Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

MAQUIS du MORVAN :La Compagnie André du 5 juillet 1944 au 28 septembre 1944 - par Hubert CLOIX - Partie XIV
05-11-2011

ARRETER LE MARÉCHAL PÉTAIN

Lundi 21 août 1944 :

Dès le matin, un messager transmet à la section ENGINS l'ordre de quitter le camp et de se rendre à Savault. Le groupe P.I.A.T. est conduit aussitôt en camion à Savault où on l’embarque en camion avec les autres sections de la compagnie.

Le lieutenant André informe tout le monde du but de cette mission : Il faut arrêter le maréchal Pétain que les Allemands ont fait prisonnier à Vichy pour le conduire en Allemagne afin de maintenir en activité ce gouvernement de Vichy très collaborationniste.

Il faut stopper le convoi et récupérer la personne du Maréchal Pétain.

On sait qu'il y a une escorte allemande, on sait qu'il y aura des engagements sérieux avec la garde ennemie. Pourtant, nous partout tous avec enthousiasme, sachant que nous allons vivre une journée historique, une journée où nous devrons intercepter le convoi où se trouve le chef de l'Etat. Arrêter Pétain !

Les jeunes de la compagnie souhaitent arrêter Pétain mais sans bien savoir qui il est et ce qu'il a fait durant l'Occupation. Sur fond de décor, il est encore auréolé de sa victoire à Verdun. À la radio et aux actualités des cinémas, on le voit entouré de petites filles qui lui portent des bouquets de fleurs, on le voit acclamé par ses poilus de 1914/18. La plupart des jeunes de la compagnie André ne sont pas vraiment au courant de ce qu'il a fait ou accepté sous la pression de l'ennemi. Les journaux et la T.S.F., soumis à la censure allemande, en ont fait un mythe pour la France. Les jeunes, mal informés par les médias, ignorent presque tout de sa politique intérieure et des mesures contre les juifs et les résistants.

En revanche, ils ont à l'esprit la rencontre du Maréchal avec le chancelier Adolf Hitler à Montoir, en septembre 1940, leur poignée de main, l’accord sur le principe d'une collaboration avec l'ennemi. Ils sont au courant de son incapacité à réagir quand, en novembre 1942, les Allemands ont envahi la zone non occupée dans le sud de la France. De ce qu’il a décidé, ou laisser faire, comme le sabordage de la flotte française à Toulon, des instructions qu’il a données afin d’organiser l'arrestation des Résistants et la destruction des réseaux par la Gestapo, épaulée par la milice de Darnand.

C'est donc avec enthousiasme que les sections de la compagnie embarquent dans les camions pour cette mission.

Deux heures après le départ, il est environ 10 h 30, le convoi s'arrête près du village de Saint-Martin de la Mer, sur la route nationale N.80 qui relie Autun à Saulieu. C'est cette route que devrait emprunter le convoi du Maréchal Pétain.

Le lieutenant André choisit l'emplacement favorable pour cette embuscade et l’arrêt du convoi. Il met en place ses hommes à la lisière d'un bois de résineux qui domine la route. Dès que le dispositif est installé, le lieutenant André reçoit l'ordre d'annuler l'opération.

Pour raconter le récit de cette journée, référons-nous au rapport que le lieutenant André a rédigé :

RAPPORT du lieutenant André, commandant la première compagnie du maquis de MONTSAUCHE :

« Objet : capture du chef de la sécurité personnelle du maréchal Pétain.

Le 21 août à 5h30 du matin, le capitaine Leban, chef d'état-major départemental, et le capitaine Bernard, chef du bataillon, donnent l'ordre au lieutenant André de faire préparer immédiatement deux sections de la 1ère compagnie. Le capitaine Leban place en outre sous les ordres du lieutenant une section du P.C..

Point de rassemblement de cette compagnie : la croix de Chazelles à l'entrée de Montsauche. Départ dès que possible.

Mission:se rendre à Saint-Martin de la Mer. Se mettre à la disposition du capitaine Robert, pour le renforcer dans l'opération envisagée contre l'escorte du Maréchal dont on a appris hier l'arrivée à Saulieu.

Le départ s'effectue à 8h30 de la croix de Chazelles. Arrivée à Saint-Martin de la Mer à 10h30. Le lieutenant André ne trouve personne au rendez-vous prescrit. Il prend alors les dispositions suivantes : deux groupes en observation sur la route nationale Autun-Saulieu. Pour le reste de la compagnie : casse-croûte.

