par
Bernard François MICHEL
Président de la Fédération Nationale de la Mémoire Vive de la Résistance
« … Nous essaierons de ne jamais oublier…
… Prodige de foi et d’espérance,
… En face de la liberté retrouvée
Peu importent les fautes et les erreurs passées.
Mais combien nous apparaîtraient lourdes les fautes
Qui nous feraient perdre à nouveau
Un bien si chèrement retrouvé…»
André DEWAVRIN
Pierre BROSSOLETTE était né le 25 juin 1903, à PARIS, dans une famille de forte tradition républicaine. Son parcours scolaire puis universitaire fut très brillant puisqu’il fut reçu major, en 1922, au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure, puis trois ans plus tard, deuxième au concours d’agrégation d’histoire. Marié en 1926 il était père de deux enfants nés en 1927 et 1928. A sa sortie de l’Ecole Normale Supérieure, Pierre BROSSOLETTE embrassa la carrière de journaliste.
Entre les deux guerres
Très jeune, Pierre BROSSOLETTE plongea dans l’action. Dès 1924 il s’engagea dans le sillage d’Aristide BRIAND, en faveur d’un nouvel ordre international pacifique. Il milita activement au sein des associations de promotion de la Société des Nations, de la Ligue des Droits de l’Homme, de la Ligue Internationale contre l’Antisémitisme. Pierre BROSSOLETTE adhéra à la SFIO en 1930 et entretint des relations suivies et approfondies avec Léon BLUM. Entré comme secrétaire de rédaction au Quotidien en août 1926, il en devint rapidement un des rédacteurs de la politique étrangère.
Le 8 février 1927, il attira l’attention de ses lecteurs sur les méfaits du fascisme italien et dénonça MUSSOLINI en soulignant que L’EUROPE toute entière, devait faire preuve de la plus grande vigilance vis à vis de ce régime de terreur. A partir du printemps 1935, Pierre BROSSOLETTE, non content de dénoncer la politique intérieure nazie, commença à lancer un certain nombre d’avertissements à propos de la politique étrangère de HITLER. Il dressa un tableau particulièrement clair de la volonté de puissance du IIIème Reich.
Au printemps 1937, de cœur avec les républicains espagnols depuis le début de l’insurrection, Pierre BROSSOLETTE demeura un partisan convaincu de la non intervention. Sa posture défaitiste était notable et la politique de résistance n’était pas encore à l‘ordre du jour. Il lui restait encore beaucoup de chemin à parcourir pour envisager une opposition coûte que coûte aux entreprises fascistes et nazies. En dépit de sa lucidité, il n’avait pas encore renoncé définitivement à l’idéal de paix de sa jeunesse, pour se résoudre à envisager le pire.
Le 26 janvier 1939 sonna le glas de l’ESPAGNE républicaine. En devenant le rédacteur de politique étrangère du Populaire, Pierre BROSSOLETTE choisit le camp des partisans de la fermeté en politique étrangère. Il salua fraternellement les combattants de la Liberté qui choisissaient la lutte parce que la flamme de la résistance ne pouvait que vaincre en dernier ressort. A partir du 30 janvier 1939, Pierre BROSSOLETTE qui était depuis 1936 journaliste à Radio-PTT, la radio nationale française, fut interdit d’antenne pour ses engagements antimunichois.
Le 23 août 1939, Pierre BROSSOLETTE rédigea le dernier article de sa carrière de journaliste. Il montra qu’il avait parfaitement conscience de la suite inéluctable des événements, de l’attaque prochaine de l’ALLEMAGNE contre la POLOGNE et de la nécessaire intervention franco-britannique aux côtés de VARSOVIE.
Durant la deuxième guerre mondiale
Pierre BROSSOLETTE acheta une librairie pour subvenir aux besoins de sa famille, au 89 rue de la Pompe, à PARIS. Elle devint vite un centre de liaison de coordination et de diffusion de la Résistance. Pierre BROSSOLETTE (alias « PEDRO » du fait de son physique d’espagnol) entra en contact, dès l’hiver 1940-41 avec le groupe du « Musé de l’Homme ». Il devint, à la fin de novembre 1941, chef de la section presse et propagande du réseau « Confrérie Notre-Dame », dirigé par le Colonel REMY Compagnon de la Libération.
