Actualité générale

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Marseille : 65eme Anniversaire de l'exécution du Groupe MANOUCHIAN
21-02-2009

L'ANACR et l'Amicale des anciens Combattant d'origine Arménienne organisent le samedi 21 Février 2009 à 10h au Square Manouchian boulevard Charles Livon 13007 Marseille un hommage aux fusillés de l'Affiche Rouge morts pour la France le 21 février 1944.

Ce 21 février, s'est déroulée au Square MISSAK MANOUCHIAN une émouvante manifestation à la mémoire du résistant MOI et des 23 membres de son réseau fusillés par les allemands au Mont Valérien. Cette manifestation s'est déroulée en présence des autorités civiles.

Le Président MARCADET, Président de l'ANACR, a prononcé un discours à la mémoire de ces étrangers qui ont donné leur vie pour la France.

Commémorer pour ne pas oublier, tel est le sens de la manifestation patriotique qui nous a réunis pour le soixante cinquième anniversaire de l'exécution par les nazis des Résistants de l'Affiche Rouge.

C'est le 21 Février 1944 que 22 résistants de sept nationalités différentes étaient fusillés au Mont Valérien par un peloton de la Wehrmacht, après un simulacre de procès qui fit la une de la presse collaborationniste.

Ils sont enterrés dans le cimetière d'Ivry-sur-Seine dans le Val de Marne ou une stèle a été érigée en leur mémoire.

La résistante du groupe, Olga BANCIC, sera décapitée à la hache le 10 Mars de la même année à Stuttgart.

Ils étaient le symbole de la fraternité dans la lutte contre l'occupant nazi qui réunissait dans un même combat, 1 Roumain, 1 Espagnol, 2 Arméniens, 3 Français, 3 Hongrois, 5 Italiens, 8 Polonais. Connus sous le nom de Groupe MANOUCHIAN, ils étaient pour la plupart des étrangers juifs et communistes appartenant à l'organisation clandestine des Francs Tireurs et Partisans Français, main do'euvre immigrée (FTP-MOI) dirigée par le poète arménien Missak MANOUCHIAN. Ils étaient en majorité des émigrés ayant dû fuir le fascisme ou les persécutions dans leur pays.

Ils étaient des émigrés qui n'acceptaient pas l'humiliation de l'occupation nazie dans leur pays d'adoption, la France, qui n'acceptaient pas la soumission aux forces nazies, ni leurs complices du Gouvernement de Vichy.

Depuis 1942 jusqu'à leur arrestation, les résistants du Groupe MANOUCHIAN, d'un courage exceptionnel, ont mené de nombreuses actions armées contre les forces de l'occupation, attaqués des casernes de transport de troupes et de matériels de guerre par route ou par chemin de fer, mais aussi des officines de propagande nazie et vichyste, contre des traitres et des dénonciateurs de patriotes.

Le bilan opérationnel du Groupe MANOUCHIAN et ses camarades sont capturés par les brigades spéciales de la police française aux ordres de la gestapo. La propagande nazie fait paraître et diffuser largement l'Affiche Rouge. Elle a pour but de discréditer la résistance et de faire peur à la population française en présentant les résistants du Groupe MANOUCHIAN « noirs de barbe, hirsutes, menaçants ». Le slogan de l'affiche est « Des Libérateurs ? La Libération par le crime ».

Cette affiche eut un effet inverse, l'Affiche Rouge devenant pour les Français le symbole de l'engagement héroïque des étrangers dans la résistance à l'occupant. Mais qui était Missak MANOUCHIAN ? Il est né le 1er septembre 1906, dans une famille de paysans arméniens du petit village d'Adiaman en Turquie. Il a 8 ans lorsque son père trouve la mort au cours d'un massacre par les militaires turcs.

Sa mère meurt de maladie aggravée par la famine qui frappe la population arménienne. Missak MANOUCHIAN arrive en France en 1924. Il apprend la menuiserie et fréquente les universités ouvrières. Il fonde deux revues littéraires et dirige le Comité de Secours à l'Arménie.

En novembre 1942, il s'engage dans les rangs des F.T.P. D'une grande bravoure, il devient rapidement Commandant de tous les Groupes immigrés de la région parisienne. Avant de tomber sous les balles du peloton d'exécution, Missak écrit pour la dernière fois une lettre à son épouse dont voici quelques extraits :

« Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée, dans quelques heures je ne serai plus de ce monde. Je m'étais engagé dans l'armée de libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit.

Chacun aura ce qu'il mérite comme châtiment et comme récompense. » Souvenons-nous de ces héros du Groupe MANOUCHIAN qui ont versé leur sang pour notre liberté et la libération de notre pays. Alors que des négationnistes, des falsificateurs de l'histoire osent se manifester par des propos méprisables ; Alors que sporadiquement ont assisté à des résurgences des idéologies nazies et pétainistes ; Alors que des actes racistes, antisémites, xénophobes se produisent ici ou là ; Il est de notre devoir de mémoire d'informer les jeunes générations de la réalité historique de la résistance, de leur transmettre ses valeurs, l'amour de la liberté, de la justice, de la tolérance, du respect de la personne humaine, de la paix, en se référant notamment aux valeurs du programme du Conseil National de la Résistance adopté le 15 Mars 1944 en pleine lutte du peuple de France contre ses oppresseurs.

Monsieur ALLEGRINI, au nom de Jean-Claude GAUDIN, a évoqué la mémoire de ces résistants.

Enfin, Madame MOULET-CHINY a évoqué le poème d'ARAGON l'Affiche rouge.

Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants

Onze ans déjà que cela passe vite onze ans

Vous vous étiez servis simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang

Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles il cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant

Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments

Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre

Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent

Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan Un grand soleil d'hiver éclaire la colline

Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants

Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant

Le moment le plus émouvant de cette manifestation a été lorsque 23 enfants sont venus évoquer le nom des 23 morts et lorsque le public, à l'appel de chaque nom, a repris en coeur : « Mort pour la France ». La manifestation s'est poursuivie à l'Amicale des Arménien où une gerbe a été déposée sous le buste de MANOUCHIAN. Puis un apéritif convivial a réuni les participants.



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