Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

MAQUIS du MORVAN : La Compagnie André du 5 juillet 1944 au 28 septembre 1944 - par Hubert CLOIX - Partie III " Le Lieutenant André"
05-11-2011

Le lieutenant André

Le lieutenant André

Le lieutenant André songe à ce long parcours depuis le 8 septembre 1920, le jour de sa naissance dans le 8°arrondissement de Paris, jusqu'à ce jour de juillet 1944, au milieu des bois du Morvan.

Écoutons son histoire :

« Je suis né rue Treillard, dans le 8° arrondissement de Paris, et j'ai été baptisé à Saint Augustin. Ma mère était aussi parisienne, avec un père d'origine normande et une mère venue de la Sarre, aux confins de la Sarre et de la Lorraine, après 1870. Elle a été aussi baptisée à Saint Augustin et s'y est mariée. (Nom de famille de ma mère: Foucault)

Mon père est d'origine bourguignonne, né à Carisey dans l'Yonne. La moitié du village nous est apparenté car nous retrouvons des Guyot à partir de 1716. Mon grand-père Foucault tenait une grande boucherie et mon père, après son service militaire à Auxerre au 4° régiment d'infanterie, est venu travailler chez lui en 1912 et 1913. C'est là qu'il a rencontré ma mère et qu’ils se sont mariés. Ils ont eu un premier fils, mon frère Jean, né en 1914.

Je rappelle que je suis né en 1920, le 8 septembre, après le retour de la guerre de mon père qui, après trois ans de service militaire, a fait cinq ans dans l'armée, de 1914 à 1919.

Lors de la déclaration de ma naissance à la mairie, mon père, aux dires de ma mère, s'est trompé en mettant comme premier prénom Georges alors que dans la famille, on m'a toujours appelé André. Je me suis aperçu de cette erreur en 1936 lors de ma première partie du bac. Le surveillant a appelé Georges GUYOT, je n'ai pas répondu, mais après vérification de la convocation, il s'agissait bien de moi. Ma mère m'a dit le soir qu'elle n'aimait pas tellement mon parrain !... et qu'elle préférait le nom d'André, mais pour l'état civil j'ai toujours été Georges Guyot : bac, concours de Saint Cyr, y compris ma promotion au grade de Commandeur de la légion d'honneur.

C'est quand j'étais attaché militaire au Pakistan, qu'à l'image des Américains (Georges W. Bush), j'ai choisi de m'appeler Georges André.

Je ne me souviens pas de ma petite enfance et de mes grands-parents. Mon grand-père paternel était déjà mort. Ma grand-mère maternelle vivait à Carisey dans l'Yonne, nous y passions une partie des vacances. Mon grand-père maternel est mort en 1925, j'avais cinq ans, ma grand-mère est Sarroise. Je me souviens plus d’elle parce qu’elle vivait avec nous. Elle était très discrète. Elle avait conservé son accent germanique, et quand j'ai commencé l'allemand elle m'a aidé à écrire en caractères gothiques. Aucune relation avec ses frères et sœurs restés en Sarre, mais en 1940 nous avons appris que ma mère avait des cousins germains dans l'armée allemande. Ils ont essayé de prendre contact mais mon père s'y est opposé.

En 1925, mes parents sont venus s'établir à Boulogne-sur-Seine, rue de Longchamp, tout près de l'église et du collège Notre-Dame-de-Boulogne. J'y ai fait toutes mes études de la 10° (en 1925, j'avais 5 ans) à la première partie de mon bac « Latin grec », bac A que j'ai passé en 1937. J'ai un très bon souvenir de ce collège. Parmi les élèves, il y avait Jean-Marie Prémonville que j'ai retrouvé à VENGEANCE en 1943. Il dirigeait le groupe Franc, a été arrêté et déporté (NN). Revenu de déportation, il est rentré dans une agence de presse comme reporter et a été tué en Corée.

Pour la deuxième partie du bac (math-élem) je suis allé au lycée Claude Bernard, Porte d'Auteuil. En 1938 j'ai été reçu en philo mais recalé en maths !