Au cours de l’hiver 1941-42, il envoya à la FRANCE Libre une série de rapports sur la situation de la Résistance, encore embryonnaire en FRANCE. Il s’envola clandestinement pour LONDRES dans la nuit du 28 au 29 avril 1942. À peine arrivé à LONDRES, Pierre BROSSOLETTE fut pris en main par le BCRA auquel il remit un rapport sans concession sur la FRANCE, depuis la signature de l’armistice.
Voici comment décrivit, dans ses mémoires, André DEWAVRIN (alias colonel PASSY), Compagnon de la Libération, Pierre BROSSOLETTE : « … BROSSOLETTE n’avait pas encore atteint la quarantaine. C’était un homme petit et mince, doté d’une abondante chevelure noire comme le jais, mais curieusement traversée par une mèche de cheveux blancs. Il avait des yeux bruns et vifs qui pétillaient de malice et d’esprit ; un sourire moqueur venait souvent relever un coin de sa bouche, en particulier lorsqu’il prononçait, d’une voix à la fois chaude et rapide, un des mots lapidaires dont il avait le secret et qui lui avaient valu une pléiade innombrable d’ennemis forcenés. BROSSOLETTE fut sans conteste, l’homme qui, parmi tous ceux que j’ai été amené à rencontrer dans ma vie fit sur moi la plus forte impression. Son esprit pétrissait et assimilait les idées à une vitesse telle que bien peu de gens étaient capables d’en suivre le rythme étourdissant. Cachant sous des propos cinglants une très grande sensibilité, il me donna l’impression de tout comprendre, de tout prévoir et d’être une des rares personnalités capables d’allier à un exceptionnel pouvoir d’analyse et de synthèse une prodigieuse intuition des réalités humaines… »
Devenu « Gaulliste » convaincu Pierre BROSSOLETTE s’imposa comme l’une des personnalités les plus marquantes de la FRANCE Libre. A la fin du printemps 1942, Pierre BROSSOLETTE soumit au Général DE GAULLE un projet d’influence et d’actions politiques. Ce projet portait en germe, ni plus ni moins, que la Constitution de la Vème République. Afin d’élargir les bases et la représentativité du représentant légal de la FRANCE, Charles De GAULLE, il décida de convaincre certaines personnalités de divers horizons politiques, philosophiques ou religieux de rallier la FRANCE Libre.
A la fin du mois de mai 1942, Pierre BROSSOLETTE dut rentrer à PARIS, car sa femme et son fils étaient menacés par la Gestapo. Sans entraînement préalable, Pierre BROSSOLETTE se fit parachuter en Bourgogne le 6 juin 1942. Arrivé à PARIS, il décida de vendre sa librairie et fit passer ses enfants en ANGLETERRE, par mer, de CASSIS à GIBRALTAR. Au mois de septembre 1942, après trois mois passés en zones nord et sud, Pierre BROSSOLETTE revint à LONDRES.
Il fut élevé au rang de Compagnon de la Libération le 20 octobre 1942, au titre de la Résistance Intérieure et devint membre du Conseil de l’Ordre de la Libération. Pierre BROSSOLETTE mit l’ensemble de ses contacts et de ses relations au service de la FRANCE Libre. Lors de son allocution du 23 septembre 1942 au micro de la BBC, l’ancien « speaker » de radio-PTT, devenu l’un des premiers soldats de l’armée des ombres s’adressa avec émotion, sous sa véritable identité, à ses « frères en souffrance ».
Le mythe d’une FRANCE, toute entière résistante, derrière le Général DE GAULLE, arc-boutée sur le geste fondateur du 18 juin 1940, était ainsi exalté : « … Ces Français, ces Françaises ils savent bien, certes, que ce n’est pas pour un homme que nous nous battons, mais pour une cause, que ce n’est pas un homme qui nous a rejeté dans la bataille, mais un geste, un sursaut – son geste, son sursaut – et que peu importe, en principe, le nom dont est signé le texte historique, qu’aujourd’hui encore je ne puis relire sans que l’émotion me saisisse à la gorge, le texte que vous devriez tous savoir par cœur, le texte qui à la fin tragique de juin 1940, nous a rappelé de l’abîme en nous disant : la FRANCE a perdu une bataille mais la FRANCE n’a pas perdu la guerre… Il faut que la FRANCE soit présente à la victoire. Alors elle retrouvera sa liberté et sa grandeur… Ils savent tout cela qui précisément donne à notre bataille son sens et sa splendeur … »
Dans la nuit du 26 au 27 janvier 1943, Pierre BROSSOLETTE quitta l’ANGLETERRE en Lysander pour effectuer sa deuxième mission clandestine en FRANCE occupée. C’était la mission « Brumaire, Arquebuse ». Aidé du Colonel PASSY et de l’officier Anglais Edward YEO THOMAS, il organisa la coordination civile et militaire de la Résistance en zone nord et mit sur pied le Conseil National de la Résistance avec Jean MOULIN et le Général DELESTRAINT.