À 11 h, arrivée du capitaine Pommier de la mission VERVEINE. Le capitaine Pommier explique au lieutenant André que l'opération envisagée pour bloquer le maréchal et son escorte dans Saulieu a été annulée par suite de renseignements complémentaires indiquant la présence de renforts allemands très importants dans la région. Les ordres donnés aux compagnies demandées en renfort n'ont pas été annulés car le commandement voulait se rendre compte du temps qu'il leur fallait pour rejoindre les points de regroupement. Le capitaine Pommier donne alors l'ordre au lieutenant de placer sa compagnie en embuscade sur la route nationale.

À 12 h30, arrivée du sous-lieutenant Prunier avec sa compagnie.

À 13 h, la compagnie du lieutenant André gagne son poste d'embuscade qui a été reconnu préalablement par le chef de la compagnie et les chefs de sections. Cette embuscade est placée à 4Km de Saulieu, sur la Nationale Autun-Saulieu. L'embuscade devra cesser à 16 h. Le lieutenant André garde deux groupes pour faire une patrouille jusqu'à Saulieu, afin de prendre des renseignements sur le message du Maréchal et de voir s'il ne reste plus personne de son escorte dans la ville.

La compagnie du sous-lieutenant Prunier restera au repos.

À 15 h 30, la patrouille aborde la ville. Des renseignements sont pris auprès des habitants afin d'éviter de tomber dans un piège.

A 16 h, la patouille occupe la rue de la Foire. Le lieutenant André va prendre des renseignements à l'hôtel de la Poste.

À 16 h 15, un bruit de moteur se fait entendre, la population s'enfuit, en criant : « voilà les Allemands ». Le soldat Papier, placé au bas de la rue, tire deux coups de mitraillette en l'air à l'apparition de trois motocyclistes et d'une voiture touriste qui viennent de tourner. Ceux-ci s'arrêtent, mais ils sont immédiatement entourés par le lieutenant André et les hommes présents. Le lieutenant André fait désarmer immédiatement les trois motocyclistes et les cinq occupants de la voiture de tourisme. L'un d'eux demande à parler au chef. Il se présente au lieutenant comme ancien directeur de la police municipale, chargé ensuite successivement de la sécurité personnelle des Présidents Paul Doumer et Albert Lebrun, puis du Maréchal Pétain, chef de l'État Français. Il présente en outre au lieutenant un soi-disant laissez-passer permanent des F.F.I.

Ce laissez-passer ne comporte aucun cachet. Le lieutenant demande à quel endroit il avait pour mission de se rendre. Réponse: nous devions gagner Saulieu, et de là, sans doute Chaumont, mais des indications doivent nous attendre à l'hôtel où le Maréchal a passé la nuit. Le lieutenant André se rend alors à l'hôtel de la Côte d'Or où il trouve en effet une carte signée du docteur Ménétrel. Cette carte donne ordre aux policiers du maréchal de prendre, non pas la direction de Chaumont, mais celle de Dyon, près de Belfort. De plus, de l'essence est à leur disposition au même hôtel. Sans montrer la carte aux policiers, le lieutenant André fait alors remonter quatre des hommes dans la voiture de tourisme avec un homme du maquis, deux autres montent dans sa voiture,

Les motocyclistes sont embarqués dans un camion, les motos sont montées par des hommes du maquis. Le plein d'essence est fait et, sous les ordres du lieutenant André, l'escorte regagne Fétigny, point de rassemblement avec le reste de la compagnie placée en embuscade. D là, départ pour le P.C. départemental de la Nièvre.

Le colonel Moreau donne l'ordre au lieutenant de conduire les prisonniers au P.C. du colonel Diagramme, ce qui est fait immédiatement. Le soir même, les hommes et toutes les affaires saisies sont remis à l'ex-commissaire d'Autun au P.C. du colonel Diagramme.

Signé : André.

Texte intégral de l'interrogatoire du fonctionnaire de Vichy Wruslin Edmond :

Procès-verbal d'interrogatoire :L'an mil neuf cent quarante quatre, et le onze septembre, par devant nous Capitaine Jean Lyonnet, Juge d'instruction du Tribunal Militaire départemental de la Nièvre.

