À la tombée de la nuit, l'ordre de départ a été confirmé. Les hommes se sont installés dans les camions. À ce moment seulement, je suis mis au courant de l'itinéraire et de la destination (Bazolle par Ouroux-Chassy-Montreuillon-Egreuil-Pain).
Comme je connais bien tout le parcours, on me désigne comme guide à côté du conducteur sur le premier camion du convoi.
La caravane s'ébranle quand la nuit est complète. Il fait beau mais froid. Suivant la tradition de l'armée française, les véhicules roulent tous feux allumés, contrairement aux Allemands qui camouflent leurs phares.
Par des routes secondaires et des chemins de traverses, le trajet jusqu'à Achun s'effectue sans mauvaises rencontres et sans accrochages. Après une pose dans le village, le convoi s'ébranle à nouveau en direction du maquis DANIEL. On parcourt les derniers kilomètres à pieds car on approche du lieu des combats. On entend déjà au loin le bruit de la canonnade et les camions constituent des objectifs trop faciles à repérer et à détruire.
LE CAMP DANIEL
On est au matin du 15 août. On arrive au camp DANIEL, un petit maquis en effervescence, comme une fourmilière qu'on vient de bousculer. L'arrivée de ces hommes qui ont circulé une grande partie de la nuit et la perspective de combats difficiles perturbentla vie du camp. Cependant, l'accueil est chaleureux et chacun se voit offrir un petit-déjeuner copieux et bien réconfortant après une nuit blanche.
Par bribes, les nouveaux arrivants apprennent la situation et les instructions suivent petit à petit. Il faut tenir deux jours pour éviter qu'un parachutage ne tombe aux mains des Allemands. Mais les hommes ignorent encore à ce moment l'enjeu réel de la bataille et les assauts successifs et meurtriers contre les maquis MARIAUX et JULIEN.
La compagnie de secours venue du Haut Morvan est aussitôt placée sous les ordres du capitaine Egeley, chef d'état-major du colonel chef départemental F.F.I.
Il donne ses ordres d'un P.C. (poste de commandement opérationnel avancé).
Sur le terrain, le déroulement des opérations et la coordination des différentes unités - qui ne se connaissent pas et n'ont jamais combattu ensemble – sont confiés au lieutenant André (Georges Guyot, jeune officié sorti de la dernière promotion de Saint-Cyr, promotion Charles de Foucauld. Résistant de la première heure dans les Corps Francs VENGEANCE en tant que responsable, à Paris d'abord, puis à Orléans, avant d'être envoyé dans le Morvan pour y mener une lutte armée.)
Sa tactique : placer la compagnie de maquisards sur une ligne de deux kilomètres derrière les unités allemandes et, au moment choisi, exercer les pressions nécessaires pour désorganiser les défenses ennemies, permettre la sortie des assiégés et empêcher qu'ils soient poursuivis par l'ennemi.
Les hommes reçoivent un déjeuner improvisé et sommaire puis montent à leurs positions respectives, au hameau des Grands Faux et de part et d'autre de ce point d'appui, le long d'un petit chemin vicinal. La section du maquis SERGE occupe le carrefour situé à trois kilomètres à l'est de Crux-la-Ville, sur la route menant de Crux aux étangs de Vaux. La section de la compagnie ANDRÉ, placée sous le commandement de l'adjudant Pierre Demongeot, tient le carrefour forestier situé à environ deux kilomètres plus à l'est sur la même route. La section du maquis CAMILLE garde le carrefour des Grands-Faux.
Tout le monde a atteint ses positions lorsque vers 11 h, le capitaine Egeley (Leban), donne de nouvelles instructions. Le lieutenant André fait alors occuper le carrefour Bazolle/Maisons-des-Bois/Corbigny/Saint-Saulge, par la section CAMILLE. La progression est très difficile, la section est obligée de se camoufler à la vue des guetteurs ennemis installés dans le clocher de Crux-la-ville qui domine tout le champ de bataille.
