Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

1922-2015

 Marius Rossi illustre un cas  de déportation à partir du territoire du Reich allemand.

Né  le 18 octobre 1922 à Marseille, il est requis pour le STO et part pour l’Allemagne le 15 août 1943, arrêté pour rébellion, emprisonné, jeté sur les routes dans les «  marches de la mort »,  il atteint le camp de Buchenwald où il est immatriculé sous le numéro 136.295. Lorsque le camp est délivré le 11 avril 1945, Marius gît sur les planches d’un châlit du Revier (infirmerie). Soigné pendant quinze jours dans un hôtel de Thuringe, il est rapatrié par avion à Paris.

En hommage à notre ami, voici quelques lignes de son témoignage :

 « Après 2 jours de voyage en train ordinaire, j’arrive à Görlitz (Basse Silésie). Après quelques jours de quarantaine, je suis affecté à une grande usine d’armement  de 2000 ouvrier. Après le travail, journées de 12 heures (6h à 18h),  nous rentrons au camp de la Wumag-Reicherstrasse , à pied, à 2km de l’usine.

Au camp, un responsable de chambrée devait être nommé pour répondre de la tenue correcte des requis français. Je suis désigné responsable ….  En novembre 1944, les Russes avançant, les autorités du camp font savoir qu’il fallait de la main d’œuvre à la frontière russo-polonaise sans nous dire de quel travail il s’agissait.  Les Français étaient désignés pour le premier dimanche de décembre  (1944). Nous, la vingtaine de chefs de chambrée, devions donner la liste des camarades qui ne travaillaient pas ce jour là …. Nous étions hostiles à cette désignation et à ce travail contre les Russes qui contribueraient bientôt à notre libération. Nous n’avons donc fourni aucune liste… Le jour fixé pour ce transport,, la police allemande a encerclé le camp et 300 travailleurs ont été conduits d’office pour la journée et par le train, à Glogau, à la frontière polonaise. Il s’agissait d’élargir des tranchées dans la plaine polonaise pour ralentir l’avance des chars russes….

Après 10 jours de tranquillité relative, la police de la ville arrête tous les responsables de chambrée. J’étais de ceux-là : 26 arrêtes et détenus à la prison de Görlitz, puis à la forteresse, au bord de la Neisse. ».

Début février, on nous évacue à pied  pour une marche de 100 km en 8 jours, vers Dresde où nous arrivons le surlendemain du terrible bombardement anglo-américain qui fit 400 000 morts. Nous arrivons finalement à Buchenwald. Une certaine chance m’accompagne, car atteint de diarrhée, je suis au Revier, nu sur les  planches du châlit.

L’arrivée des Américains me sauve d’une nouvelle évacuation vers Dachau et surtout du lance-flammes tout prêt à fonctionner.

Sur les 16 arrêtés à Görlitz 1/3 sont morts à Buchenwald, 1/3 sont morts à Dachau et aujourd’hui (14 avril 2003), je suis le seul survivant de cette tragédie ».

 R. L.T (D’après l’enregistrement réalisé pour la FMD en 2003et le témoignage paru dans

 « La Voix ,journal de l’ADIRP des B.d.R »)

Marius ROSSI



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