Le 16 juin 1944, le village de Saint-Didier, à quelques kilomètres de Trévoux, va être le théâtre d'une opération de représailles terriblement sanglante.
Ce jour-là, vers 20 heures, des hommes du SIPO-SD (Sicherheitsdienst) en garnison à Lyon font sortir 30 prisonniers qui étaient détenus à la prison de Montiuc et les font monter dans une camionnette.
Cette dernière se met en route, précédée d'un véhicule où ont pris place plusieurs sous-officiers et officiers, et suivie d'un autre.
Le convoi se dirige Place Bellecour, au siège de la Gestapo, et stationne là près de 20 minutes, dans la cour. Il repart dans la même formation et quitte la ville en direction du nord. Les véhicules traversent Caluire, Fontaines-sur-Saône, Neuville-sur-Saône, Trévoux.
Quelques kilomètres après Trévoux, sur la route de Bourg, la camionnette s'arrête à proximité d'un pré au lieu-dit "Roussille" sur le territoire de Saint-Didier-de Formans.
Une des autos d'accompagnement va se placer en travers de la route à environ 50 m en avant, l'autre en fait autant en arrière.
Sur l'ordre des Allemands, quatre détenus sont extraits de la camionnette, démenottés et exécutés dans le pré. Une autre série de quatre exécutions suit.
Un prisonnier tente de s'échapper : il quitte sa veste, la lance sur un de ses bourreaux puis court en direction de la rivière du Formans qui clôt l'autre bout du pré. Les mitraillettes crépitent, il est abattu alors qu'il a déjà traversé tout le pré et qu'il se heurte à un rang de fils de. fers barbelés.
Les exécutions s'enchaînent pendant près d'un quart d'heure.
Quelques heures après le massacre, les habitants du village de Saint-Didier prendront en charge deux blessés, les deux seuls rescapés de la fusillade.Il s'agit de Charles Perrin et Jean Crespo. Les 28 corps criblés de balles qui jonchent le pré seront transportés dans un entrepôt tout proche où la police judiciaire viendra procéder aux identifications.
Parmi eux, des artisans, des étudiants, un militaire de carrière, un avocat et un professeur à la Sorbonne : Marc Bloch. Les corps seront inhumés le 18 juin au cimetière de Saint-Didier-de-Formans.
Le premier anniversaire de la fusillade de Roussille est célébré en 1945 en présence d'Edouard Herriot et d'Yves Farge, commissaire régional de la République et co-auteur du Mémorial de l'oppression, tous deux accompagnés des représentants de divers groupements de la Résistance et d'une foule considérable. Le dimanche 16 juin 1946, un monument commémoratif est inauguré à Roussille sur le lieu du massacre.