Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Compagnon de la Libération le 2 juin 1943

Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.

Roger GARDET est né le 15 avril 1900 à Epinal, dans le département des Vosges. Son père est Officier, Mort pour la France lors de la guerre 1914-1918. De 1914 à 1919, il est élève à l'école militaire du Prytanée. De 1919 à 1921, il est à Saint-Cyr d'où il en sortira avec le grade de Sous-Lieutenant dans l'Infanterie Coloniale. En 1923, il est promu Lieutenant et en 1931, il est nommé Capitaine. Il prend part à plusieurs missions de prospection en Afrique Equatoriale Française jusqu'en 1937.

A la déclaration de la guerre en septembre 1939, il réintègre l'armée stricto sensu; en avril 1940, conformément à son désir, il est envoyé en renfort en Métropole. Le navire sur lequel il aurait dû embarquer, le «Brazza», est torpillé. De fait, il reste en Afrique.

Le 18 juin 1940, alors que Roger GARDET est à Yaoundé, il entend l'appel du Général de Gaulle. Très rapidement il crée une cellule de résistance au Gouvernement de Vichy. Il sera en contact avec le Colonel Leclerc (futur Maréchal de France, Compagnon de la Libération en 1941) qui se trouve au Nigéria Il participe au ralliement du Cameroun à la France Libre (ce qui sera chose faite en août 1940).

Le Colonel Leclerc ayant créé un Régiment de Tirailleurs Camerounais en remplacement des forces de police, Roger GARDET est nommé Chef de Bataillon de ce Régiment en septembre 1940. Fin de cette même année il propose la création d'un Bataillon de Marche Camerounais (le futur Bataillon de Marche n°5) qu'il formerait et instruirait. Ce projet fut retenu.

Début 1942, le Bataillon de Marche n°5 rejoint la Division de la France Libre; au Levant, il participe à l'exécution de la ceinture défensive de Beyrouth (Liban). On le retrouve en Egypte où il prend une part très active pour l'organisation défensive britannique et dans la bataille d'El Alamein.

Le 11 mai 1943, en Tunisie, dans la région de Takrouna (aux Djebilat), Roger GARDET entraîne son Bataillon à l'assaut des cotes 136 et 150; malgré une riposte sévère des ennemis, lors de cette journée, le Bataillon leur aura infligé de grosses pertes territoriales et humaines. De nombreux prisonniers furent faits. Le 13 mai, le Général italien Orlando et son Corps d'Armée se rendent. Roger GARDET est reconnu Compagnon de la Libération pour cette victoire.

En 1944, Roger GARDET participe à la Campagne d'Italie pendant laquelle il se distingue à plusieurs reprises. Du 18 au 21 mai 1944, il dirige l'attaque des fortifications allemandes de Monte-Calvo à Ponte-Corvo. Il gagne successivement les objectifs qui lui ont été assignés. malgré de violentes résistances ennemies. Les 11 et 12 juin 1944, au Monte-Rado, il brise une farouche réaction ennemie; cet assaut enlève une position stratégique aux allemands. Le résultat final sera les prises de Bagno-Reggio et d'Orvieto. Le 15 août 1944, il est présent au Débarquement de Provence; il participe à la libération de Toulon et aux durs combats de Hyères et de la Garde.

Il est nommé Colonel en septembre 1944, il quitte le commandement du Bataillon de Marche n°5 et prend celui de la 2ème Brigade de la France Libre. Lors de la Campagne de France, il se distingue devant Belfort en libérant deux villages du joug nazi; il progresse de plusieurs kilomètres derrière les lignes allemandes si rapidement que les ennemis sont complètement désorganisés par cette rapidité inattendue.

En octobre 1944 il est désigné malgré lui pour une mission d'instruction et de réorganisation des Forces Françaises de l'Intérieur; il parvient à quitter le Ministère de la Défense Nationale en janvier 1945. Il rejoint aussitôt la 1ère Division de la France Libre en Alsace, il reprend le commandement de la 2ème Brigade.

Lors de l'attaque du 23 janvier 1945, ses hommes franchissent l'Ill sous le plus mauvais angle, ils essuient d'importants et incessants tirs d'artillerie. Ne pouvant compter sur l'appui des chars (aucun pont ne pourrait supporter la charge), il déloge (avec le soutien de la 1ère Brigade de la Légion Etrangère) l'ennemi du bois d'Ohnenheim mais accuse de sévères pertes. Le 31 janvier 1945, la résistance ennemie est enfin réduite au silence. En avril et mai 1945, il participe aux combats pour la libération de la Brigue et de la Tende, dans les Alpes. De 1948 à 1950, alors Général de Brigade, il commande la 2ème Brigade de l'Afrique Occidentale Française. En 1951, il est auditeur à l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale puis est nommé adjoint du Général commandant la région militaire de Toulouse. De 1952 à 1953, il est adjoint au Général commandant les forces terrestres au Sud-Vietnam. En 1953, il commande les forces terrestres du Laos; de 1953 à 1954, il est le chef de celles du Sud-Vietnam.

De 1955 à 1958, il est Commandant Supérieur à Madagascar, promu Général de Division en 1956 puis Général de Corps d'Armée en 1958. De 1958 à 1960, il est Commandant Supérieur en Afrique Occidentale Française. Puis il est admis à la retraite.

En 1962, il est rappelé à l'activité. Il est nommé Président de la Cour Militaire de Justice, plus particulièrement lors du procès des auteurs de l'attentat du Petit-Clamart contre Charles de Gaulle.

Le 27 février 1989, Roger GARDET décède. Il est inhumé à Chevigny, dans le département du Jura.

Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.



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