Les réseaux de résistance ont accueilli en leur sein de nombreux médecins, dont certains payèrent de leur vie leur engagement et moururent fusillés, ou en déportation. La psychologie même du médecin le préparait à la Résistance. Aussi les origines de la résistance du monde médical se confondent t’elles avec l’arrivée des Allemands en France.
Le professeur José Aboulkerétait étudiant en médecine à Alger, lorsqu’il fut mobilisé en avril 1940. Démobilisé en février 1941, il devient l’un des principaux animateurs de la résistance en Algérie, préparant l’aide française au débarquement. Dans la nuit du débarquement américain en Afrique du Nord, le 9 novembre 1942, il commandera l’occupation d’Alger par quatre cents résistants. Arrêté en décembre 1942, il sera libéré et rejoindra Londres en mai 1943. Il sera nommé Compagnon de la Libération, au titre de la Résistance Intérieure, le 30 octobre 1943. Délégué à l’organisation du Service de Santé, préparant l’organisation sanitaire à la libération, il accomplira plusieurs missions en France occupée. Il sera délégué de la résistance d’Algérie à l’Assemblée Consultative Provisoire de Paris en 1944-1945. Il reprendra ses études de médecine après la guerre et deviendra professeur de neurochirurgie des hôpitaux de Paris.
Le docteur Jean Coggiaétait étudiant en médecine à la faculté de Montpellier. Il s’était engagé dans l’armée de l’air, à la déclaration de la guerre et son unité avait été évacuée au Maroc. Il reprend ses études de médecine à Alger et tente de rejoindre la France Libre à Londres. Arrêté il est incarcéré à Tunis le 7 mai 1942. Il sera libéré en novembre 1942 et entrera alors dans le réseau de résistance mounier avec le grade de lieutenant du BCRA. Installé à Bizerte comme médecin auxiliaire dans un dispensaire, il sera arrêté au nouveau sur dénonciation, le 20 janvier 1943. Le 24 février 1943, il s’évadera pour rejoindre les troupes françaises. Surpris par les Allemands, après une résistance acharnée il sera blessé puis achevé sur place. Il sera nommé Compagnon de la Libération, au titre de la Résistance Intérieure, à titre posthume, le 4 mai 1944.
Le docteur Roger Coquoin(alias François, puis Lenormand), ancien de la guerre 1914-1918, était interne des hôpitaux de Paris. Capitaine pendant la campagne de France, il a été blessé le 5 juin 1940. Refusant la défaite, il rencontre Honoré D’Estienne D’Orves, responsable du réseau nemrod. Roger Coquoin s’engage dans la France Libre en décembre 1940. En 1942 il entrera dans le mouvement ceux de la libération et représentera celui-ci à la séance inaugurale du Conseil National de la Résistance le 27 mai 1943. Il sera abattu par les Allemands le 29 décembre 1943, à Paris et sera nommé Compagnon de la Libération, au titre de la Résistance Intérieure, le 16 août 1944.
Le docteur Tibor Revest-Long(alias Thibault, puis Creole), d’origine hongroise, avait commencé ses études de médecine à Vienne en France et les avait terminées à Paris. Refusant l’armistice, il entre très rapidement en résistance, dans le réseau electre, tout en continuant à exercer la médecine. En 1943 il quitte sa famille et son métier pour entrer dans la clandestinité, dans le réseau actions. Il est chargé des liaisons radiotélégraphiques. Grâce à son action, 189 opérateurs opèrent dans 80 centres différents, permettant d’échanger 50 000 télégrammes avec Londres. À la veille du débarquement en Normandie, il rejoindra Londres. Il sera nommé Compagnon de la Libération le 24 mars 1945, au titre de la Résistance Intérieure.
Le docteur Charles Cliquethabitait, au moment de l’armistice, à Vierzon, avec sa femme et ses deux enfants. Il commence, avec son épouse, des activités de résistance, dès juin 1940, en aidant des prisonniers à passer en zone libre. Dénoncé il est arrêté, une première fois en juillet 1940, mais relâché faute de preuves. Il recommence immédiatement ses activités, en relation avec les services de renseignement de Londres. Il adhère à la France Libre en juillet 1941. Il réussira ainsi à faire passer mille cinq cent personnes, agents français et aviateurs alliés. Il sera arrêté une nouvelle fois, en août 1942, puis relâché. Le 23 mars 1943, il sera arrêté une troisième fois, torturé pendant 17 jours, puis envoyés en camp de concentration à Buchenwald. Après deux tentatives d ‘évasion, il rejoindra les alliés le 11 avril 1945. Il sera nommé Compagnon de la Libération, au titre de la Résistance Intérieure, le 26 septembre 1945.
Le docteur Henry Ingrand(alias Mazieres) était interne des hôpitaux de Paris. Mobilisé comme médecin-lieutenant, il ne pouvait accepter l’armistice. Il avait participé à la manifestation du 11 novembre à Paris. Dès janvier 1941, il entre en résistance dans le mouvement de libération nationale d’Henri Fresnay, à qui il a été présenté par sa future épouse. Il sera arrêté le 29 juin 1942, puis relâché. Arrivé à Clermont-Ferrand en octobre 1942, il sera nommé chef régional de combat, puis des MURS, en mars 1943. Président du comité régional de libération, Henri Ingrand prendra une part active aux combats du mont Mouchet, où il fera preuve d’un grand courage. Il sera nommé commissaire de la République de la région centre, à Clermont-Ferrand, par le général De Gaulle et prendra son poste, à la libération, le 28 août 1944. Il sera nommé Compagnon de la Libération, au titre de la Résistance Intérieure, le 17 novembre 1945.
Le docteur Jacques Baumel(alias Saint-Just, puis Berneix, puis Rossini) avait fait ses études au lycée Thiers, puis à la faculté de médecine de Marseille. Mobilisé en tant que médecin auxiliaire, il avait essayé de rejoindre Londres, au cours de l’été 1940. Démobilisé en 1941, il reprit ses études de médecine à l’hôpital de la conception à Marseille. Il entre en résistance en décembre 1941, après avoir rencontré Maurice Chevance Bertin. Il participe à la réunion constitutive de combat, pour la Région R2. Sous couvert de sa profession médicale, il voyage constamment et multiplie les contacts. En 1943 il deviendra secrétaire général des MURS à Paris. Il créera avec le professeur Louis Pasteur Vallery-Radot, la commission du service de santé de la résistance. En novembre 1944 il deviendra secrétaire général du mouvement de libération nationale. Il sera nommé Compagnon de la Libération, le 27 décembre 1945, au titre de la Résistance Intérieure et restera, toute sa vie, fidèle à l’engagement politique du général De Gaulle.
Docteur B-F MICHEL