Arrivés à proximité du carrefour, les éclaireurs de tête voient trois soldats allemands se précipiter dans une ferme où ils se retranchent. La ferme est encerclée et le reste de la section se porte au carrefour. Avant que les F.M. aient pu se mettre en batterie, arrivent une camionnette et une voiture de tourisme conduites par les ennemis.
La camionnette parvient à passer, mais la voiture de tourisme est stoppée par le feu d'un F.M.. Les occupants réussissent à s'échapper, mais les cris et les traces de sang laissées dans la voiture indiquent qu’ils ont été blessés. Une fois le carrefour bien tenu, la ferme où sont retranchés les Allemands est encerclée. Étant donné la présence des habitants, il est impossible de tirer à feu nourri sur les fenêtres. D'ailleurs, les Allemands ne manifestent leur présence qu'en réagissant par des tirs de mitraillette si on approche trop près.
La section de la compagnie ANDRÉ, empruntant le chemin de la première section, progresse vers la route nationale. Il est 12 h 30. Un feu nourri se déclenche à ce moment au carrefour. Le lieutenant donne aussitôt l'ordre à la section de Montsauche d'appuyer la section CAMILLE sur sa droite et sur sa gauche, afin de lui éviter d'être encerclée.
Le groupe du sergent Fromonot est donc détaché à gauche de la route conduisant au carrefour et deux autres groupes sur la droite. Le lieutenant se poste au carrefour où le chef de section lui rend compte d'une attaque menée par les Allemands.
L'action qui suit est décousue et confuse à cause de la structure du pays : des haies, aucun champ de tir pour les F.M. Les haies permettent l'infiltration de l'ennemi qui bénéficie de l'observatoire de Crux-la-ville et épie nos moindres mouvements alors que nous ne disposons d'aucune visibilité d'ensemble. Le combat est singulier, à la grenade et à la mitraillette entre petits groupes.
Afin de rester maître du carrefour, le lieutenant André demande l'appui de l'automitrailleuse dont nous disposons. Cette automitrailleuse avait été subtilisée dans les ateliers de montage des usines Renault de Billancourt et conduite dans le Morvan par des résistants déguisés en mécaniciens. La mitrailleuse de tourelle, sans munitions, est remplacée par un F.M.
Sa présence sur le terrain interloque et impressionne les Allemands. Son intervention permet de consolider la position du carrefour et de nettoyer la ferme. Malheureusement cette action est trop rapide et sitôt le départ de l'automitrailleuse, les deux sections sont assaillies de nouveau par des forces supérieures en nombre et en armement.
Pendant toutes ces manœuvres, tous ces accrochages et tous ces combats, la section ENGINS de la compagnie ANDRÉ, placée sous les ordres du sergent Michel Henri, reste en première ligne pour boucher les vides entre les différents points d'appui, apporter la puissance de feu du groupe mortier (caporal de la Roque) et assurer la protection du groupe P.I.A.T. antichars (caporal Hubert Cloix).
C'est alors que le lieutenant André, accompagné du lieutenant Jacques et du groupe Hamacek, part en avant pour évaluer le dispositif ennemi. Le contact est établi à la ferme des Mauroués. Georges Hamacek revient avec deux prisonniers parachutistes, dont un Feldwebel (sergent-chef de section).
Après l'accrochage, tous les membres du groupe visitent les bâtiments abandonnés par les habitants terrorisés qui ont fuit les représailles des soldats ennemis. Ils apportent du ravitaillement fort apprécié car, loin de tout et des cuisines, il faut bien se débrouiller.
JOURNEE DU 16 AOÛT:
La nuit du 15 au 16 août commence dans le calme. La plupart des hommes dorment à l'abri quand soudain, vers 2 h du matin, des unités ennemies amorcent une manœuvre pour prendre les assiégés à revers. C'est au cours de leur mouvement qu'elles tombent sur nos veilleurs.