Assisté de l'adjudant Jubert, greffier, a comparu, le nommé, inculpé de collaboration avec Vichy et l'ennemi, lequel nous a déclaré, en présence de l'Officier-Défenseur : « Je me nomme Wruslin Edmond Charles, né à Chambéry exerçant la profession de Directeur à la préfecture de police (Chef du Service de la surveillance du Chef de l'Etat) demeurant à Bourg-la-Reine, 15 rue A. Theuriet. Je déclare n'avoir jamais été condamné ».

Question : Comment êtes-vous venu au service de sureté du chef de l'Etat ?

Réponse : « En 1932, après l'assassinat du Président Doumer, ce service, qui appartenait à la Sûreté Nationale, est passé à la Préfecture de Police à laquelle mes inspecteurs et moi appartenions. J'ai été nommé Chef Adjoint du service à sa création et en 1934, à la mort de mon chef, j’en ai pris la direction. C'est Monsieur Langeron, Préfet de Police, qui m'a nommé.

Question : Quelle était l’activité de votre service ?

Réponse : Je précise qu'il y avait à l'Elysée, deux services indépendants du Cabinet et assurés par des fonctionnaires : Le service des communications (P.T.T.) et le nôtre. Le service de Sûreté dans le département de la Seine préparait toutes les sorties officielles ou privées du Chef de l'Etat : protocole, service de sécurité, service d'ordre. Il était chargé des enquêtes concernant les personnes qui sollicitaient le Président, secours, plaintes, ou requêtes...

Les sociétés et associations qui demandaient le patronage du Chef de l'Etat, etc.

En province, lors des voyages ou séjours du Président, nous étions sous l'autorité du Préfet du département.

En 1940, nous avons suivi le Président Lebrun à Tours, Bordeaux et Vichy et, à son départ, comme le Service des communications, nous avons continué notre Service auprès du nouveau chef de l'Etat. Je ne connaissais personne au cabinet du Maréchal et c'est tout naturellement, sans rien solliciter, que notre service, en exécution du décret qui l'avait créé en mai 1932, a continué d'exister auprès du Maréchal.

Nos attributions étaient les mêmes qu'à l'Elysée avec cette différence que les sorties du Maréchal étant beaucoup moins fréquentes, notre activité était devenue très réduite. C’est pourquoi, j'ai alors pris en main les enquêtes rendues nécessaires par la création du service des œuvres sociales du Maréchal. Nous nous adressions pour ses enquêtes aux commissaires de Police et à la Gendarmerie.

C'était surtout pour nous un travail de bureau. Le maréchal recevait de nombreuses suppliques à la suite desquelles nous faisions des démarches dans les ministères ou écrivions aux préfets pour essayer de faire donner satisfaction aux solliciteurs. Nous n'avons Jamais eu à faire une enquête ou une opération quelconque sur un ordre ou pour une autorité allemande, quelle qu'elle soit. Dans un de ses derniers discours, le Général de Gaulle a dit que les fonctionnaires qui avaient fait leur métier en bon français, sans causer aucun préjudice du fait de l’occupation à leurs concitoyens, n'avaient rien à craindre de sa justice. Je peux affirmer sur l'honneur que nous sommes parmi ceux-là.

Je ne faisais pas partie du Cabinet du Maréchal. Je ne participais pas à sa vie privée car, ainsi que mon personnel, j'habitais en ville avec ma famille, et n'avais aucune relation mondaine avec ses membres.

Je ne participais pas non plus à son activité politique car je n'assistais à aucune réunion des civils et des militaires et je ne recevais aucune confidence. J'ai dû au contraire me plaindre plusieurs fois de n'être pas tenu au courant de sorties aux réunions dans lesquelles mon service avait à intervenir. Monsieur Langeron, Préfet de Police, qui connaît bien notre service et son activité ne peut que confirmer mes explications.

Question : Dans quelles conditions avez-vous quitté Vichy pour rejoindre le maréchal ?

Réponse : - Je ne peux que confirmer les déclarations que j'ai faites au Commissaire de Police qui m’a interrogé.

Le Maréchal avait déclaré en juin dernier qu'il ne voulait pas quitter Vichy quels que soient les événements. Monsieur Rennetefick, représentant du gouvernement allemand, insistait pour qu’il rejoigne le gouvernement parti depuis plusieurs semaines à Paris. C’étaient là les bruits qui circulaient à l'hôtel du Parc jusqu'au 19 Août 1944, jour où Monsieur Rennetefick posa un ultimatum au Maréchal : celui-ci devait partir le lendemain. Mais il donne l'ordre formel à sa garde personnelle et aux forces militaires stationnées à Vichy de ne pas le défendre car il ne voulait pas voir répandre pour lui une seule goutte de sang français. C'est alors que le Maréchal déclare qu’il ne céderait qu’à la force.

