Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

La Résistance Allemande sous Hitler
14-06-2024

 Par Raymond ALEXANDER

Président d'honneur de la MVR

 Ce document est une approche synthétique sur l'origine de cette résistance, ses combats, ses héros et ses chefs, ainsi que le nombre de morts qu'elle a subis. Cette synthèse est avant tout destinée à faire découvrir cette Résistance et permettre aux élèves faisant le concours de la résistance d’aborder le sujet et de disposer de quelques références Bibliographiques et de quelques liens utiles. Ce document est libre de droits sont auteur n’ayant fait que rassembler et organiser pour cette synthèse des informations accessibles sur le net.

 

Introduction

La résistance allemande contre le régime nazi d'Adolf Hitler a été un phénomène complexe et multiforme qui a pris différentes formes et s'est manifesté dans divers secteurs de la société allemande. Bien que souvent éclipsée par les récits des résistances d'autres pays occupés, la résistance allemande a joué un rôle crucial, bien que limité, dans la lutte contre l'oppression nazie. Ce rapport examine les principales formes de résistance, les motivations des résistants, les principales figures et les conséquences de leurs actions.

1. Contexte historique

1.1. Montée au pouvoir de Hitler

La montée au pouvoir d'Adolf Hitler est une des périodes les plus étudiées de l'histoire moderne en raison de son impact colossal sur l'Allemagne, l'Europe et le monde entier. Comprendre comment Hitler a réussi à accéder à la chancellerie allemande et à instaurer un régime totalitaire est crucial pour saisir les fondements du régime contre lequel la résistance allemande a lutté.

Contexte économique et politique de l'Allemagne post-1918

Après la défaite de l'Allemagne lors de la Première Guerre mondiale, le pays était plongé dans une crise économique et politique profonde. Le Traité de Versailles, signé en 1919, imposait des réparations de guerre sévères et des restrictions militaires drastiques à l'Allemagne. Cette situation a exacerbé les problèmes économiques, notamment une hyperinflation dévastatrice au début des années 1920, suivie par la Grande Dépression de 1929, qui a entraîné une montée en flèche du chômage et de la pauvreté.

Fondation et ascension du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP)

Adolf Hitler a rejoint le petit Parti ouvrier allemand (DAP) en 1919. Doté de talents d'orateur et de propagandiste, il a rapidement pris les rênes du parti, qu'il a rebaptisé Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) en 1920. Le programme du parti combinait un nationalisme virulent, un antisémitisme marqué et des promesses de renversement des clauses humiliantes du Traité de Versailles.

Le putsch de la Brasserie et la réorientation stratégique

En novembre 1923, Hitler et le NSDAP ont tenté de renverser le gouvernement de la République de Weimar lors du Putsch de la Brasserie à Munich. L'échec de ce coup d'État a conduit à l'arrestation de Hitler et à une peine de prison. Pendant son incarcération, il a écrit Mein Kampf, où il a exposé son idéologie et ses plans politiques. À sa libération, Hitler a changé de stratégie, optant pour une prise de pouvoir légale par le biais des élections.

La montée électorale du NSDAP

Les années 1920 et le début des années 1930 ont vu une montée en popularité du NSDAP, principalement grâce à la désillusion croissante face aux gouvernements de Weimar et à la crise économique. Les élections de 1930 ont vu le NSDAP devenir le deuxième plus grand parti du Reichstag, avec 18,3 % des voix. En 1932, ils ont remporté 37,3 % des voix, devenant ainsi le plus grand parti du parlement.

La nomination d'Hitler comme chancelier

Le 30 janvier 1933, après des intrigues politiques et des pressions des élites conservatrices qui pensaient pouvoir contrôler Hitler, le président Paul von Hindenburg a nommé Hitler chancelier. Cette nomination a marqué le début de la fin de la République de Weimar.

La consolidation du pouvoir

Une fois au pouvoir, Hitler a rapidement travaillé à consolider son contrôle. L'incendie du Reichstag en février 1933, attribué (sans preuves) aux communistes, a fourni un prétexte pour la promulgation du décret de l'incendie du Reichstag, qui suspendait les libertés civiles et permettait des arrestations sans procès. En mars 1933, la loi des pleins pouvoirs a été adoptée, permettant à Hitler de légiférer sans l'accord du Reichstag, marquant le début de la dictature.

Les purges internes et l'élimination de l'opposition

Pour sécuriser son pouvoir, Hitler a éliminé toute opposition interne et externe. En juin 1934, lors de la Nuit des Longs Couteaux, les dirigeants des SA, une force paramilitaire qui pourrait avoir rivalisé avec le pouvoir d'Hitler, furent assassinés sur son ordre. Cela a également permis de rassurer l'armée régulière, la Reichswehr, qui voyait les SA comme une menace.

En août 1934, à la mort de Hindenburg, Hitler a consolidé son pouvoir en fusionnant les postes de chancelier et de président, se proclamant Führer. Dès lors, il avait le contrôle total de l'Allemagne.