Au retour de cette mission, dans la nuit du 15 au 16 avril 1943, Pierre BROSSOLETTE devint l’unique adjoint du Colonel PASSY à la tête du BCRA. Il remplaça Maurice SCHUMANN dans les cinq minutes d’émission quotidienne de la BBC, Honneur et Patrie et, du 29 mai au 27 juillet 1943, prononce, au total, trente-huit chroniques. Pour préparer les esprits de ses auditeurs à la naissance d’une FRANCE nouvelle, Pierre BROSSOLETTE consacra sa chronique du 15 juin 1943, à dénoncer la propagande mensongère de VICHY et de la collaboration, pour célébrer l’épopée déjà légendaire des héroïques soldats de BIR HAKEIM.
« … Lisez tous ces récits d’une période où les escamoteurs du pouvoir n’ont rivalisé que de zèle à hisser le drapeau blanc sur leur pays anesthésié. Et puis fermez les yeux et songez à ce mot magnifique de KOENIG. C’était à la fin de la bataille de BIR HAKEIM. Il ne restait plus à a première brigade des Forces françaises libres qu’à percer ou à mourir. Et KOENIG le savait mieux que personne. Et pourtant lorsqu’il aperçut à la jumelle, dans les lignes allemandes, le drapeau blanc des parlementaires qui allaient venir lui parler de capitulation, son premier mouvement fut de s ‘écrier : tiens, les voilà qui se rendent ! L’opposition de ces deux images, celle des lâches qui n’ont jamais cru qu’à la défaite, celle de leur pays et celle des héros qui n’ont jamais cru qu’à une défaite : celle de l’ennemi, voilà la leçon de 1940. Puisse la FRANCE de demain ne jamais l’oublier… »
Membre éminent de la FRANCE libre, devenue FRANCE Combattante, après BIR HAKEIM, Pierre BROSSOLETTE fut mobilisé pour la cérémonie du 18 juin 1943 à « l’Albert Hall » à LONDRES, pour célébrer le troisième anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940. Il prononça un flamboyant hommage aux morts de la FRANCE Combattante.
Claude BOUCHINET-SERREULE écrivit que Pierre BOROSSOLETTE semblait avoir trempé sa plume dans son propre sang pour écrire son oraison funèbre : « … Ce qu’ils étaient hier, ils ne se le demandent point l’un à l’autre. Sous la Croix de Lorraine, le socialiste d’hier ne demande pas au camarade qui tombe s’il était hier Croix de feu. Dans l’argile fraternelle du terroir, d’ESTIENNES D’ORVES et PERI ne se demandent pas si l’un était royaliste et l’autre communiste. Compagnon de la même Libération, le père SAVEY ne demande pas au lieutenant DREYFUS quel Dieu ont invoqué ses pères. Des houles de l’arctique à celles du désert, des ossuaires de FRANCE aux cimetières des sables, la seule foi qu’ils confessent c’est leur foi dans la FRANCE écartelée mais unanime. Colonels de trente ans, capitaines de vingt ans, héros de dix-huit ans, la FRANCE Combattante ne fut qu’un long dialogue de la jeunesse et de la vie. Les rides qui fanaient le visage de la patrie, les morts de la FRANCE combattante les ont effacées ; les larmes d’impuissance qu’elle versait, ils les ont essuyées ; les fautes dont le poids la courbaient ils les ont rachetées. Et cet anniversaire du jour où le Général DE GAULLE les a convoqués au banquet sacré de la mort, ce qu’ils nous demandent ce n’est pas de les plaindre, mais de les continuer… Nos morts ne sont pas morts pour rien, … Du Cap Nord à l’Afghanistan des Hommes ont dit non, au péril de leur vie. Pour infime que soit la part de chacun, Tous ont contribué au salut de trente siècles de civilisation… »
Apprenant l’arrestation, coup sur coup, de Jean MOULIN et du Général DELESTRAINT, chef de l’Armée secrète, le 18 septembre 1943, Pierre BROSSOLETTE atterrit à ANGOULÊME pour préparer la succession de Jean MOULIN à la tête du Conseil National de la Résistance. Il avait transformé son apparence physique, cheveux en brosse teints en noir, vêtements de sport. Rappelé à LONDRES par le Général DE GAULLE lui-même, après une série d’arrestations dans les rangs de la Résistance, il refusa d’obtempérer considérant sa mission comme essentielle.
