Par Raymond ALEXANDER
Président d'honneur de la MVR
La période de l'Occupation et du régime de Vichy en France est marquée par une répression systématique des organisations maçonniques. En dépit des persécutions, de nombreux francs-maçons ont joué un rôle crucial dans la Résistance française, tandis que d'autres, malheureusement, ont collaboré avec l'occupant. Ce document explore les mesures prises par Vichy contre les francs-maçons, présente les figures principales de la Résistance maçonnique, examine les cas de collaboration, et conclut avec une bibliographie et des liens utiles pour approfondir le sujet.
Le régime de Vichy, sous l'influence des idéologies fascistes et antisémites, a rapidement ciblé les francs-maçons, les considérant comme des ennemis de l'État. Les principales mesures incluent :
Ces mesures ont forcé de nombreux francs-maçons à entrer dans la clandestinité ou à se retirer de la vie publique.
Jean Moulin est peut-être la figure la plus emblématique de la Résistance française. Initié à la franc-maçonnerie en 1927, Moulin a joué un rôle crucial en unifiant divers mouvements de résistance sous la direction de Charles de Gaulle. En tant que représentant du Général de Gaulle, il a établi le Conseil National de la Résistance (CNR) en 1943. Son arrestation et sa mort sous la torture en juillet 1943 ont fait de lui un martyr de la Résistance.
Journaliste, homme politique et membre de la franc-maçonnerie, Pierre Brossolette a été un chef de file dans la lutte contre l'occupant nazi. Il a rejoint les Forces Françaises Libres et a travaillé à Londres avant de mener plusieurs missions en France occupée. Capturé par la Gestapo en 1944, il se suicide pour éviter de trahir ses camarades sous la torture.
Juriste et diplomate, René Cassin a été un ardent défenseur des droits de l'homme et un membre actif de la franc-maçonnerie. Pendant la guerre, il s'exile à Londres et devient un proche collaborateur de De Gaulle, contribuant à la rédaction des textes fondateurs de la France Libre et, après la guerre, à la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Écrivain et homme politique, André Lebey a été un résistant actif contre le régime de Vichy. Membre du Grand Orient de France, il a participé à des actions de sabotage et à l'organisation de réseaux d'évasion pour les résistants et les Juifs.
Homme politique et membre de la franc-maçonnerie, Georges Mandel a été un fervent opposant au régime de Vichy. Arrêté en 1940, il a été déporté en Allemagne puis ramené en France, où il a été assassiné par la Milice en 1944.
Commissaire de la République à Marseille, Émile Bollaert, franc-maçon, a joué un rôle important dans l'organisation de la Résistance dans le sud de la France. Après la guerre, il a continué à servir la République en tant que haut fonctionnaire.
Avocat et homme politique, Gaston Monnerville, membre du Grand Orient de France, a été un résistant actif. Après la guerre, il est devenu président du Conseil de la République puis président du Sénat.
Malheureusement, tous les francs-maçons n'ont pas résisté à l'occupation. Certains ont choisi la voie de la collaboration, parfois par opportunisme, parfois par conviction.
Écrivain et politicien, Abel Bonnard, surnommé "Gestapette" en raison de son homosexualité et de ses liens étroits avec les nazis, a été membre de l'Académie française. Il collabora activement avec le régime de Vichy, devenant ministre de l'Éducation nationale en 1942. Après la guerre, il a été jugé et condamné à la dégradation nationale à vie par contumace en 1945. Il s'exila en Espagne et mourut en 1968.
Pierre Laval, bien que rarement associé directement à la franc-maçonnerie, est souvent mentionné dans ce contexte en raison de ses liens avec des réseaux maçonniques avant la guerre. Premier ministre du gouvernement de Vichy, Laval a été un collaborateur zélé, facilitant la déportation des Juifs et collaborant étroitement avec l'occupant nazi. Il a été jugé et exécuté en 1945 pour trahison.
Joseph Darnand, chef de la Milice française, a été un fervent collaborateur avec les nazis. Bien qu'il n'ait pas été franc-maçon, il a eu des liens avec certains membres de la franc-maçonnerie. Il a été jugé et exécuté en 1945 pour trahison et crimes de guerre.
Banquier et homme politique, Jacques Barnaud, franc-maçon, a collaboré avec le régime de Vichy en tant que délégué général aux relations économiques franco-allemandes. Après la guerre, il a été jugé mais acquitté, bien qu'il ait été interné pendant une période en raison de ses activités.
Henri Lafont, chef de la "Gestapo française", était un collaborateur actif avec les nazis. Bien qu'il ne soit pas franc-maçon lui-même, il a utilisé ses liens avec certains maçons pour ses activités criminelles. Il a été capturé, jugé, et exécuté en 1944.
L'histoire des francs-maçons pendant l'Occupation et la Résistance française est marquée par des contrastes saisissants. D'un côté, de nombreux francs-maçons ont joué des rôles clés dans la lutte contre l'occupant nazi, contribuant de manière significative à la libération de la France. De l'autre, quelques individus ont choisi la voie de la collaboration, ternissant ainsi l'image de la franc-maçonnerie. Ce document a tenté de rendre compte de cette complexité en soulignant les actions héroïques des résistants maçons tout en reconnaissant la trahison de certains de leurs membres.
Ce document offre un aperçu de la complexité des rôles joués par les francs-maçons pendant la Seconde Guerre mondiale, en rendant hommage à ceux qui ont résisté tout en reconnaissant la trahison de certains.