Actualité concernant l'association

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Cérémonie à BAYONS le 29 juillet 2012.
29-07-2012

Cérémonie à BAYONS le 29 juillet 2012.

 La commune a abrité un maquis durant la Seconde Guerre mondiale, maquis installé dans le quartier de Tramalou, et constitué de Francs-tireurs partisans (FTP). Le 21 juillet 1944, profitant d’un déplacement de la garnison allemande de Sisteron, les FTP de Bayons ont effectué un raid sur la citadelle de Sisteron pour délivrer une cinquantaine de résistants détenus. Mais le 26 juillet 1944, les mêmes FTP sont surpris par la réaction allemande, qui utilise des mortiers, et leur fait 21 morts. Trois adolescents d’une ferme sont également tués. Un monument érigé en souvenir, situé sur un délaissé de la route de Turriers, rappelle cet épisode.

Comme chaque année a eu lieu devant le mémorial érigé à la mémoire  des Résistants morts le 26 juillet 1944 ainsi que des trois frères PUSTEL une cérémonie présidée par Marcel PUT ancien du maquis et de cette épopée.

Ce fut un moment très émouvant lorsque Marcel PUT a énuméré les noms des maquisards décédés, le public reprenant « mort pour la France ». 

Après les discours des nombreux politiques présentes et le dépôt de gerbes eurent lieu les discours.

Nous retiendrons ceux de Marcel PUT et du jeune  Thibault Lambert dont nous reproduisons ci dessous intégralement les textes.

Discours de Marcel PUT.

«  Nous sommes réunis pour commémorer les évènements tragiques qui se sont déroulés les 26 et 27 juillet 1944 et rappeler le martyre de ces résistants que nous ne pourrons jamais oublier.68 ans déjà, se sont écoulés, ici en ce haut lieu de la résistance à Bayons, ou ces soldats à peine sortis de l’adolescence, spontanément et sans uniforme n’avaient pas hésité au péril de leurs vie, à participer aux combats pout la libération de la patrie.

Nos chefs étaient des hommes courageux  et déterminés, mais sans formation militaire rigoureuse et tactique, non préparés pour le combat frontal. Les seuls véritables atouts des maquis étaient de créer  l’insécurité des déplacements allemands par l’attaque surprise, avec le choix du terrain et la mobilité.

A la suite de l’attaque de la citadelle de Sisteron le 21 juillet 1944, nos chefs savaient pertinemment que nous étions en danger de représailles allemandes, pour récupérer les onze prisonniers que nous détenions.

Le repli du maquis vers la commune de la Seyne les alpes était mis en œuvre et un premier départ avait lieu le 25 juillet avec des camarades, les plus vulnérables, libérés de la citadelle. Par manque de véhicules, le gros de l’effectif du maquis était toujours sur place.

Pendant ce temps avec l’intermédiaire de personnalités civiles de Sisteron, des négociations pour l’échange  des otages pris dans la population Sisteronaise, étaient en cours. Le maquis profitait de ces pourparlers, et cherchait à déménager.

Mais hélas les troupes allemandes, malgré les pourparlers, dans la nuit du 25, faisaient mouvement pour passer à l’offensive, attaquait le maquis par surprise, lui éliminant toute possibilité de déménagement.

C’est donc au lever du jour le 26 juillet que les premières rafales réveillèrent le camp. Seuls quelques camarades, en instance de départ, qui avaient passé la nuit au pied de la montagne, subirent l’assaut et résistèrent héroïquement.

Face à un ennemi cruel, mieux organisé, bien équipé et entrainé, nous n’étions que des novices, sur des positions non fortifiées, avec des armes légères, diverses et disparates, pas préparés à ce genre de confrontation.

Malgré notre jeunesse, notre enthousiasme et notre volonté d’en découdre, nous ne pouvions lutter à armes égales, contenir l’assaut et éviter un massacre , l’ordre de repli général était rapidement donné.

C’est par groupes de deux ou trois que les maquisards de Tramallo ont pu rejoindre la Seyne les Alpes, ceux de Tavanon repliés vers la foret de la Grande-Gaudière et Roche-Cline, à la ferme de Clafourant.

Le 27 juillet après midi, lorsque les troupes Allemandes eurent évacués le site la population du village put découvrir et dresser un tragique bilan : 21 Résistants massacrés ainsi que les trois frères Pustel de la ferme voisine.

Il a suffi de constater dans quel état ils ont laissé sur place nos malheureux camarades pour mesurer leur cruauté et leur acharnement sur les corps.

Tous les ans, lors de cette cérémonie de mémoire à nos camarades, Nous devons y associer Robert SALOM fusillé à Signes, René PELLEGRIN mort dans l’Hubaye, ainsi que  toutes les victimes que nous avons eu à déplorer sur tous les conflits de : 39/45, Indochine, Algérie, territoires Extérieurs, et Afghanistan.

