Actualité générale

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Cérémonie à la mémoire du massacre du maquis de BAYONS le 26 juillet 2015
26-07-2015

Devant les autorités de la région , se sont déroulées ce dimanche 26 juillet 2015 la cérémonie commémorant la masscre du maquis de BAYONS.

 

Discours de Marcel PUT  à BAYONS le dimanche 26 juillet 2015.

26 juillet 1944, 26 juillet 2015, déjà soixante et onze années, c'est exactement un 26 juillet comme aujourd'hui, que nos vaillants compagnons de la Résistance tombaient sous les balles allemandes. Merci à vous tous de répondre présent, toujours aussi nombreux à notre cérémonie Votre présence nous honore et nous encourage. Malgré tous ces bruits de bottes actuellement dans le monde, n'oublions jamais les sacrifices de tous ces héros.

Ces moments de recueillements qui nous rassemblent lors des cérémonies de mémoire sont indispensables, ils sont le symbole de notre cohésion et de notre identité nationale, de notre amour de la Patrie, de la paix et des libertés. Devant toutes les menaces terroristes aveugles, macabres et sanguinaires qui peuvent sévir n'importe où, à tout moment, nous devons redoubler de vigilance et de solidarité.

En cette année du soixante et onzième anniversaire, beaucoup de cérémonies, de retransmissions d'images à la télé, nous ont remis en mémoire ces années de guerre, tous ces sacrifices pour l'amour de la France, de la Liberté. Pour la Paix.

L'année dernière sur tout le territoire national, les manifestations, les rassemblements étaient mobilisés, à juste titre, pour commémorer la Grande Guerre de 1914-1918, dont les horreurs ont dépassé l'imagination, aux combats ont été ajoutés les déportations, les tortures, les bombardements de civils, les génocides racistes des camps de déportation..

Cette année c'est la Résistance qui est à l'honneur. Monsieur le Président de la République a fait entrer au Panthéon, cela n'était plus arrivé depuis longtemps, quatre personnalités éminentes de la résistance dont deux femmes.

Pendant le discours de Mr le Président de la République, je pensais aux sacrifices de nos compagnons de Bayons, qui eux aussi comme ceux du Panthéon, ils ont écrit, ils sont l'Histoire de France.

Notre Panthéon à nous, les résistants de base, est représenté symboliquement par le ruban rouge de la Légion d'Honneur qui supporte la médaille de l'ancien Ordre de chevalier de Saint-Louis. Ce ruban rouge en son sein, est sublimé par l'amalgame du tissage et de la trame de tous ces < fils rouges qui donnent un sens> à notre parcours de vie, en l'occurrence notre amour, notre fidélité à la patrie et notre désir de Paix.

Pour notre département, ces derniers mois, une dizaine de Chevaliers de la Légion

d'Honneur ont été nominés par Monsieur le Président de la République et parmi eux, Monsieur GENDRE ici présent et moi-même. Nous sommes peut être, les deux derniers Bas-Alpins survivants du maquis de Bayons. C'est un grand honneur qui nous est fait, mais aussi cela nous engage à oeuvrer inlassablement pour le devoir de mémoire de nos valeureux compagnons.

 

Discours de Bayons par Thibault LAMBERT

26.07.2015

Nous sommes en 2015, le soleil luit encore et sa lumière empreinte d'un splendide espoir frappe la pierre blanche de ce monument où sont renfermées les âmes de mille et un héros, de mille et une histoires. Tout ce qui compose l'émouvante toile que l'on appelle « la Résistance ».

C'est à partir du 23 Juin 1944 que Jean Moulin, prisonnier, commençait, dans un cortège funèbre et solitaire, sa marche lente vers la mort. La plupart des longues heures de torture qu'il dut subir sont encore aujourd'hui emmurées dans le secret des épais remparts du Fort Montluc, mais une anecdote s'est faufilée entre les pierres et semble d'une actualité assez étonnante.