Je suis alors allé au lycée Carnot, boulevard Péreire, dans une corniche qui venait de s'ouvrir, bien que recalé en maths, on m'y a accepté. Pour la forme, j'ai passé en 1939 le concours de Saint-Cyr, sans espoir.

En novembre 1939, j'ai été admis au lycée Saint-Louis, corniche Mangin, mais comme toutes les autres préparations aux Grandes Écoles de Paris nous avons été évacués sur la province, pour Saint-Louis ce fut le lycée Pothier à Orléans.

J'aurais voulu m'engager mais mon père s'y est refusé. Nous avons passé les épreuves du concours à Orléans, sous les bombardements. A vrai dire je n'avais pas la tête à m'engager.

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Les épreuves à peine terminées, le 10 ou 12 juin 1940 je crois, je suis parti à bicyclette avec deux camarades pour gagner l'Afrique du Nord ou l'Angleterre afin de nous engager (il était question d'évacuer la classe 40 en Afrique).

La première nuit, nous avons essayé de nous engager dans un régiment de la coloniale mais le capitaine nous a dit que cela n'était pas possible et nous a conseillé de gagner le sud de la France. Nous avons ainsi été jusqu'à Bordeaux mais nous y sommes arrivés après les Allemands qui cernaient la ville, lui laissant une apparente autonomie pour la constitution du gouvernement Pétain. Nous avons essayé de gagner Biarritz. On nous avait appris que des bateaux polonais en partance pour l'Angleterre auraient pu nous acceptés. Mais nous avons été refoulés à la sortie de Bordeaux par les Allemands.

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J'ai assisté à l'entrée des Allemands à Bordeaux, arrivée impressionnante : blindés, chenillettes, canons tractés, etc...

N'ayant plus d'argent, j'ai décidé de rejoindre Boulogne pour retrouver mes parents.

Deux souvenir marquants, ou plutôt trois:

-         l'affiche allemande du soldat allemand tenant un enfant dans ses bras avec le slogan « populations faites confiance à l'armée allemande » !

-         le fait que, derrière les éléments de pointe motorisés, on trouvait des unités à pieds, à cheval, et des charrettes hippomobiles : quatre roues... L'écran motorisé nous a abusés.

-         Le passage d'un pont de bateaux allemands : Tours sur la Loire. Dans l'encombrement des réfugiés, des paysans avec leurs chariots et des colonnes allemandes, un officier allemand furieux d'être arrêté s'est saisi d'un fouet et, en tapant de tous les côtés, il s'est frayé un chemin, précipitant dans l'eau des charrettes. J'ai pensé : Ils n'ont pas changé.

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Arrivé à Boulogne je ne savais pas si mes parents étaient revenus. Je me suis arrêté dans un café près de la station du tramway que je prenais pour me rendre au lycée Saint-Louis (le 25). Et là, je m'en souviendrai toujours, j'ai trouvé des Allemands qui trinquaient avec des Français - que j'ai reconnus pour leur appartenance au parti communiste - à la santé d'Hitler et Staline.

Souvenirs inoubliables.

Je n'avais pas encore entendu parler du Général de Gaulle.

Le 11 novembre 1940, j'ai participé à la manifestation de l'Etoile. J'ai été arrêté...  par la police française ! Et gardé toute la nuit au commissariat situé au Grand Palais, en bas des champs Elysée. Vérification d'identité, contact avec mes parents et relâche au matin.

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L'hiver 40-41 a été très pénible: mon frère était prisonnier, mon père a été très malade et j'ai dû le remplacer en partie, tout au moins pour les responsabilités administratives et cela tout en retournant à Saint-Louis en Corniche. Je n'étais pas un élève très régulier, mais j'ai été reçu au Concours que d'une façon paradoxale, nous avons passé presque clandestinement. J'étais hésitant, car déjà attiré par la France Libre, mais mes parents m'ont conseillé de rejoindre Aix où était replié Saint-Cyr et qu'ensuite je verrai bien.

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À Aix nous sommes arrivés avec au cœur un esprit de revanche. Nous pensions à la Prusse qui après la défaite que lui avait infligée Napoléon, s'était relevée. Nous songions à reprendre la lutte.