2. Formes de résistance

2.1. Résistance politique

La résistance politique est probablement la forme la plus connue. Elle incluait des groupes comme le Parti communiste d'Allemagne (KPD) et le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), bien que ces partis aient été rapidement interdits après l'accession au pouvoir des nazis.

  • Le SPD : Dès le début du régime nazi, les membres du SPD ont été persécutés. Beaucoup ont été arrêtés ou se sont exilés. Ceux qui sont restés ont organisé une résistance clandestine, diffusant des pamphlets et des journaux illégaux.
  • Le KPD : Les communistes ont également subi une répression sévère. Néanmoins, ils ont réussi à maintenir des cellules clandestines et ont tenté de mobiliser les ouvriers contre le régime.

2.2. Résistance militaire

Des membres de l'armée allemande ont également résisté, bien que souvent motivés par des raisons patriotiques ou tactiques plutôt que par une opposition idéologique au nazisme.

  • Le complot du 20 juillet 1944 : L'attentat contre Hitler, dirigé par le colonel Claus von Stauffenberg, est l'un des exemples les plus célèbres de la résistance militaire. Le plan, nommé Opération Valkyrie, visait à assassiner Hitler et à prendre le contrôle du gouvernement. L'attentat échoua, entraînant l'exécution de nombreux conspirateurs.

2.3. Résistance intellectuelle et culturelle

Des intellectuels, des artistes et des universitaires ont également joué un rôle important dans la résistance.

  • Le Cercle de Kreisau : Ce groupe, composé de nobles, de clercs, de socialistes et de libéraux, se réunissait pour discuter de l'Allemagne post-nazie. Bien qu'ils n'aient pas directement comploté contre Hitler, leurs discussions et leurs plans pour une nouvelle Allemagne représentaient une forme de résistance intellectuelle.
  • Les Frères Scholl et la Rose blanche : Un groupe d'étudiants de l'Université de Munich, dont Hans et Sophie Scholl, ont formé la Rose blanche. Ils distribuaient des tracts dénonçant le régime et appelant à la résistance passive. Ils furent arrêtés et exécutés en 1943.

2.4. Résistance religieuse

Les figures religieuses ont également résisté, souvent motivées par leurs convictions morales et spirituelles.

  • Dietrich Bonhoeffer : Pasteur et théologien protestant, Bonhoeffer s'est opposé au nazisme dès ses débuts. Il a été impliqué dans des complots contre Hitler et a été exécuté en 1945.
  • L'Église catholique : Certains membres de l'Église catholique ont également résisté. Par exemple, l'évêque de Münster, Clemens August von Galen, a dénoncé publiquement les politiques d'euthanasie nazies.

3. Motifs de la résistance

Les motivations des résistants allemands étaient diverses. Certains étaient guidés par des convictions politiques ou idéologiques, d'autres par des principes moraux ou religieux. La plupart des résistants militaires étaient motivés par un patriotisme déçu et une opposition aux stratégies militaires désastreuses de Hitler.

  • Motivations politiques : Les communistes et les socialistes s'opposaient au nazisme en raison de leurs convictions idéologiques.
  • Motivations morales : Des individus comme les membres de la Rose blanche étaient motivés par une indignation morale face aux crimes du régime.
  • Motivations religieuses : Des figures comme Bonhoeffer étaient guidées par leurs convictions chrétiennes.

4. Figures emblématiques de la résistance

4.1. Claus von Stauffenberg

Le colonel Claus von Stauffenberg est sans doute l'une des figures les plus emblématiques de la résistance militaire. Son attentat manqué contre Hitler le 20 juillet 1944 a mis en lumière le désespoir croissant parmi certains officiers supérieurs de l'armée allemande face aux excès du régime nazi.

Actions
  • Planification de l'Opération Valkyrie : Stauffenberg, avec d'autres officiers de l'armée, a élaboré un plan détaillé pour renverser Hitler. L'Opération Valkyrie prévoyait d'utiliser l'armée de réserve pour prendre le contrôle de Berlin et d'autres centres de pouvoir après l'assassinat de Hitler.
  • L'attentat du 20 juillet 1944 : Le jour de l'attentat, Stauffenberg a apporté une bombe dissimulée dans une mallette à une réunion avec Hitler à son quartier général en Prusse orientale. Il a activé la bombe avant de quitter la pièce. Cependant, la mallette a été déplacée, et Hitler a survécu à l'explosion avec des blessures mineures. L'attentat ayant échoué, les conspirateurs ont été rapidement arrêtés et exécutés.

4.2. Sophie et Hans Scholl

Membres fondateurs de la Rose blanche, Sophie et Hans Scholl ont symbolisé la résistance étudiante et intellectuelle contre le nazisme. Leur courage et leur engagement ont inspiré de nombreux autres résistants.