Le ciel alors s'illumine de balles traçantes. Aussitôt, chaque groupe rejoint son poste de combat. Les Allemands, surpris se retirent, laissant le champ libre à nos patrouilles. Mais chacun doit se tenir prêt pour de nouvelles attaques et rester en position. Ordre est donné de ne plus tirer pour éviter les repérages de l'ennemi.
L'arrivée en ligne inattendue de la compagnie André a déconcerté les hommes de la Wehrmacht, surpris de cette attaque à revers. Heureux de sentir la présence de troupes amies, les hommes du maquis MARIAUX, malgré leur fatigue, redoublent de combativité. Les Allemands évacuent la Maison du Bois.
À l'est, les assiégés réussissent leur percée et rejoignent les éléments avancés de la compagnie ANDRÉ. À l'ouest, l'étau allemand est franchi à la Caretarderie. Les assiégés se regroupent et, après quelques repos, peuvent reprendre la route vers les maquis d'accueil du Haut Morvan. Les unités de secours empêchent les allemands de les poursuivre et de les exterminer.
A 9 h du matin, alors qu'il fait grand jour, les hommes de la compagnie ANDRÉ qui ont repoussé l'attaque de la nuit reçoivent l'ordre de repos aux Grands Faux.
Après deux nuits presque blanches, le sommeil ne se fait pas attendre. Ce repos est de courte durée.
Vers 11 h, tout le monde est réveillé par des tirs de mitrailleuses, des rafales de F.M. accompagnées du bruit des mortiers et des Minen Verfer. Les projectiles font sauter les tuiles et les ardoises des toitures.
Un groupe du maquis JULIEN est durement accroché par surprise dans une ferme.
Une patrouille du P.C. venue les aider est à son tour encerclée. Il y a un blessé, le tireur du F.M.. Le lieutenant André envoie toute sa section pour dégager les troupes en difficulté, rétablir la situation et tenir le carrefour des Grands Faux.
Il faut tenir solidement ce carrefour coûte que coûte car il est le pivot de l'itinéraire de repli vers le maquis DANIEL. Le pivot d'un dispositif beaucoup trop étendu pour les effectifs français, malgré l'arrivée de deux sections du maquis du LOUP qui vont aussitôt renforcer les défenseurs des Grands Faux.
Dès la reprise des combats, le lieutenant André confie à Hubert la mission de repérer les trajets par lesquels l'ennemi achemine ses renforts. Il part seul à travers prés et pâtures, traversant des haies. Il grimpe à un grand peuplier et y reste près de deux h. De là-haut, il ne voit rien car les haies forment des caches remarquables pour la progression de l'ennemi. Il essuie des tirs. Par la direction des points de départ, il comprend que l'ennemi l'a dépassé et que son retour vers les Français est compromis. Il profite des haies pour rejoindre les Grands Faux.
Mais là, plus de Français. Le hameau est tenu par les allemands. Que s'est-il donc passé, pourquoi les Français se sont-ils repliés ?
La raison en est bien simple : la mission de sauvetage des maquis MARIAUX et JULIEN est terminée. Toute résistance coûterait trop cher vu l'écart considérable entre les effectifs en présence et la puissance de feu de part et d'autre.
Hubert, porté disparu, peut par miracle traverser le hameau des Grands Faux. Le premier Français qu'il rencontre est Georges Hamacek venu à sa recherche malgré les tirs de mortiers et d'armes automatiques qui balayent la zone à traverser.
Le retour vers la ligne française est émaillé de traversées acrobatiques à travers haies et épineux de toutes sortes.
Les retrouvailles avec la compagnie ont lieu au hameau de Vorroux.
Envoyer un homme seul en observation peut surprendre un militaire de carrière. Mais, au vu les circonstances particulières de la bataille en cours et le peu d'effectifs dont il dispose, la décision du lieutenant André s'est montrée particulièrement judicieuse.