Nous avons trouvé des officiers instructeurs animés du même esprit. Le lieutenant Morel, tué par la milice du plateau des Glières, mon lieutenant qui participa à la résistance dans les Alpes, et surtout notre capitaine, le capitaine Crarelet. Je l’ai rencontré en 1970, alors que j'étais commandant en second du 3° RIMA et qu'il est venu m'inspecter comme Inspecteur de l'Infanterie. Il nous a accueilli en nous disant : « je ne connais qu'un ennemi, celui qui occupe notre sol » (à l'époque il y avait une forte campagne contre les Anglais : Mers-el-Kébir, Syrie) et il a ajouté « avec les faibles moyens que nous avons et que vous aurez, je vais vous préparer à vous battre contre cet ennemi ». Et de fait, il nous a appris le combat de guérilla (il est entré lui-même dans le massif Central à la tête de deux formations de l'O.R.A.).

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Je n'insiste pas sur le souvenir pénible de l'arrivée des Allemands en zone libre, notre mise en congé pour cause d'armistice, heureusement car les Allemands voulaient nous retenir dans une sorte d'OFLAG. Une tentative de rejoindre l'A.F.N. avec deux camarades, nous avons été arrêtés par la Police Française, ce qui nous a évité de tomber dans les griffes de la Gestapo. Ce qui fut le cas d'autres camarades de ma promo.

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Après c'est Paris, et les premiers contacts avec Vic Dupont (novembre 1942). Fiévet, un de mes camarades de Saint-Cyr, de ma promotion Charles Foucauld à Aix-en-Provence, m'a introduit dans le réseau VENGEANCE.

La première rencontre avec un représentant de ce réseau eut lieu rue Favart, derrière l'Opéra-comique de Paris, dans un appartement vide de meubles mais où se trouvait rassemblée toute une panoplie d'armes anglaises provenant d'un parachutage récent. Mon interlocuteur, grand, blond, un peu plus âgé que moi, me fit une bonne impression, malgré une méfiance bien compréhensible. Je crus avoir affaire à un Anglais, en fait il s'agissait du chef du réseau, un jeune médecin interne des hôpitaux de Paris du nom de Vic-Dupont, devenu célèbre après la guerre comme Professeur spécialiste des poumons et fondateur de la chair d'anesthésie.

Dès ce premier contact, je ne lui cachais pas que ma préférence était pour un départ vers l'Afrique du Nord ou l'Angleterre afin d'être incorporé dans une unité combattante. Il me rétorqua bien évidemment que je serai plus utile dans la « Résistance » et m'assura que mon engagement dans la France Combattante serait reconnu et homologué. Jusqu'à la fin de la guerre, je restais sceptique sur la valeur de cet engagement, ce en quoi j'ai eu tort, car cet engagement fut bel et bien reconnu ainsi que ma qualité d'agent P2 des Forces Françaises Combattantes certifié.

Il faut dire que le réseau dans lequel je rentrais était l'un des premiers à être rattaché au B.C.R.A. Et ceci m'amène à donner très rapidement quelques détails sur ce réseau.

À l’origine trois jeunes internes des hôpitaux de Paris : Vic-Dupont, François Wetterwald, et Raymond Chanel avaient été mobilisés, puis démobilisés, après la malheureuse campagne de France, en mai et juin 1940. Vic-Dupont est entré dans un camp de prisonniers Français dans le sud de Paris pour soigner les Français malades ou blessés. Les Allemands voulaient le garder comme prisonnier. Bien sûr Vic-Dupont a refusé cette situation et a pu quitter le camp librement.

Leur première activité consista à fournir des faux papiers aux prisonniers évadés et à leur offrir une filière pour passer en zone libre, grâce en particulier à Chanel, originaire de Nevers et à l'équipe de passeurs de l'équipe de la comtesse de Terline, de Pougues-les-Eaux, dans la Nièvre. Mais c'est Vic-Dupont qui eut l'idée et la possibilité de reprendre contact avec des officiers du deuxième bureau de l'Armée de l'Air sous les ordres desquels il avait servi et qui étaient regroupés à Vichy. Ces officiers, dont le colonel Ronin, étaient eux-mêmes en liaison avec Londres où ils transmettaient les renseignements recueillis par le réseau parisien de Vic-Dupont. Très vite cependant, le relais vichyssois fût abandonné et le réseau rattaché directement au B.C.R.A., sous le nom de réseau de renseignement TURMA. Pourquoi TURMA ? Sans doute par référence à la formation de cavalerie romaine ! La « Tourme » constituait un escadron et ceux-ci, au nombre de dix, formaient avec dix cohortes une légion.

