Actualité générale

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· Hélie Denoix de Saint Marc Conseils aux jeunes de vingt ans
25-09-2013

 ·   Hélie Denoix de Saint Marc

 

·   Conseils aux jeunes de vingt ans

 

·       C’est une vie emblématique qui vient de s’éteindre : résistant à seize ans, déporté à Buckenwald, guerre d’Indochine, guerre d’Algérie, putsch des généraux à Alger, prison : Hélie Denoix de Saint Marc était en paix avec lui-même. Il a mené une vie en accord avec son éthique sans jamais démordre des principes qu’il avait fait siens.

·       Dans un monde où tout vaut tout, il a eu la force de rester en dehors des trahisons et des coups bas. Hélie Denoix de Saint Marc a traversé la deuxième moitié du vingtième siècle tel un aristocrate. Dans les « Sentinelles du soir », il déclarait vouloir simplement « essayer d’être un homme » : cette sérénité, cette droiture, se retrouvent dans ses écrits.

·       C’est pourquoi j’ai choisi de vous proposer un texte qui a pour titre :

·       « Que dire à un jeune de vingt ans ? »

·       Il est extrait du livre « Toute une vie », paru en 2004. Il a pour but de donner des conseils et des préceptes de vie aux jeunes adultes qui souhaitent réussir leur vie autrement qu’en gagnant de l’argent, mais on y trouve aussi une critique des déviances de notre temps.

·       A travers ce texte, c’est une part de l’âme et de l’esprit européen qui transparaît, c’est un code de conduite valable de Paris à Moscou et d’Athènes à Oslo. C’est un homme riche de son expérience personnelle et de sa vie qui écrit, il lègue un trésor, les secrets du comportement, de la tenue et du style qui doivent être ceux d’un homme libre.

·       « Que dire à un jeune de vingt ans quand on a connu tout et le contraire de tout, quand on a beaucoup vécu et qu’on est au soir de sa vie, on est tenté de ne rien lui dire, sachant qu’à chaque génération suffit sa peine, sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause font partie de la noblesse de l’existence.

·       Pourtant, je ne veux pas me dérober et à ce jeune interlocuteur,  je répondrais ceci, en me souvenant de ce qu’écrivait un auteur contemporain :

·       Il ne faut pas s’installer dans sa vérité et vouloir l’asséner comme une certitude mais savoir l’offrir en tremblant comme un mystère.

·       A mon jeune interlocuteur, je dirais que nous vivons une période difficile où les bases de ce qu’on appelait la morale, qu’on appelle aujourd’hui l’éthique, sont constamment remises en cause, en particulier dans les domaines du don de la vie, de l’interruption de la vie et de la manipulation de la vie.

·       Dans ces domaines, de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir : oui, nous vivons une période difficile où l’individualisme systématique, le profit à n’importe quel prix, le matérialisme, l’emportent sur les forces de l’esprit.

·       Oui, nous vivons une période difficile où il est toujours question de droits et jamais de devoirs et où la responsabilité, qui est l’once de tout destin, tend à être occultée.

·       Mais je dirais à mon jeune interlocuteur que, malgré tout cela, il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.

·       Il faut savoir jusqu’au dernier jour,  jusqu’à la dernière heure, rouler son propre rocher.

·       La vie est un combat. Le métier d’homme est un rude métier. Ceux qui vivent sont ceux qui se battent.

·       Il faut savoir que rien n’est sûr, que rien n’est facile, que rien n’est donné, que rien n’est gratuit. Tout se conquiert, tout se mérite. Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu.

·       Je dirais à mon jeune interlocuteur que, pour ma très modeste part, je crois que la vie est un don de Dieu et qu’il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît comme l’absurdité du monde, une signification à notre existence.

·       Je lui dirais qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves cette générosité, cette noblesse, cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde, qu’il faut savoir découvrir ces étoiles qui nous guident où nous sommes plongés au plus profond de la nuit et le tremblement sacré des choses invisibles.

·       Je lui dirais que tout homme est une exception, qu’il a sa propre dignité et qu’il faut savoir respecter cette dignité. Je lui dirais qu’envers et contre tous, il faut croire en son pays et en son avenir.

·       Enfin, je lui dirais que de toutes les vertus, la plus importante parce qu’elle est la motrice de toutes les autres et qu’elle est nécessaire à l’exercice de toutes les autres, de toutes les vertus la plus importante me paraît être le courage, les courages, et surtout celui dont on ne parle pas et qui consiste à rester fidèle à ses rêves de jeunesse.

·       Pratiquer ce courage, ces courages, c’est peut-être cela l’honneur de vivre.

 

o   Hélie Denoix de Saint Marc

 



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