En effet, les officiers allemands ne peuvent pas imaginer qu'un observateur tout seul, sans aucune protection, s'avance jusque dans leurs lignes.
Ils ont donc modifié leur plan d'attaque pour contourner cet obstacle imaginaire et avancer avec plus de prudence et de lenteur que s'ils avaient eu le champ libre.
Ce répit a laissé tout le temps nécessaire aux diverses unités des maquis pour se regrouper avant la montée dans le Morvan et a évité aux Français de nouvelles pertes.
Une section du maquis « LE LOUP », composée principalement d'hommes qui n'ont jamais combattu, vient couvrir l'aile droite du front. Cela facilite les opérations de repli qui se poursuivent par échelons, dans l'ordre.
D'abord à Vorroux, où chacun peut se restaurer un peu. Puis décrochage à pieds, durant une grande partie de la nuit. Des tirs sporadiques indiquent la volonté des allemands de chercher un succès. En vain.
À Egreuil, les hommes peuvent dormir de 4 h à 7 h, heure à laquelle des camions rembarquent tout le monde pour le camp de Cœuson (Montsauche). Le retour se fait sans encombre pour les unités de secours. Par contre un convoi des assiégés se trouve nez à nez avec des Allemands. Il faut se battre à nouveau vers Montreuillon pour se frayer la route vers les maquis sauveurs. Il y a encore quelques morts et blessés.
Le récit de ces journées peut paraître un peu touffu, un peu décousu. Il faut le reconnaître, la bataille de Crux-la-ville a présenté des aspects bien différents selon qu’il s’agisse les assiégés des maquis MARIAUX et JULIEN ou des unités de secours. Il faut reconnaître aussi que, comme dans toute bataille, les combattants n'arrivent pas à saisir le déroulement des opérations en cours et la situation exacte. Moi-même, en observation avec des jumelles, perché en haut d'un peuplier derrière les lignes allemandes, je n’ai pas aperçu un seul ennemi.
Comment se fait-il que l'attaque des Allemands, qui aurait du tourner à la tragédie pour les Français avec plus de 1000 morts, se soit terminée à la grande confusion des attaquants ?
Essayons de comprendre :
Le 11 août, les allemands encerclent les maquis MARIAUX et JULIEN. Le 13 août, l'état-major départemental prend connaissance du document qui annonce le début de la bataille et l'importance des effectifs allemands. Bien que lent à réagir, il met en alerte tous les maquis.
Le 14 août, de tout le département, des unités de renfort viennent au secours des assiégés. Ces derniers, épuisés par trois jours de combats incessants, arrivent au bout de leurs munitions. Ils décident de tenter un repli. Ils sont encerclés, la manœuvre n’a put réussir que grâce à la présence de troupes fraîches qui arrêtent les assauts allemands et barrent la route aux poursuivants. Il serait injuste aussi de passer sous silence les opérations de diversion de l'unité F.T.P. du commandant Roland Champenier qui détruit huit camions de munitions et immobilise les convois ennemis vers Prémery, les Ombreaux, Moussy.
Les Allemands ont subi de lourdes pertes au cours des assauts successifs et ont constaté l'insuccès de leurs attaques et de leur stratégie. Ils sont contraints d'abandonner le champ de bataille, ce qui marque un tournant dans l'histoire des combats des Forces Françaises de l'Intérieur pour la libération du territoire national.
Avant la bataille de Crux-la-Ville, les Allemands avaient l'initiative des opérations. Ils avaient engagé des moyens tels qu'ils avaient toujours eu le dessus face aux maquisards et aux résistants. Ils avaient conquis le plateau des Glières en haute Savoie au cours du printemps de 1944, puis le plateau du Vercors et le camp retranché de Saint-Marcel en Bretagne en juin 1944. Dans le Morvan, en juillet et au début d'août, plusieurs maquis comme celui de CHAUMARD avaient été attaqués et dispersés. À Crux-la-ville, pour la première fois, face aux maquisards, la Wehrmacht doit se replier. Pour la première fois, des compagnies entières de F.F.I. ont pu traverser une grande partie du département sans être inquiétées.