Le lendemain, dimanche 20 août, à 7h du matin, les Allemands se présentaient à l'hôtel du Parc dont toutes les portes étaient fermées et procédant par effraction, arrivèrent dans la chambre du maréchal. Celui-ci alors se lève, s’habille et proteste une dernière fois contre la violence qui lui était faite devant le Nonce et le Ministre de Suisse qui avaient été prévenus et assistaient à la scène. Le Maréchal quitte l’hôtel du Parc vers 8h. Il y avait peu de monde devant l'hôtel, les soldats allemands ne tolérant aucun rassemblement.

Le convoi s’est formé sur la route à la sortie de Vichy. J'ignore donc quelles étaient les forces allemandes qui la composaient. Le Maréchal est parti avec la Maréchale, le Docteur Ménetrel, le Général Debiney, le Colonel de Longeau de sa maison militaire et l'amiral Bléhaut. J'ai appris depuis qu'il y avait également le général Bridoux et M. Rochat, secrétaire Général aux Affaires, mais j'ignore s'ils faisaient partie de la suite du Maréchal ou s'ils partaient pour leur propre compte.

Ce départ a été extrêmement pénible, surtout pour ceux qui comme moi, estimaient qu'il aurait fallu s'opposer à ce départ du maréchal par la force et j'ai été très émotionné par la vision de ce vieillard si triste dans des circonstances aussi pénibles.

Dans la nuit qui a suivi, vers 2 h 30, j'ai été réveillé par un courrier, le gendarme motocycliste Chalaye qui, avec un de ses camarades, était parti avec le Maréchal. Il m'explique que ce dernier couchait à Saulieu, qu'il était las de ne voir autour de lui que des policiers et des gendarmes allemands et qu'il demandait qu'on lui envoyât quatre inspecteurs. Ce désir était transmis par une note du Docteur Ménetrel rédigée sur une feuille destinée également au Colonel Barre, commandant militaire de la Maison du Maréchal, pour demander deux autres motocyclistes et à Madame Ménetrel pour avoir divers objets oubliés au départ : appareil photo, papier à écrire, cartes à jouer, etc.

J'ai considéré qu'il était de mon devoir d'obéir à l'ordre du Maréchal, d'autant plus qu'un incident survenu le matin entre le Dr. Ménetrel et moi m'avait profondément touché. En effet, quelques instants avant le départ du Maréchal, c'est-à-dire au dernier moment, le Docteur qui jusque-là ne m'avait tenu au courant de rien, me demande si deux ou trois inspecteurs pouvaient suivre. Je lui répondis que c'était là chose impossible, les inspecteurs présents n'ayant aucune valise prête. Sur une question du Général Debeney, le Docteur lui répondit : « C'est bien simple, le Maréchal est emmené, alors ses inspecteurs l'abandonnent ». C'est pourquoi, lorsque j'ai vu Madame Ménetrel avant mon départ, je lui ai dit « je suis heureux de l'occasion qui m'est donnée de vous montrer que nous ne sommes pas des lâches ». J'ai, en pleine nuit, été chez les inspecteurs que je pouvais toucher facilement.

Ils ont accepté de partir, et sachant bien que ce voyage était hasardeux et à l'occasion périlleux, j'ai estimé que je devais partir avec eux.

Nous avons quitté Vichy vers 7 h le lundi 21 août. Vous connaissez les périples de notre voyage et comment il s'est terminé à Saulieu.

Nous avons été arrêtés une première fois par les F.F.I. après le Donjon, sur la route Lapalisse-Digoin. Nous n'avons pu reprendre notre route qu'à 13 h, c'est-à-dire que nous n'avions plus beaucoup d'espoir de rejoindre le maréchal, mais nous n'avons pas voulu reculer.

J'ai la conviction d'avoir agi dans cette affaire en honnête homme et j'en porte seul la responsabilité.

Les Inspecteurs Rozat, Delacour, Laurent, et Leverrier qui m'ont suivi, s'ils n'ont pas reçu un ordre formel, ont obéi au sentiment de discipline qu'ils possédaient à un haut degré, à l'autorité que j'exerçais sur eux et aussi à l'affection et au dévouement qu'ils avaient pour moi.

