Par Raymond ALEXANDER
Président d'honneur de la MVR
Introduction
Bien que la Grande-Bretagne n'ait jamais été occupée par les forces nazies, il y a eu des collaborateurs, des espions et des traîtres qui ont travaillé au service de l'Allemagne nazie. Ce document explore le contexte historique de cette période, les principales figures de la collaboration en Grande-Bretagne et leurs actions, et se termine par des références bibliographiques et des sources en ligne.
1. Contexte Historique
1.1 La Menace Nazie et la Grande-Bretagne
La Seconde Guerre mondiale a vu la Grande-Bretagne se tenir seule contre l'Allemagne nazie après la chute de la France en 1940. L'Opération Sea Lion, le plan d'invasion de la Grande-Bretagne par les nazis, et le Blitz, campagne de bombardements intensifs, ont mis le pays sous une pression énorme.
1.2 La Propagande Nazie et la Cinquième Colonne
Les nazis ont tenté de semer la discorde en Grande-Bretagne en utilisant la propagande et en soutenant des mouvements d'extrême droite et des individus sympathisants. La peur de la "cinquième colonne", des traîtres opérant de l'intérieur, était une préoccupation constante pour les autorités britanniques.
2. Les Collaborateurs Nazis en Grande-Bretagne
2.1 William Joyce (Lord Haw-Haw)
William Joyce, mieux connu sous le nom de Lord Haw-Haw, est probablement le plus célèbre des collaborateurs britanniques. Né à Brooklyn, aux États-Unis, et élevé en Irlande, Joyce a rejoint le British Union of Fascists avant de devenir un propagandiste pour les nazis. Ses émissions de radio depuis l'Allemagne, destinées à saper le moral britannique, ont fait de lui un symbole de trahison. Capturé à la fin de la guerre, il a été jugé et exécuté pour trahison en 1946.
2.2 John Amery
John Amery, fils de Leo Amery, un ministre du gouvernement britannique, était un fervent nazi et antisémite. Il a proposé la formation de la "Légion des volontaires britanniques", un groupe de combattants britanniques pour la Wehrmacht. Amery a voyagé à travers l'Europe occupée par les nazis pour recruter des Britanniques et d'autres sujets de l'Empire britannique pour lutter aux côtés des nazis. Capturé en Italie en 1945, il a été jugé pour haute trahison et exécuté.
2.3 Norah Briscoe et Anna Wolkoff
Norah Briscoe et Anna Wolkoff étaient membres de l'Union britannique des fascistes et ont été impliquées dans un réseau d'espionnage nazi. Wolkoff, fille d'un ancien attaché naval russe, a utilisé son salon de thé à Londres comme couverture pour des activités d'espionnage. Elles ont été arrêtées en 1940 après avoir été impliquées dans une tentative de transmission de documents secrets aux nazis. Les deux femmes ont été condamnées à des peines de prison pour leurs activités.
2.4 Tyler Kent
Tyler Kent était un employé de l'ambassade américaine à Londres qui a utilisé son poste pour espionner au profit des nazis. En tant que code clerk, il avait accès à des informations confidentielles et a volé des documents secrets, y compris des communications entre Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt. Kent a été arrêté en mai 1940 et condamné à sept ans de prison.
2.5 Oswald Mosley
Oswald Mosley, le leader de l'Union britannique des fascistes, bien que principalement un collaborateur indirect, a entretenu des relations avec les nazis. Après la déclaration de guerre, Mosley a été interné en 1940 avec sa femme Diana Mitford sous le Règlement de défense 18B, en raison de leurs sympathies pro-nazies et de la menace qu'ils représentaient pour la sécurité nationale.
3. Actions et Activités des Collaborateurs
3.1 Propagande et Désinformation
Les collaborateurs comme William Joyce utilisaient la radio pour diffuser des messages de propagande visant à démoraliser la population britannique. Ces émissions critiquaient les dirigeants britanniques, exagéraient les succès nazis et prédisaient la défaite inévitable de la Grande-Bretagne.
3.2 Espionnage et Transmission de Renseignements
Des individus comme Tyler Kent et les membres du réseau Wolkoff-Briscoe ont participé à la collecte et à la transmission de renseignements sensibles aux Allemands. Ces activités incluaient le vol de documents confidentiels et la tentative de les faire parvenir aux agents nazis.
3.3 Recrutement et Formation de Groupes Pro-Nazis
John Amery et d'autres collaborateurs ont tenté de recruter des Britanniques pour lutter aux côtés des forces nazies. La Légion des volontaires britanniques, bien que peu nombreuse, représente un effort direct pour soutenir militairement le régime nazi.
3.4 Sabotage et Subversion
Bien que moins documentées, des tentatives de sabotage et de subversion de l'effort de guerre britannique ont été entreprises par certains collaborateurs. Ces efforts visaient à perturber les opérations militaires et à semer la confusion et la peur parmi la population.
4. Réactions et Mesures Contre les Collaborateurs
4.1 Arrestations et Procès
Les autorités britanniques ont été vigilantes dans la surveillance et l'arrestation des collaborateurs. Les procès de William Joyce et John Amery ont été particulièrement médiatisés et ont servi d'exemples pour dissuader d'autres actes de trahison.
4.2 Internement de Sympathisants Nazis
Le Règlement de défense 18B a permis l'internement sans procès de personnes suspectées de sympathies nazies. Cette mesure a été appliquée à des figures comme Oswald Mosley et Diana Mitford, visant à neutraliser toute menace potentielle à la sécurité nationale.
4.3 Propagande Anti-Collaboration
Le gouvernement britannique a également mené des campagnes de propagande pour dénoncer les collaborateurs et maintenir le moral de la population. Les médias ont joué un rôle crucial dans la diffusion de messages patriotiques et dans la stigmatisation de toute forme de trahison.
5. Conséquences et Héritage
5.1 Jugement et Exécution
Les collaborateurs les plus notoires ont été jugés et, dans certains cas, exécutés pour leurs crimes. Les procès de William Joyce et John Amery restent parmi les exemples les plus frappants de justice rendue contre les traîtres.
5.2 Mémoire et Condamnation Morale
L'héritage des collaborateurs nazis en Grande-Bretagne est marqué par la condamnation morale et l'ostracisme. Les actes de trahison ont laissé une empreinte indélébile dans l'histoire et sont souvent rappelés comme des exemples de la menace interne pendant la guerre.
5.3 Réflexion sur la Sécurité Intérieure
La présence de collaborateurs nazis a conduit à une réflexion approfondie sur les mesures de sécurité intérieure. Les leçons tirées de cette période ont influencé les politiques de sécurité et de surveillance postérieures, visant à prévenir toute résurgence de menaces similaires.
6. Témoignages et Mémoires
Les témoignages des contemporains, les mémoires des survivants et les archives des procès offrent des perspectives précieuses sur les activités des collaborateurs nazis en Grande-Bretagne. Ces récits personnels et documents historiques sont essentiels pour comprendre l'ampleur et l'impact de la collaboration.
Conclusion
Bien que la Grande-Bretagne n'ait jamais été occupée par les forces nazies, elle a néanmoins été confrontée à des actes de trahison de la part de certains de ses citoyens. Les actions des collaborateurs nazis ont représenté une menace réelle pour la sécurité nationale et ont laissé un héritage durable de vigilance et de condamnation morale. Leur histoire rappelle l'importance de la loyauté et de la résilience face à l'oppression.
Références Bibliographiques
Books
Articles and Journals
Websites