Après cette victoire, chaque unité a rejoint son maquis d'origine, Toutefois, de part et d'autre, le bilan est lourd. Les Français ont perdu plus de 150 hommes, tués, blessés, disparus, fusillés, mais les pertes allemandes sont beaucoup plus importantes. On parle de 350 tués, 86 blessés, et quelques prisonniers.
Les Français viennent de démontrer aux allemands que ceux qu'ils prenaient pour de vulgaires « Terroristes » sans discipline, sans formation militaire, attirés par l'attrait du pillage, sont en réalité de vrais combattants, bien encadrés par des officiers de valeur. Ils viennent de démontrer leur efficacité et leur volonté de combattre. La victoire des maquisards de Crux-la-Ville a contraint l'état-major allemand à une révision de ses plans de retraite. Le Morvan, qu'il pensait mater, lui donne au contraire, bien du fil à retordre. Pour assurer la sécurité du repli des divisions cantonnées au sud-ouest de la France - c'est-à-dire, depuis les Pyrénées jusqu'à la Loire - il doit maintenir des garnisons importantes dans les principales villes et bourgades du Nivernais et du Morvan. Des casernes, des écoles, des bâtiments publics sont réquisitionnés et occupés à Nevers, Château-Chinon, Corbigny, Avallon, Autun Saulieu, Luzy Montceau-les-Mines, pour constituer autant de points fortifiés destinés à accueillir le reflux des troupes en direction de l'est et de l'Allemagne. Toutes ces unités immobilisées font cruellement défaut aux Allemands pour essayer d'arrêter l'avance des armées françaises et alliées, tant au sud dans la vallée du Rhône, qu'au nord de la Seine.
Toutes les précautions des Allemands demeurent vaines devant la détermination des Français. Après Crux-la-ville, les opérations reprennent contre les troupes d'occupation. Des embuscades sont dressées tout au long des axes de repli. Des opérations plus importantes sont montées, comme au Pont du Mental, près de Dun-les-Places, la cité martyr.
Des sections de la compagnie ANDRÉ et des éléments venus d'autres maquis immobilisent l'ennemi pendant un certain temps. La traversée du Morvan devient la terreur des Allemands. Pour s'en persuader, il n'est que de consulter les documents saisis lors de la dernière embuscade de Saint-Péreuse, le 4 septembre 1944. Plusieurs groupes de la compagnie ANDRÉ ont intercepté un convoi qui se dirigeait vers Château-Chinon. Deux voitures furent immobilisées par les fusils-mitrailleurs, une troisième détruite par le P.I.A.T. (Projector d'Infantery Anti-Tank).
Du côté allemand, il y eut des morts, il y eut des blessés. Parmi eux, le chef de la Kommandantur de Nantes. C’est dire l’importance des documents saisis, entre autre les plans des défenses de Nantes et des alentours. Il y eut aussi, et cela concerne plus particulièrement notre sujet, une note de service distribuée à tous les chefs d'unités. Elle contient toutes les consignes de sécurité pour échapper aux « Terroristes ». Le mot est à toutes les pages. Le ton du document montre bien que la traversée des routes du Morvan était devenue la hantise des responsables Allemands. Ces documents furent saisis et je les ai traduits sur place. Ils ont été remis à l'état-major départemental F.F.I. par le lieutenant André. Le Morvan fut complètement libéré le 12 septembre 1944, après que 30.000 soldats allemands furent faits prisonniers. Beaucoup d'autres cessèrent le combat et se firent désarmer sans même tenter la traversée de la seule issue qui leur restait pour rejoindre le gros des troupes allemandes.
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