Actualité générale

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Les Obsèques d'Ivan Beltrami, Oraison funèbre prononcées par Raymond ALEXANDER
30-09-2016

 

Voilà Ivan, c'est ici que s'achève ta route.

Ta famille, tes amis sont là pour t'accompagner et te rendre leur dernier hommage.

C'est un hommage bien mérité lorsque l'on sait ce que tu as vécu et lorsque l'on a connu l'homme que tu étais.

Fils de Professeur de Médecine et frère de médecin, c’est naturellement que tu t’orientes vers la médecine.

Mais le 14 juin 1940, jour de tes vingt ans, les Allemands entrent dans Paris ; tes études ne pourrons donc se dérouler simplement d’autant que tu les doubles d‘un professorat d’éducation physique.

Voulant à tout prix servir ton pays et n’acceptant pas la voie de la collaboration, ni les lois raciales du régime de Vichy, tu cherches alors en vain à rejoindre De Gaulle en Angleterre.

Mais malgré tous tes efforts et des tonnes de pommes de terre épluchées sur le DJENNE, navire qui devait te transporter, tu restes à Marseille.

N’ayant pas crainte malgré les risques encourus, d’afficher tes idées, tu es recruté comme agent de liaison dans la Résistance et sous le nom de Karl tu es amené à collaborer avec Keller, le Général SCHMITT.

Celui-ci te charge d’établir les plans de la défense Allemande du littoral entre Cassis et l’Estaque.

Après quelques péripéties, tu établiras ces plans et tu apprendras plus tard que le porteur de ceux-ci, arrêté fut fusillé.

Tout en poursuivant tes études et tes missions d’agent de liaison, tu héberges chez toi au 2 Bld Michelet, des amis Juifs recherchés par les Allemands.

Tu avais déjà fait hospitaliser Jean BERNARD pour affection rénale grave, pour le mettre à l’abri à l’hôpital, puis en février 1943, ce dernier n’ayant plus de logements et poursuivi par les Nazis, tu l’héberges chez toi.

Puis tu fais de même avec Jean DAVID, médecin Roumain Juif qui venait d’échapper de peu à son arrestation.

Et lorsque les Allemands frappent à ta porte, alors que tu viens de les cacher, tu leur affirmes au péril de ta vie qu’il n’y a aucun juif chez toi.

Fort heureusement ceux-ci ne regardent pas par la fenêtre de la cuisine d’où ils auraient pu voir tes amis blottis dans un renfoncement sous la terrasse.

Jean BERNARD pourra se réfugier dans la Drome et Jean DAVID chez tes parents dans leur maison sur la plage du Prado.

Pour avoir risqué ta vie, pour avoir sauvé des juifs, tu seras reconnu comme Juste parmi les Nations.

En France 3550 Justes seulement furent reconnus.

Fait citoyen d’honneur d’Israël, ton nom est inscrit sur le mur de Yad Vashem à Jérusalem où il est écrit « qui sauve une vie sauve l’humanité. »

Tu as sauvé ces vies et bien d’autres parce que c’était dans ta vocation d’homme et de médecin.

Tu étais à Marseille le dernier des Justes et c’est la Mémoire Vive de la Résistance que tu as chargé de poursuivre les missions de ton association l’Association des Justes de France pour Yad Vashem.

Mais tu ne t’arrêtes pas là, grâce à toi et aux informations données à la Résistance sur l’Hôpital SALVATOR, 7 résistants purent s’évader.

Puis intégrant le groupe ADRIEN, tu mènes plusieurs coups de mains, rue Edmond Rostand, sur le Prado devant le garage MATTEI, à Saint Loup ou avec ton équipe tu fais plusieurs prisonniers allemands, qui avaient fait sauter les véhicules d’un détachement de la première armée qui pénétrait dans Marseille.

Toute ta vie tu as mis tes valeurs humanitaires et ton amour de la patrie au diapason.

Jusqu’au bout tu es resté attaché aux valeurs de la Résistance, en militant dans les associations patriotiques, Mémoire Vive de la Résistance, Combattants Volontaires et Médaillés de la Résistance et DPLV_Décorés de la Légion d’honneur au péril de la vie.

Jusqu’au bout, tu as voulu transmettre ces valeurs à la jeunesse, conscient de l’importance de cette transmission.

Tu m'as toujours témoigné de ton amitié, peut-être parce que tu savais le respect que je porte aux hommes comme toi,

La Résistance, quelle épopée pour les hommes de caractère.

Peu ont eu à l'époque le courage de se lancer dans le combat contre l'occupant.

Ces hommes ont été et ils restent, l'honneur de notre pays.

Le Combattant Volontaire de la Résistance tout comme le Juste n'attendait rien à titre personnel ; c'est ce qui donnait plus de prix à son engagement.

Il était la plupart du temps un homme de caractère, généreux, plein d'espoir dans l'avenir de notre pays, épris de liberté et de justice, qui mettait ses valeurs bien au-dessus de sa vie.

Tu étais de ceux-là.

La Mémoire Vive de la Résistance gardera la Mémoire d’Ivan BELTRAMI comme l'un de ceux, qui était indispensable à la cause commune.

Mais je ne pourrai terminer cet abrégé de ta vie en l’arrêtant à la Résistance et aux Justes.

Tu as mené par la suite une carrière brillante :

-          Docteur en Médecine,

-          Docteur en Chirurgie Dentaire,

-          Docteur Es. Sciences Odontologiques,

 

-          Chef du Département de Chirurgie Buccale, ….Pathologie et Thérapeutique 'Anesthésie Réanimation,

-          Vice-Doyen de la Faculté de Chirurgie Dentaire de Marseille,

-          Chargé des relations internationales avec les Facultés étrangères,

-          Président du Collège des Professeurs du Département de Chirurgie Buccale……Pathologie et Thérapeutique des UER d'Odontologie,

-          Expert près la Cour d'Appel d'Aix en Provence,

Tu es l’auteur de 90 communications nationales et internationales

Tu étais dans tes spécialités ce que l’on appelle un Ponte.

Quelle vie !

Tes enfants, Georges et Marie-Claude, tes petits enfants peuvent être fiers de t'avoir eu pour père et pour grand-père ; Ta vie doit être un exemple pour eux, ils sont porteurs aujourd'hui de cette mémoire.

Je suis fier quant à moi de t'avoir connu et de t'avoir eu pour ami.

Raymond Alexander

Président de la Mémoire Vive de la Résistance

Président des combattants volontaires et médaillés de la Résistance des Bouches du Rhône.



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