Très vite, il apparut nécessaire de développer un réseau « Actions » pour entreprendre et préparer des opérations de sabotage, de contre ingérence, de protection, etc...

C'est François Wetterwald qui en prit la direction et l'organisa en s'inspirant des Corps-Francs allemands qui, en 1918, avaient poursuivi dans l'Est la lutte armée. Pourquoi le nom de « VENGEANCE » ? Sans doute par référence à notre souci de relever notre honneur. En tout cas Wetterwald révéla bien plus tard que cette appellation avait suscité la colère des membres de la Gestapo qui l'interrogèrent. Du fait de cette double activité, on retrouve dans les homologations de la France Libre au titre des Forces Françaises Combattantes, d'une part le « Réseau de Renseignement TURMA » et le « Réseau Actions VENGEANCE »

Bien entendu, et tout au moins au départ, un cloisonnement sévère était prévu, mais il ne fut pas possible de vraiment le respecter, les deux actions étant souvent liées ou connexes. De ce fait, on associe les survivants dans le même groupement : « TURMA VENGEANCE ».

Sans doute pour me conforter sur la certitude de rejoindre un réseau sérieux, en relation avec Londres, et aussi peut-être pour m'éprouver, la première mission qui me fut confiée consista à aller chercher à Nogent-sur-Marne une valise remplie d'armes et d'explosifs parachutés les nuits précédentes. Le retour par le train se fit sans incident mais j'appréhendais l'arrivée à la gare de l'Est. Je fus accueilli sur le quai par un cheminot qui me conduisit directement à un vélo-taxi afin de m'éviter les risques de contrôle à la sortie ainsi que dans le métro. À ma grande surprise, le vélo-taxi m'amena aux Invalides et me déposa aux portes de la maison du garde qui se trouvait à l'entrée de la grille (cette maison a aujourd'hui disparu). J'y fus accueilli par le gardien, un grand invalide de 14-18, qui logeait là avec son épouse. Comme il était tard, on me retint pour le diner et le coucher et le gardien me montra le dépôt où étaient entreposées les armes, dans une cave située en dessous d'un bâtiment occupé par les Allemands.

Cette toute première action ne pouvait que me donner confiance sur le sérieux des gens avec lesquels je m'engageais, bien que ne connaissant pas leur identité. J'avais surtout été frappé par l'existence d'une organisation apparemment bien rodée et par la qualité des personnes auxquelles j'avais eu à faire, tant à Nogent qu'à Paris.

Par la suite, je fus amené par le jeu de mes responsabilités à constater que notre Réseau avait su se ménager l'appui de l'Association des Grands Invalides de Guerre et que de ce fait, il disposait de complicités très importantes dans l'Administration grâce aux nombreux invalides qui y tenaient des postes de confiance.

Après ce transport d'armes, on me confia une mission d'instruction sur l'utilisation des armes et des explosifs que nous recevions. Cette instruction, par mesure de précaution, ne se faisait que par groupe de quatre ou cinq personnes au maximum. À Paris, je m'adressais en particulier à des gardes républicains qui, plus tard, devaient constituer, lors de la Libération de Paris, des chefs de groupes qui devaient prendre une part importante aux combats de la Libération. Je fus envoyé aussi en Province, particulièrement au dépôt de cheminots de Nevers auxquels je fournissais du plastic et que j'initiais aux méthodes de sabotage. J'appris ainsi que VENGEANCE jouait un rôle important dans l'organisation de Résistance de la S.N.C.F..

De fait, « Mahot », qui devait par la suite diriger « Résistance Fer », avait débuté à VENGEANCE où il figurait sous le pseudonyme de « Kermogan » dans les équipes de Nevers.

