Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Paul BUFFET-BEAUREGARD

Compagnon de la Libération le 20 novembre 1944

Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.

Paul BUFFET alias Jacques BEAUREGARD est né le 6 avril 1914 à Publy, département du Jura. Il est issu d'une famille d'exploitants forestiers. Il est diplômé de l'Ecole Supérieure d'Electricité. Le 25 octobre 1932, il s'engage pour cinq ans dans la D.C.A. (Défense Contre Avions); il est au centre de renseignements de la l4eme région militaire a Lyon en 1939

Il entend l'appel du 18 juin 1940 alors qu'il est a Port-Vendres (Pyrenees Onentales), de cette ville, il va tenter de rejoindre Londres avec la division polonaise du General Anders a bord de «l'Apapa» Au moment d'embarquer, il est arrêté par les autorités militaires françaises. Ne pouvant s'échapper du territoire national, il entre dans la Résistance métropolitaine, il rejoint le réseau «France d'abord» en janvier 1941.

Le 1er octobre 1942, il s'engage dans les Forces Françaises Libres en qualité de chef national technique des transmissions clandestines en France occupée (il appartient au Bureau Central de Renseignements et d'Action). Avec extrêmement peu de moyens, il réalise du matériel (camouflé bien entendu) nécessaire aux transmissions de l'Armée de l'ombre. Il réalise l'équipement technique du plateau du Vercors. Un émetteur ondes courtes de 2,6 kilowatt pour la radiodiffusion équipe le plateau. De même, il crée un service PTT pour la région lyonnaise (Lyon et départements limitrophes), ce qui permet les écoutes clandestines des organisations allemandes. Paul BUFFET-BEAUREGARD organise également un plan de sabotage des câbles téléphoniques pour les grandes distances; lequel plan fut mis à exécution au central Franklin à Lyon. Cela ayant pour effet immédiat de paralyser les communications entre Paris et Marseille lors du Débarquement de Provence (15 août 1944).

Parallèlement à toutes ces activités, il crée un service édica1 d'urgence pourvu d'une clinique, de médecins, de chirurgiens et d'auxiliaires pour tout le personnel des services généraux. Dans le Vercors, il met en place un autre service de santé militaire avec 40 médecins et chirurgiens. Sans oublier de dire que Paul BUFFET-BEAUREGARD prend une part active aux tentatives faites pour libérer Jean Moulin (Compagnon de la Libération en 1942) et son Etat-Major.

Le 22juillet 1943, traqué par la gestapo (Geheime Staat Polizei, police secrète de l'Etat nazi) et la police de l'Etat Français, il est blessé par balle et est arrêté. Il a quand même pu assurer le repli de ses hommes et du matériel. Torturé et condamné à mort, il est jeté à la prison du Fort de Montiuc à Lyon. Les sévices lui ont abîmé un rein et les coups reçus lui laissent des troubles auditifs irréversibles. Déterminé à se battre jusqu'au bout, il organise à l'intérieur de la prison un service d'information et aide à évader un grand nombre de ses camarades d'infortune. Ce service d'information aura permis aussi aux internés de trouver des alibis pour assurer leur défense. Le 11 septembre 1943, il parvient à s'évader; immédiatement après il remet en route ses six ateliers clandestins d'émetteurs-récepteurs.

Cinq mois plus tard, il décide de rejoindre Londres en passant par l'Espagne. Il est à nouveau arrêté. Paul BUFFET-BEAUREGARD est incarcéré à Miranda. Il découvre l'organigramme de la gestapo du camp, fait parvenir ces informations aux services français à Madrid, dont des adresses appartenant au responsable de la gestapo du camp.

A la libération de Paris, il est chargé de réorganiser les transmissions du gouvernement, il a le grade de Directeur des transmissions du Ministère de l'Intérieur. A la fin de la guerre, il a le grade (d'assimilation) de Lieutenant-Colonel. Il crée avec ses amis de combat une société anonyme, «l'Electronique Appliquée». Il en sera le Président Directeur Général jusqu'en juin 1977. Il est également P.D.G. de l'entreprise Céramique Ferro-Electrique, de la société Electronica Applicada à Buenos-Aires. Il est mandaté administrateur de plusieurs autres firmes.

Il est fait Docteur honoris causa de l'Université de Cordoba, en Argentine, pour ses recherches sur le traitement de la maladie de Chagas. La même année, 1976, il fonde la première société mixte franco-roumaine appelée «Elarom», à Bucarest.

Le 12 août 1990, Paul BUFFET-BEAUREGARD décède. Ses obsèques eurent lieu à Cressia dans le Jura; son inhumation a eu lieu à Soucia, dans le département du Jura.

La citation pour la Croix de la Libération de Paul BUFFET-BEAUREGARD est

«Chef National technique des transmissions d'octobre 1942 à juillet 1943. N'a cessé de donner à maintes reprises la preuve de sa valeur technique et professionnelle, obtenant grâce à son ingéniosité et en dépit de difficultés énormes des réalisations remarquables qui ont rendu à la Résistance des services inappréciables.


Blessé et capturé par l'ennemi, torturé et condamné à mort, a refusé de parler donnant une preuve magnifique de courage et d'abnégation. Evadé dans des circonstances dramatiques, a repris immédiatement son activité. Figure légendaire de la Résistance, il est pour tous un exemple et un modèle.»


Décret portant attribution de la Croix de la Libération fait le 20 novembre 1944 à Paris.


Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.



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