A cette même époque survint un événement qui nous apparaît bien dérisoire aujourd’hui mais qui était lourd de signification, sur le combat que durent mener et mènent encore aujourd’hui les héritiers les Français Libres. Des gens comme Félix GOUIN, représentant de la SFIO auprès du général DE GAULLE, Daniel MEYER et Gaston DEFERRE décidèrent au sein du parti Socialiste clandestin, d’exclure Pierre BROSSOLETTE. Le parti considérait qu’il n’avait pas toujours à LONDRES, fait son devoir de socialiste ! Cette exclusion resta ignorée de la presque totalité des membres du parti, car la mort tragique de Pierre BROSSOLETTE éclipsa cette procédure infâmante.
Henri FRENAY, Compagnon de la Libération, créateur du mouvement de Résistance « Combat » dira dans ses mémoires : «… Journaliste, normalien, militant socialiste avant la guerre, il était à LONDRES, devenu suspect à plusieurs de ses camarades de la SFIO, notamment Félix GOUIN, car il estimait nécessaire de renouveler et de rajeunir les cadres, les méthodes et même la doctrine de la vieille maison. Son influence sur DE GAULLE n’était pas négligeable. Nous sommes quelques-uns à nous demander si le cours des événements n’aurait pas changé dans la FRANCE libérée si Pierre BROSSOLETTE, notre ami, avait vécu… »
Epilogue
Jacques BAUMEL, Compagnon de la Libération, dans ses mémoires décrivit magnifiquement la fin tragique de Pierre BROSSOLETTE: « … C’est pendant cet automne 1943 que j’ai revu Pierre BROSSOLETTE pour la dernière fois. Rétrospectivement cette scène m’a paru extraordinaire. J’avais devant moi le même homme, ce même « Pedro » que j’avais rencontré pour la première fois rue de Rennes. La même volonté, la même certitude de réussir, la même ironie. Au début du mois de décembre, BROSSOLETTE reçoit de LONDRES un ordre impératif de départ... Les conditions météo sont épouvantables deux mois durant et les liaisons aériennes quasiment interrompues. Le 2 février 1944 BROSSOLETTE et d’autres membres de la Délégation rejoignent les cotes de Bretagne et embarquent avec une vingtaine d’aviateurs anglais et américains dans un rafiot qui porte cruellement le nom de « jouet des flots ». Et les flots se joueront de lui. Le bateau s’abîme contre un récif, commence à prendre l’eau, tombe en panne et doit regagner le rivage au petit matin. Les passagers s’éparpillent… BROSSOLETTE tente de se cacher, il est dénoncé et arrêté. Il restera un mois incarcéré à la prison de RENNES, sans être identifié. On a souvent dit que BROSSOLETTE avait été trahi par cette mèche blanche qu’il avait dans les cheveux et qu’il devait teindre pour la dissimuler. Elle serait réapparue durant son séjour en cellule. Son identification semble plutôt être venue de l’arrestation à la frontière espagnole d’un courrier de la délégation qui était porteur d’un message signalant son arrestation… BROSSOLETTE est amené le 19 mars dans les locaux de la Gestapo 84 avenue Foch. Il est affreusement torturé. Le 22 mars, il parvient à échapper à l’attention de ses bourreaux et se jette du haut d’une cage d’escalier. Les Allemands le laisseront agoniser sur le sol. Il mourut à l’hôpital… »
La légende dit que Pierre BOSSOLETTE inconscient murmurait aux Médecins chargés de le ranimer : « tout ira bien mardi ». Mardi devait être le 6 juin 1944, jour du débarquement en Normandie. Torturé, Pierre Brossolette ne parla pas. Transféré à Fresnes puis à nouveau avenue Foch, il profita d'un moment d'inattention d'un de ses gardiens pour se jeter par la fenêtre du 5ème étage. Très grièvement blessé, il mourut le soir du 22 mars 1944, vers 22 heures, à l'Hôpital de la Pitié-SALPETRIERE. Le 24 mars 1944, son corps fut incinéré au Père Lachaise. Laissons le mot de la fin à Maurice SCHUMANN.