Les gendarmes Chaley, Guyot et Boisson, ont obéi à l'ordre de leur chef direct, le Colonel Barre, commandant la Garde personnelle à laquelle ils appartenaient et qui, le lendemain, nous a appris la B.B.C., passait tout entière à la Résistance.

Question : que feriez-vous si demain vous étiez libre ?

Réponse : Je demanderais à être mis à la disposition du Préfet de la Nièvre en attendant que je puisse rejoindre mon service à la préfecture de Police.

Ceci ne serait que la mise en pratique des instructions que j'ai données à mon second, le Commissaire Begard, d'avoir à activer les démarches faites pour se mettre en rapport et à la disposition des forces F.F.I. voisines de Vichy. C'est ainsi que je voulais opérer et je n'ai jamais caché ce projet. Les inspecteurs Gouny et Arnal s'occupaient depuis plusieurs jours de la question et l'inspecteur Ometz devait le lundi-même entrer en rapport avec le Commandant Béssière, ancien commissaire des Chantiers de Jeunesse passée à la Résistance, et qu'il devait trouver à Charmeil, près de Vichy. Il m'avait été indiqué par le Capitaine de Vaisseau Feat du Cabinet Militaire. J'ai confirmé ces instructions à Monsieur Degard par une note hâtivement rédigée avant mon départ.

De même, avant le départ du Maréchal, en prévision de perquisitions allemandes à l'hôtel du Parc, j'avais retiré de notre bureau et mis dans la cave de l'Inspecteur Arnal, nos mitraillettes et armes diverses. J'ai pris en partant les mitraillettes avec l'intention de les remettre au premier maquis rencontré, ce que j'ai fait. Je les ai données aux F.F.I. du Donjon.

Enfin, ces temps derniers, le Maréchal, séjournait à 18 Km de Vichy, au Château de Louzat, imposé par les Allemands. J'avais à ma disposition pour la garde extérieure du château, un escadron de la Garde bien armé, sous le commandement du capitaine Savoy. Vers le 15 août, le Maréchal étant rentré à Vichy, j'ai réuni le Capitaine et ses officiers et leur ai expliqué que je ne les ferais pas rentrer à Vichy, que je les ''oubliais'', qu'ils étaient trop bien placés pour aller au maquis. Ils m'ont remercié en manifestant leur joie.

Je n'ai rien d'autre à déclarer. Ce que je viens de dire, concerne non seulement moi-même, mais aussi les quatre inspecteurs et les trois gendarmes placés sous mes ordres. C’est tant en leur nom qu'au mien que j'ai répondu aux questions posées. Ils ne peuvent en effet dire autre chose que ce que j'ai très objectivement relaté.

Lecture faite à l'inculpé de ses déclarations, il a déclaré y persister et a signé avec Nous, Juge d'instruction, et le Greffier.

Signé : Lyonnet - Jubert - Wruslin.

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Bien sûr, on est toujours un peu triste au retour d'une mission déjà engagée mais décommandée par un contrordre des autorités supérieures.

ment l'action de Maurice Papier, l'ordonnance du lieutenant André à Saulieu, a permis l'interception des fonctionnaires de l'État qui avaient reçu la demande expresse de rejoindre le convoi emmenant le maréchal Pétain en Allemagne.

Après audition du responsable de ces hommes, policiers et gendarmes, on est convaincus qu'ils n'ont pas participé aux opérations contre la Résistance et les maquis. On admet aussi que leurs fonctions n'avaient aucun rôle dans la politique de Vichy.

En conséquence, ils ne sont pas considérés comme prisonniers. Bien plus, ils sont aussitôt intégrés dans le maquis.

Le retour de Saulieu à Savault se passe sans encombre.

Les gradés, y compris les caporaux, vont loger chez l'habitant, dans une chambre.

La population réserve un accueil chaleureux aux maquisards qui viennent cantonner chez eux.

REMARQUE :

Le déroulement de cette journée historique s'inscrit dans le texte des actions de la Compagnie ANDRÉ.

Les événements relatés dans les pages précédentes ne concernent que le rôle de la Compagnie ANDRÉ. Pour avoir une vue d'ensemble, il est nécessaire de lire les livres suivants : Henri Amouroux « La grande histoire des Français sous l'occupation » Tome 8 – « Joies et douleurs du peuple libéré », Éditeur Robert Laffont, pages 438 à 451. Jacques Canaud, « les maquis du Morvan » académie du Morvan, Château-Chinon 1981, pages 326 à 352.

 

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