Introduction

Entre 1943 et 1945, la France traverse une période cruciale de son histoire, marquée par l’occupation allemande, la collaboration du régime de Vichy, et la lutte incessante des mouvements de résistance. La libération et la refondation de la France, durant cette période, sont des processus complexes impliquant une multitude d’acteurs et de dynamiques politiques, sociales et militaires. Cet essai propose de répondre à la question de la libération et de la refondation de la France en explorant trois axes principaux : les actions de la Résistance intérieure et extérieure, les enjeux politiques de la Libération, et la reconstruction de l'État et de la société française après la guerre.

I. La Résistance : un combat intérieur et extérieur

A. La Résistance intérieure : organisation et actions

La Résistance intérieure française se compose d'un réseau de mouvements, de réseaux et de maquis. Dès l'occupation, des groupes divers se forment pour s'opposer à l'occupant allemand et au régime de Vichy. Ces mouvements, tels que les Francs-Tireurs et Partisans (FTP), Libération-Nord et Combat, mènent des actions de sabotage, de renseignement et de propagande pour affaiblir les forces d'occupation.

Le Conseil National de la Résistance (CNR), créé en mai 1943 sous l'impulsion de Jean Moulin, unifie ces mouvements. Le programme du CNR, adopté en mars 1944, prévoit des réformes sociales et politiques pour l'après-guerre, mettant en avant des valeurs de liberté, d'égalité et de justice sociale.

B. La Résistance extérieure : le rôle de la France libre et des Alliés

La France libre, dirigée par le général Charles de Gaulle depuis Londres, joue un rôle crucial dans la lutte contre l'occupant. De Gaulle refuse la capitulation et s'efforce de maintenir l'image d'une France combattante sur la scène internationale. Les Forces françaises libres (FFL) participent activement aux opérations alliées, notamment en Afrique du Nord et en Italie.

Les Alliés, en particulier les États-Unis et le Royaume-Uni, fournissent un soutien logistique et militaire essentiel à la Résistance. Les opérations de parachutage d'armes et de matériel, ainsi que les missions de liaison, permettent de coordonner les efforts entre la Résistance intérieure et les forces alliées.

II. Les enjeux politiques de la Libération

A. La restauration de l'État républicain

À la Libération, l'enjeu majeur est de restaurer un État républicain après quatre ans de régime de Vichy. De Gaulle s'impose comme le chef du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Le défi est de rétablir l'autorité de l'État tout en intégrant les forces de la Résistance dans les structures administratives et militaires.

Les épurations, bien que controversées, sont mises en œuvre pour juger les collaborateurs et réaffirmer l'autorité républicaine. Elles visent à purger l'administration, les milieux économiques et la police des éléments compromis avec l'occupant.

B. La reconstruction politique : vers la Quatrième République

La refondation politique de la France passe par la mise en place de nouvelles institutions. En 1944-1945, une série d'ordonnances jette les bases d'une république sociale et démocratique. Le droit de vote est accordé aux femmes, marquant une avancée significative en matière de droits civiques.

Le référendum de 1945 et les élections constituantes mènent à la rédaction d'une nouvelle constitution, adoptée en 1946, qui instaure la Quatrième République. Cette période est marquée par des débats sur la nature du régime, avec un équilibre difficile à trouver entre un pouvoir exécutif fort et un parlementarisme traditionnel.

III. La reconstruction de la société française

A. Les réformes économiques et sociales

La Libération s'accompagne d'une volonté de transformation sociale. Le programme du CNR, appliqué par le GPRF, prévoit la nationalisation des secteurs clés de l'économie (banques, énergie, transports) et la création de la Sécurité sociale, pour garantir une protection sociale universelle.

Les réformes agraires et la modernisation de l'industrie sont également des priorités pour assurer une croissance économique durable et réduire les inégalités sociales exacerbées par la guerre.

B. La mémoire de la guerre et la réconciliation nationale

La reconstruction de la société passe aussi par un travail de mémoire. La reconnaissance des sacrifices des résistants et des déportés est essentielle pour cimenter l'unité nationale. Les commémorations et les monuments dédiés à la Résistance et aux victimes de la guerre jouent un rôle crucial dans ce processus.

Parallèlement, la réconciliation nationale doit s’opérer, malgré les tensions entre anciens collaborateurs et résistants. La politique de réconciliation menée par de Gaulle, axée sur l'amnistie et la réintégration des anciens ennemis de la République, vise à tourner la page des divisions de la guerre.

Conclusion

La période de 1943 à 1945 est déterminante pour la libération et la refondation de la France. Les efforts conjugués de la Résistance intérieure et extérieure, le rôle des Alliés, et les initiatives politiques et sociales de la Libération posent les fondements d'une nouvelle République. Cette refondation s'articule autour des valeurs de liberté, d'égalité et de justice sociale, dessinant les contours de la France moderne. La mémoire de cette époque, célébrée et commémorée, continue d'inspirer et de renforcer l'identité nationale française.