Sur le Mémorial des Compagnons de la Libération, on peut voir s’exprimer, page 267, le porte-parole de la FRANCE Libre, au jour de la Libération de PARIS : «… C’est le 28 août 1944 que nous avons senti l’irréparable poids de son absence. A l’instant précis où le Général DE GAULLE, au lieu de prendre place dans l’une de ces voitures officielles qui interposent une muraille mouvante entre le peuple et ses guides, posa le pied sur le premier pavé des Champs Elysées, nous fûmes saisis d’une atroce angoisse. La plus belle seconde qu’un homme pût vivre nous faisait mal au cœur. Il est vrai que le ciel était lourd de tous les morts qui, en choisissant leur place dans la bataille, avaient, pour toute récompense, entrevu cet instant. Mais leur visage meurtri se composait en un seul. Et les lèvres de Pierre BROSSOLETTE n’étaient point closes. Elles se rouvraient pour relire la prophétie tranquille et chaleureuse que, le 23 septembre 1942, elles avaient énoncée, tout près de moi, dans un studio souterrain de la BBC : A vous tous qu’a soulevé d’un même souffle le geste du 18 juin 1940, je dis : Français, ne craignez rien, l’homme est à la mesure du geste, et ce n’est pas lui qui vous décevra lorsqu’à la tête des chars de l’armée de la délivrance, au jour poignant de la victoire, il sera porté tout au long des Champs Elysées, dans le murmure étouffé des longs sanglots de joie des femmes, par la rafale sans fin de vos acclamations. Savait-il le prophète du 23 septembre 1942, qu’il ne serait point-là le jour où s’accomplirait la parole ! Quand il écrivit sa longue phrase et quand il la polit et quand il la relut et quand il la prononça, eut-il peur, lui qui n’avait point peur, des images que lui proposait son propre verbe ! Il était bien trop actif et bien trop grand pour prendre la peine d’avoir un pressentiment. Plus simplement, plus noblement, il était de ces hommes qui, par horreur du destin subi, se livrent au destin choisi, sans se retourner sur autrui, ni peut être sur eux-mêmes. Il y a quelque chose de plus beau que la dernière lettre d’un condamné à mort pour délit d’espérance, c’est le silence de l’abnégation. »
Le 21 février 2014, le président de la République Française annonça le transfert des cendres de Pierre BROSSOLETTE grande figure, évoquant l’esprit de résistance, au Panthéon. Le 15 mai 2015, les cendres de Pierre Brossolette furent exhumées en présence de sa famille.
« … Puisque tout recommence toujours
Ce que j’ai fait sera, Tôt ou tard,
Une source d’ardeurs nouvelle,
Après que j’aurai disparu… »
Charles De GAULLE
Chevalier de la Légion d'Honneur.
Compagnon de la Libération - décret du 17 octobre 1942.
Croix de Guerre 39/45 (2 citations).
Médaille de la Résistance avec rosette.
Par Bernard François MICHEL
Président de la Fédération Nationale de la Mémoire Vive de la Résistance
Références
1. BAUMEL Jacques. (1999). Résister. Histoire secrète des années d’occupation. Albin MICHEL.
2. BOUCHINET-SERREULES Claude. (2000). Nous étions faits pour être libres. GRASSET.
3. BROSSELETTE Pierre. (1998). Résistance (1927-1943). Odile JACOB.
4. Colonel PASSY. (2000). Mémoires du Chef des services secrets de la FRANCE Libre. Odile JACOB.
5. FRENAY Henri. (1973). La nuit finira. Mémoires de Résistance 1940-1945. Robert LAFFONT.
6. Mémorial des Compagnons de la Libération. (1991). La Grande Chancellerie de la Libération.