Le mois dernier encore, avec les quatre militaires victimes d’un attentat à Kaboul. La nation leur a rendu un hommage national avec l’attribution de la plus haute décoration: la Légion d’Honneur et c’est le moins qui  pouvait leur être rendu.

Cependant, comment ne pas être troublé par l’amalgame fait par nos Elites, entre cette  Légion d’Honneur attribuée  au péril de leur vie  à nos valeureux militaires et celle honorant des artistes, des sportifs, vedettes de la télé ou autres personnalités qui non seulement s’enrichissent  sur le territoire, vont profiter de ces revenus à l’étranger.

Où sont, le mérite, le patriotisme, la solidarité, la morale et l’honneur chez ces « bons français » ?

Mesdames, Messieurs, merci de m’avoir écouté, merci d’être toujours aussi nombreux, c’est le plus grand et plus bel hommage que nous pouvons rendre à tous nos Héros, à toutes les victimes de ces conflits et attentats.

Marcel PUT

 

Discours de Bayons de Thibault Lambert

" Il fait beau. Nous sommes Dimanche vingt-neuf Juillet Deux-mil-douze et aujourd'hui, c'est la seconde fois que l'on me fait l'immense honneur de pouvoir m'exprimer face à cette stèle qui n'a de cesse de me rappeler, à chaque fois que je passe dans cette belle vallée, qui je suis et d'où je viens. Ce blanc monument nous rappelle que durant cette période de guerre qui fut très certainement l'une des plus sombres de notre histoire, durant cette période où la machine huilée d'Hitler noyait l'Europe sous la nuit éternelle, durant cette période a priori dénuée de toute humanité, des hommes, des héros, retranchés derrière le seul courage – et quel courage – entretenait ce feu qui n'a pas de prix, le feu d'une éminente croyance en l'avenir de la France, le feu de l'Espoir. Toutes ces âmes de tout âge, de tout horizon, unis seulement derrière les valeurs qui font que nous sommes des hommes, me font avancer, poussé par le vent de leur héroïsme, moi et tous les jeunes qui ont la chance de connaître leur mérite, ils me font avancer le regard droit, fier et scintillant d'espoir. Grâce à vos actions, vous, les grands hommes qui avez su sortir de l'ombre pour Nous tous, grâce à vos actions nous nous devons d'assimiler votre sublime leçon et, donc, de croire en l'avancée irrésistible de l'Histoire, nous nous devons de connaître toute la dimension de l'héritage que vous nous avez confié et que nous confiera encore la facétieuse Légende des Siècles.

Je pense à vous, Général de Gaulle, je pense à vous, Jean Moulin, dont les murs du Fort Montluc tremblent encore de votre éternel silence, je pense à vous, figures de la Résistance et bien-sûr à vous, maquisards de Tramalou, vous qui, animés par cette volonté de faire un présent à nous, futures générations avez été massacrés. Je ne l'oublie pas, nous ne l'oublions pas et nous ne l'oublierons jamais, « le tombeau des héros est le cœur des vivants ». Et je pense aussi aux frères Pustel qui, comme toutes les victimes illégitimes de l'Allemagne nazie, doivent rester gravés dans nos jeunes mémoires.

Vous tous, héros de l'ombre, vous permettez aux nouveaux venus de comprendre que la vie a un prix et qu'elle mérite que l'on se batte même quand l'heure semble définitivement noire.

André Malraux, qui chanta mieux que moi vos mérites, a écrit cette phrase dans son ouvrage intitulé L'Espoir, est-ce un hasard ? « L'humanisme, ce n'est pas dire : « ce que j'ai fait, aucun animal ne l'aurait fait », c'est dire : « Nous avons refusé ce que voulait en nous la bête ». »

Vos exploits me rappelleront, tout au long de mon Existence, que l'Humanisme triomphe sur tout le reste, il suffit de croire en lui. Alors, loin de pouvoir m'imaginer pleinement toutes les souffrances que vous avez éprouvées, loin d'avoir votre courage, mais pourtant étant si proche et si conscient de votre histoire, je voulais vous dire haut et fort, au nom de toute la belle jeunesse de France, loin de toute littérature, le dire assez fort pour que toutes les minutes qui suivront cette intervention l'entendent, je voulais vous dire du haut de mes dix-neuf printemps :

Merci Messieurs."

Thibault Lambert

Inutile de dire que ce discours fut applaudi , chose rare dans ce type de cérémonies de  Mémoire. 

Voir un jeune homme exprimer de la sorte les valeurs de la Résistance ayant été très émouvant.



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