Préface du Général LECUYER
Il faut avoir vécu la vie d'un maquis - un vrai - pour avoir une idée de ce qu'a pu être celle d'une "Organisation de Résistance" ayant comme seul objectif de participer à la Libération de la France par les armes.
Ayant appartenu au Maquis de Beuil, commandé par le Capitaine de Lestang-Labrousse alias Rodolphe, Boris de Gueyer, alors âgé de 19 ans, s'est lancé aujourd'hui -c'est à dire 50 ans plus tard - dans le travail considérable qui consistait à étudier la naissance, le développement, l'armement, l'instruction, l'entraînement, les difficultés, les risques, l'engagement, les victoires, mais aussi les coups durs de l'O. RA. de la Région R.2, laquelle en janvier 1944 devint un élément des Forces Françaises de l'intérieur (F.F.I.) mises sous le commandement de Général Koenig et par conséquent à la disposition du commandement Interallié, comme les F.F.L. et les autres unités françaises.
Les messages, passés le 1er et le 5 juin 1944 sur les ondes de la B.B.C. ont lancé dans la guérilla généralisée les F.F.I de toute la France (ou, au moins, celles qui ont accepté de ne pas discuter les ordres).
L'O.R.A. et les autres mouvements de R.2 qui ont exécuté ceux-ci, se sont trouvés seuls face aux occupants et leurs aides, pendant 70 jours.
Mais malgré leur faiblesse relative et travaillant sur les arrières ennemis, dans les zones les plus favorables à la guérilla, ces Maquis ont créé sur ces arrières une situation que les Alliés ont utilisée pour modifier une partie de leurs plans en mettant sur pied le 18 août une force spéciale (Task Force) commandée par le Général Butier, qui, guidée par des maquisards, s'empara successivement et sans coup férir des garnisons de Digne le 19 août et de Gap le 20 août, puis poursuivant ses succès vers le nord et aussi vers l'ouest, se trouva à Livron (au confluent de la Drôme et du Rhône) le 21 août, à 200 km à vol d'oiseau au nord de Marseille, plaçant les forces allemandes dans une situation difficile, qui fit, qu'à peu de choses près, le 28 août - après la reddition de Marseille et de Toulon et l'évacuation de Nice, il n'y avait plus dans R.2 que des Allemands blessés ou prisonniers.
Ce sont des faits qui me paraissent utiles de faire entrer dans la mémoire nationale, car ils montrent qu'à ceux qui ont la foi dans la victoire, rien n'est impossible.
Si quelques petites erreurs ont pu se glisser dans l'exposé, il ne faut pas s'en étonner nous n'avions pas, comme dans les unités régulières - et par prudence - relaté jour par jour nos actions par écrit.
Le travail de l'auteur n'en est que plus méritoire et il a droit à nos félicitations.
Général Jacques Lécuyer dit Sapin
Chef Régional O.R.A. de la Région R.2
Le Capitaine LECUYER en 1944
Le Général LECUYER