Klaus Barbie est face à Jean Moulin, dans son bureau personnel. Depuis des heures, il le harcèle, le frappe, l'étrangle et le brûle à sang afin d'arracher de sa bouche une liste de noms et d'adresses de certains de ses compagnons de combat. Face au mutisme héroïque de son interlocuteur, Barbie projette Jean Moulin sur une chaise où ce dernier, tout pantelant, fait signe à son agresseur d'arrêter et le prie de lui fournir un papier et un crayon pour semble-t-il satisfaire à sa requête. Klaus Barbie, heureux de ce changement soudain de décision, s'empresse de lui donner le matériel, et Jean Moulin commence à griffonner. Quand Barbie jette un regard par-dessus son épaule pour lire les noms tant convoités, il explose de rage, arrache le papier, le déchire et roue de coups celui qui venait de dessiner une belle caricature de son bourreau.

Cette historiette, qui peut sembler somme toute assez anodine dans l'immense oeuvre des résistants, ne l'est pas, car ces hommes de l'ombre ont entretenu face au terrorisme nazi la volonté de continuer à vivre, à se payer la figure de l'ennemi, à se rappeler ce qui faisait leur humanité. Certes, l'histoire de la Résistance est pétrie de grands actes mémorables, comme les sabotages de voie ferrée, comme l'aide aux différents débarquement ou encore la prise de la citadelle de Sisteron pour les hommes que nous célébrons aujourd'hui mais elle s'est avant tout construite sur une ribambelle de tout petits actes a priori insignifiants mais qui ajoutés les uns aux autres ont permis, et permettent encore aujourd'hui, à notre pays de continuer à porter fièrement son nom et ses couleurs.

C'est pourquoi, Monsieur Marcel Put, Monsieur Arthur Richier, Messieurs de Tramalou, Messieurs de la Résistance, parmi la montagne de valeurs qu'à nous tous vous nous avez inculquée, l'une d'entre elles me touche particulièrement aujourd'hui : cette croyance indestructible en la possibilité d'un changement, même sous la plus mortelle des mitrailles que notre pays ait connue. Et cette croyance, c'est le refus de dire « Je suis impuissant face à cette situation ». Vous avez, Messieurs de la Résistance, continué sous le poids de l'horreur à parler à vos amis, à prendre des nouvelles de vos proches, vous n'avez pas cessé de manger, autant que faire se pouvait, dans la convivialité, vous avez continué à chanter, alors que votre voix ne semblait pas peser lourd face aux bombardements de la Luftwaffe, vous avez continué à marcher, alors que vous n'aviez que deux jambes et eux des millions, vous avez continué à parler notre langue, à vous saluer lors de vos rencontres, vous avez continué à aider, à rire, vous avez continué à vivre comme un humain se doit de le faire. Et ces armes-là, tout le monde aurait pu les trouver, ces armes-là ce sont celles qui ont sauvé la France, car ces armes-là permettent, aussi insignifiantes puissent-elles paraître, d'entretenir la croyance que le monde peut changer, que la terreur est toujours plus faible que l'intelligence, que la nuit cède toujours, depuis que l'histoire est histoire, la place au jour. Messieurs de la Résistance, vous nous faites comprendre que chacun parmi nous peut à sa hauteur participer au monde dans lequel il souhaite vivre et à la vie qu'il souhaite avoir. Et ce qu'il ne nous faut pas oublier, c'est que si nous avons la possibilité, la liberté de changer les choses et de voir toujours de la lumière dans l'histoire de notre pays, c'est parce que vous avez existé. Et chacun doit avoir conscience qu'il vous doit une part de son bonheur. C'est ce que je vous exprime aujourd'hui.

Vous nous rappelez seconde après seconde que la seule arme efficace face à la bêtise, face à l'embrigadement, face à la manipulation, face à la peur que la barbarie essaie de semer, c'est d'avoir perpétuellement dans un coin de sa tête la pensée que nous sommes des êtres intelligents, communiquants, censés, libres et capables d'espoir.

Alors Messieurs de la Résistance, c'est en m'inspirant d'un vers de Paul Éluard que je concluerai cette allocution pour vous rendre hommage et vous montrer qu'il ne faut, à aucun moment, penser que tout ce que vous avez fait est vain :

« Vous rêviez d'êtres libres, et toujours je vous continuerai. »



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