Actualité générale

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Albert VEISSID décoré de la légion d'honneur. Texte de Renée Lopez-Théry.
17-05-2016

 Monsieur Albert VEISSID décoré le 12 Mai 2016 devant le Monument de la Déportation par Mr TODESCHINI Ministre

Lors d’une sortie à Miramas en 2014, les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation des Bouches du Rhône ont eu l’immense plaisir de passer la journée en compagnie de M. Albert Veissid.

Devant la stèle des Déportés, il parle avec simplicité et pudeur de son internement dans le camp de travail de Miramas, suivi de sa déportation à Auschwitz via Marseille-les Baumettes et Drancy.

Né à Constantinople en 1924, il arrive dans les bras de ses parents à l’âge de huit mois à Lyon.

En tant que juif, il est arrêté en juillet 1943 dans cette ville où il est vendeur dans un magasin. Il connaît la prison de la capitale des Gaules avant d’être envoyé à Marseille au camp Malaval pour être affecté dans un GTE (Groupe de Travailleurs Etranger) en septembre 1943 dans la commune des Bouches du Rhône de Miramas. Ce groupe, composé de juifs apatrides, dépend de l’organisation allemande Todt. Le Kommando de M. Veissid est surveillé par des Hollandais incorporés à l’armée allemande et par un milicien. « On effectuait des travaux de terrassement 12 heures par jour et on souffrait davantage du froid attisé par le mistral que de la mauvaise nourriture qui pouvait être améliorée par les colis des familles ».

Le 28 février 1944, M. Veissid est arrêté par les Allemands dont la Gestapo pour être emprisonné aux Baumettes (prison de Marseille) avant son départ pour Drancy.

Le 30 mai 1944,il est déporté par le convoi n° 75à Auschwitz où il reçoit le matricule 12063.

M. Veissid ne peut pas oublier ses compagnons de Miramas qui ont été déportés « tout au nord, en Lituanie et en Estonie » où ils ont été tués par balles à Reval. En souvenir de ses compagnons, il dépose chaque dernier dimanche d’avril - jour de la commémoration nationale de toute la déportation -une gerbe à Miramas.

M. Veissid a évoqué aussi son enfermement à Drancy et les lettres qu’il transmettait aux chauffeurs qui récupéraient les poubelles du camp : « des milliers de lettres sont sorties du camp de cette façon ». Il a aussi parlé d’Auschwitz où il travaillait à la construction d’un Bunker avec une équipe de Polonais chrétiens. Débrouillards, ils se sont « organisés » pour avoir de la nourriture tout en travaillant le moins possible. Mais les Allemands se sont rendu compte du stratagème. Condamné à mourir, la chance a souri au Français lorsque les Polonais de l’orchestre du camp se sont révoltés. Les musiciens ont disparu. Il a fallu les remplacer. Albert jouait de la clarinette. Il a été choisi, ce qui l’a sauvé.

Avec l’avancée des Russes, le camp est évacué le 18 janvier 1945 et M. Veissid est jeté sur les routes à travers l’Allemagne. Ces longues et sanglantes « marches de la mort » le conduisent à Buchenwald puis à Berga. Libéré sur la route par les Américains en Tchécoslovaquie, il rentre en France passe par Nuremberg, puis par l’hôtel Lutétia et arrive à Lyon « à l’état de squelette, mais j’étais vivant ».

En Pologne en 2009, lors de travaux, des ouvriers découvrent dans le mur d’un bunker qu’ils démantèlent, une bouteille contenant une liste datée du 20.09.1944. Elle indique les noms de 7 déportés, dont celui d’Albert Veissid : c’était à Auschwitz il y avait plus de 70 ans. Cette découverte a fait le tour du monde.

Lorsque M. Veissid se souvient de cette période, il que la chance lui a permis de survivre.

Combien de survivants des camps disent cela, mais peut-on vraiment parler de chance ?

                                                                             Renée Lopez-Théry.



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