Actions
  • Création de la Rose blanche : En 1942, les frères Scholl, avec d'autres étudiants, ont formé la Rose blanche, un groupe de résistance non-violente. Ils se sont engagés à sensibiliser la population allemande aux crimes du régime nazi à travers des actions intellectuelles et morales.
  • Distribution de tracts : Ils ont écrit et distribué six tracts dénonçant le régime nazi, appelant à la résistance passive et exhortant les Allemands à s'opposer aux atrocités commises. Ces tracts ont été diffusés dans plusieurs villes universitaires, atteignant un large public.
  • Arrestation et exécution : En février 1943, Sophie et Hans Scholl ont été arrêtés alors qu'ils distribuaient des tracts à l'Université de Munich. Après un procès sommaire, ils ont été condamnés à mort et exécutés par décapitation le 22 février 1943.

4.3. Dietrich Bonhoeffer

Théologien et pasteur protestant, Bonhoeffer a été une figure centrale de la résistance religieuse. Son opposition au régime, ses écrits et son implication dans les complots contre Hitler en ont fait un martyr pour la cause anti-nazie.

Actions
  • Opposition précoce au nazisme : Dès 1933, Bonhoeffer a dénoncé le régime nazi et ses politiques, notamment l'antisémitisme, lors de ses sermons et dans ses écrits. Il a aidé à fonder l'Église confessante, qui s'opposait à la nazification de l'Église protestante allemande.
  • Engagement dans la résistance : Bonhoeffer a rejoint la résistance allemande en collaborant avec des membres de l'Abwehr, le service de renseignement militaire, qui étaient également impliqués dans des complots contre Hitler. Il a utilisé ses voyages à l'étranger pour établir des contacts avec les Alliés et chercher leur soutien pour un renversement du régime nazi.
  • Arrestation et exécution : En avril 1943, Bonhoeffer a été arrêté pour son implication dans des activités de résistance. Après avoir été détenu dans plusieurs prisons et camps de concentration, il a été condamné à mort et exécuté par pendaison le 9 avril 1945, quelques semaines avant la fin de la guerre.

5. Conséquences et héritage de la résistance

La résistance allemande, bien que souvent limitée en termes de résultats immédiats, a eu un impact significatif sur le long terme. Elle a démontré qu'il existait au sein même de l'Allemagne une opposition au nazisme, fournissant un contre-récit à l'idée d'une adhésion monolithique de la population allemande au régime.

  • Conséquences immédiates : La plupart des tentatives de résistance ont échoué, souvent de manière tragique, avec l'arrestation, la torture et l'exécution des résistants.
  • Héritage postérieur : Après la guerre, les résistants ont été reconnus et honorés pour leur courage. Des rues, des places et des écoles portent leurs noms, et leur mémoire est commémorée dans divers monuments et cérémonies.

Conclusion

La résistance allemande sous Hitler, bien que minoritaire et souvent inefficace en termes de renversement du régime, a été un acte de courage et de conviction. Les résistants ont risqué leur vie pour défendre des principes de justice, de liberté et de dignité humaine. Leur héritage continue de servir de rappel puissant de la capacité de l'individu à s'opposer à la tyrannie et à l'injustice, même dans les circonstances les plus difficiles.

Raymond ALEXANDER

Président d'honneur de la MVR

 

 

Bibliographie

  • Benz, Wolfgang. A Concise History of the Third Reich. University of California Press, 2007.
  • Bonhoeffer, Dietrich. Letters and Papers from Prison. SCM Press, 1953.
  • Burleigh, Michael. The Third Reich: A New History. Hill and Wang, 2000.
  • Delarue, Jacques. Histoire de la Gestapo. Fayard, 1962.
  • Fest, Joachim. Plotting Hitler’s Death: The German Resistance to Hitler. Weidenfeld & Nicolson, 1997.
  • Gisevius, Hans Bernd. To the Bitter End. Da Capo Press, 1947.
  • Hoffmann, Peter. The History of the German Resistance, 1933-1945. MIT Press, 1977.
  • Klemperer, Victor. I Will Bear Witness: A Diary of the Nazi Years. Random House, 1998.
  • Knopp, Guido. Hitler’s Children. Sutton Publishing, 2000.
  • McDonough, Frank. Opposition and Resistance in Nazi Germany. Cambridge University Press, 2001.
  • Peukert, Detlev. Inside Nazi Germany: Conformity, Opposition, and Racism in Everyday Life. Yale University Press, 1987.
  • Shirer, William L. The Rise and Fall of the Third Reich. Simon & Schuster, 1960.
  • Stoltzfus, Nathan. Resistance of the Heart: Intermarriage and the Rosenstrasse Protest in Nazi Germany. W.W. Norton & Company, 1996.
  • Vinke, Hermann. The Short Life of Sophie Scholl. Harper & Row, 1984.

Cette bibliographie inclut des ouvrages académiques et des témoignages personnels qui offrent des perspectives variées et approfondies sur le sujet de la résistance allemande sous le régime nazi.



Accéder aux archives