Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Portrait de Francis AGOSTINI

avec son aimable autorisation

II fut des premiers à rejoindre la résistance marseillaise, mais hélas il ne devait pas connaître les joies de la libération, puisque son parcours s'arrêtera comme 29 de ses camarades, à Signes le 18 juillet 1944.

Jules MOULET est né le 9 juillet 1899 à Marseille et après des études primaires intègre l'École pratique de Commerce et d'industrie d'où il en sort diplômé ce qui lui permettra plus tard de créer sa propre entreprise de travaux publics.

Mais en 1917 la guerre est encore là, et il s'engage alors qu'il a peine 18 ans le 3 mars 1917 et devient pilote et au cours de ses différentes missions il est cité et décoré de la Croix de guerre.

En 1939 à la déclaration de guerre, il rejoint comme sergent-chef la 10° compagnie de l'Air à la base aérienne de Salon de Provence, toujours comme pilote ; il est démobilisé le 1er juillet 1940.

Mais il est de ceux qui ne veulent pas céder devant les nazis et n'acceptent pas de voir le gouvernement de Vichy collaborer avec l'occupant.

En janvier 1941, il rejoint le mouvement de résistance du MLN- (Mouvement de Libération Nationale), mouvement qui deviendra « Combat », mis sur pied par le capitaine Henri FRENAY et le lieutenant CHEVANCE, où il s'occupe du ROP- (Recrutement - Organisation - Propagande) : rapidement il en devient un des chefs de secteur puis passe au NAP- (Noyautage des administrations publiques) en tant que responsable départemental et du service social.

Il côtoie les grands chefs de la résistance provençale et échappe à plusieurs arrestations, alors qu'il a de plus en plus de responsabilités au sein du mouvement « Combat ». Pourchassé d'abord par la police de Vichy et ses sbires, puis à partir de novembre 1942 par les services de sécurité allemands, renforcés d'indicateurs français…

Il participe malgré la répression croissante à plusieurs missions de sabotage, au dépistage des agents ennemis et des collaborateurs, son épouse qui a également rejoint « Combat » s'occupant de la distribution de la presse clandestine et de l'hébergement des clandestins.

Mais si l'héroïsme est de mise, la trahison y est aussi et en juin 1944 grâce à celle de MULTON une grande partie de la résistance marseillaise est décapitée, et a même des répercussions graves à l'échelon national puisque les services de sécurité allemands peuvent remonter jusqu'à Jean MOULIN et arrêter les principaux leaders nationaux à la fois à Paris puis à Caluire.

C'est ensuite la trahison de l'agent français « Erick » parachuté en provenance d'Alger en avril 1944, qui ayant rencontré et pris contact avec les derniers responsables de la résistance provençale, va les vendre aux nazis pour 2 millions de francs de l'époque et ainsi les Allemands vont remonter toute la filière de la résistance

Le 13 juillet 1944, Jules MOULET sachant qu'un de ses amis venait d'être arrête avec des documents particulièrement importants, n'hésite pas à se rendre à un rendez-vous alors que c'est un piège pour prévenir Francis Leenhart, dit LIONEL du danger qu'il court et est lui-même arrêté.

Transféré au 425 rue Paradis au siège de la Gestapo il est d'abord interrogé par les agents français travaillant pour les nazis, puis par DUNKER-DELAGE, affreusement torturé, il ne parle pas ne livrant aucun nom de ses amis, malgré les menaces à rencontre de son épouse et de sa fille.

Le 18 juillet 1944, il est emmené avec 29 de ses camarades de détention à bord de cars en direction de Toulon et après un simulacre de jugement, ils sont littéralement massacrés dans un vallon près de SIGNES, dans le Var, et l'on s'apercevra, lorsque les corps seront retrouvés que certains des fusillés vivaient encore lorsqu'ils avaient été enterrés.

Chaque année une cérémonie se déroule dans le vallon devenu nécropole nationale, sous l'égide de la municipalité de Signes. Une rue porte son nom à Marseille, pour rappeler aux passants que Marseille a fourni quelques grands noms de la résistance, puisque cette dernière y a vu naître et prospérer de nombreux mouvements comme « Combat. Alliance et l'ORA » et que Jean MOULIN lui-même est venu rencontrer les principaux responsables de l'époque avant qu'il ne devienne lui-même le délégué national, de la résistance nommé par le général de GAULLE.

Par Francis AGOSTINI

Président départemental de l'Union Fédérale des Bouches-du-Rhône

Président du Comité de Coordination des associations d'Anciens Combattants et Victimes de

Guerre de Marseille et des Bouches-du-Rhône.



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