R.I., ou j'ai été interné avec d'autres détenus politiques, gardés par les soldats allemands. 

Je précise qu'après mon arrestation, a la sortie du restaurant, j'ai revu la femme qui était entrée auparavant dans l'établissement. C'était une jeune femme d'environ 28 ans, brune, de taille moyenne, élégamment vêtue. Elle devait également faire partie de la gestapo, avec les trois hommes qui m'ont arrêtée. Ceux-ci m'étaient aussi totalement inconnus, toutefois ils parlaient très bien le français..."

Comme son mari, Aima Félix a été décorée dans les années 50. Elle est décédée en 1991.



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