Bibliographie

Bibliographie

Vie et mort de Poil de Carotte. Robert Lynen, acteur et résistant. 1920-1944

 

 

 
Vie et mort de Poil de Carotte. Robert Lynen, acteur et résistant. 1920-1944
François Charles
Strasbourg, Edition La Nuée Bleue, 2002, 220 pages 

 

François Charles s'attache à reconstituer l'histoire étonnante et tragique de ce petit surdoué su cinéma et du théârtre de l'entre-deux-guerres, inoubliable Poil de Carotte, devenu un résistant de la première heure et fusillé pour "complicité d'actes terroristes" à l'âge de vingt-trois ans, sans jamais avoir parlé sous la torture ni renié quoi que ce soit. A une époque où l'on a davantage tendance à parler des traîtres que des justes, il est agréable de lire cette biographie, très bien écrite, publiée par une petite maison d'édition de Strasbourg. On y découvre un milieu familial original, sortes de baba-cools des années 1920, père alsacien ultra-pacifiste, mère américaine romantique. On en apprend beaucoup sur le cinéma français de l'entre-deux-guerres. François Charles ne peut que poser le problème: comment expliquer que ce jeune acteur populaire, sans que rien l'y contraigne, ait choisi sans hésiter et jusqu'au bout le chemin de la liberté ? Qu'est-ce qui lui a donné l'énergie de chanter jusque devant le pelotion d'exécution ? Une chose est sûre: l'ex- Poil de Carotte est de ceux qui ont préféré mourir libres que vivre à genoux.

 

Robert Lynen, né en 1920, enfant prodige, enfant acteur, est surtout connu avant guerre pour avoir joué à 12 ans le personnage de Poil de Carotte dans le film de Julien Duvivier.

Il tournera 13 films jusqu'en 1942, refusant de tourner pour la Continental.

Il crée en 1941 à Marseille une société de transports dont un des buts était de cacher les activités du réseau qu'il avait créé avec son beau-frère, essentiellement recrutement, distribution de tracts anti nazis, a une époque où la France était plutôt dans l'attentisme.

Il rejoint ensuite le réseau Alliance de Marie Madeleine Fourcade pour lequel il accomplit de nombreuses missions.

Il est arrêté à Cassis par la Gestapo, torture, envoyé en Allemagne et fusille le 1er avril 1944 à Karlsruhe.

Plusieurs choses sont remarquables dans ce destin héroïque. La précocité de son engagement et sa volonté de résister en créant avec son beau frère un réseau alors qu'il n'a que 21 ans.

Son choix dans un milieu ( le spectacle et en particulier le cinema) ou nos artistes, a de rares exceptions près comme Jean Gabin, préféreront servir Vichy et la collaboration, voire directement les nazis. Enfin, l'oubli dans lequel il est tombé, à ma connaissance une seule place portant son nom en France dans son village natal, et la cinémathèque Robert Lynen à Paris étant menacée de disparition pour des raisons budgétaires.

Tout ceci alors que les rues Arletty et les places Sacha Guitry fleurissent dans plusieurs villes de France. Je pense que les marseillais pourraient être fiers de donner à l'une de leurs rues ou places le nom de cet artiste, à peine sorti de l'enfance qui n'hésita pas un seul instant à choisir son pays plutôt que la facilité et la vie de paillettes qui l'attendait. 



Accéder aux archives