En septembre 1943, je fus chargé de prendre les fonctions d'adjoint de Claude Lerude pour la région p4 qui regroupait les départements du Loiret, Loir-et-Cher et Cher. Claude Lerude, un peu plus âgé que moi, était un garçon extraordinaire, possédant un pouvoir d'attraction indéniable sur tous ceux qui l'approchaient. Il était très connu à Orléans où il avait exercé d'importantes fonctions dans le scoutisme et possédait de ce fait un vivier de recrutement auprès des jeunes garçons, très dévoués. Mais, de par ses relations familiales, et aussi en raison de sa valeur personnelle et de sa force de persuasion, nous sommes arrivés à obtenir l'adhésion d'importantes personnalités, comme le Directeur des Impôts, le Commissaire de Police, le Directeur de l'Equipement, etc... C'est dire combien VENGEANCE était fortement structuré dans le département et même dans la région.

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Nos missions étaient triples:

1) Recueillir et transmettre à Paris tous les renseignements que nous pouvions obtenir sur l'Armée allemande et les organisations de collaborateurs. Nous avions dans nos attributions, en particulier, le très important aérodrome de Bricy, situé tout près d'Orléans et il m'est arrivé de faire le voyage exprès sur Paris pour y apporter des informations urgentes et particulièrement exploitables sur les activités de la Luftwaffe.

2) Préparer les opérations de guérilla par la constitution de formations paramilitaires. Notre effort de recrutement s'adressait en particulier aux anciens militaires de carrière auprès desquels nous avons trouvé un accueil assez réservé au départ, mais beaucoup plus attentif lorsqu'ils se rendaient compte du sérieux de notre organisation. Nous donnions comme consigne aux cadres ainsi recrutés de faire des reconnaissances de terrain (lieux propices aux regroupements, aux embuscades, aux parachutages, aux caches d'armes, etc...). Nous faisions l'instruction sur les armes anglaises qu'ils auraient à employer.
Malgré les arrestations, ce travail ne fut pas inutile. Il servira à ceux qui participeront aux opérations de Libération, en particulier dans la forêt d'Orléans.

3) Assurer les actions immédiates indispensables comme:

- les filières d'évasion pour les prisonniers ou les aviateurs alliés (c'est ainsi qu'il m'est arrivé de convoyer des pilotes de l'U.S. AIR FORCE)

- la distribution de tract ou journaux

- la fabrication de faux papiers, indispensables pour nos agents et les jeunes réfractaires au S.T.O. Nous avions monté un atelier remarquable.

- le recueil et le camouflage des jeunes réfractaires du S.T.O. qui étaient de plus en plus nombreux et que nous nous efforcions de disperser dans des zones propices à l’édification de futurs maquis

- la protection de nos réunions

- la réalisation d'actions de sabotage

On peut dire que fin 1943, nous étions à même de réunir dans les trois départements près de 3000 hommes instruits et encadrés. Cette époque de fin 1943 est celle de l'apogée de VENGEANCE qui, outre notre région, était fortement implanté dans les zones suivantes:

- Paris et la Région parisienne (Seine et Oise, Seine et Marne, Oise)

- Normandie (Orne, Manche)

- Indre, Indre-et-Loire, Vienne

- Bretagne

Tant sur le plan renseignement (TURMA) qu'actions (VENGEANCE).

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Un stage de formation des cadres, organisé en décembre 1943 par Claude Lerude à Cerizy-Belle-Etoile, à proximité d'un poste de guet de la Wehrmacht en Normandie :

Le programme comprenait toutes les consignes appropriées aux fonctions d'agent de liaison (mesures de sécurité) et de futur chef militaire (reconnaissance du terrain, etc...). Nous y avons même effectué des exercices de combat... Outre les éléments de VENGEANCE, les stagiaires comprenaient aussi deux ou trois représentants de l'O.R.A. (Organisation de Résistance de l'Armée) très intéressés par notre initiative et conscients de la valeur de notre formation. J'étais chargé de l'instruction sur le combat élémentaire du fantassin et l'orientation.

Ce devait, hélas, marquer aussi la fin de la période heureuse du Réseau. Les mois de décembre 1943 et janvier 1944 nous furent, en effet, particulièrement néfastes avec des arrestations massives, tant à Paris que dans toutes les régions.

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