À 17 ans Michel CACIOTTI devint RAYMOND MARTINEZ.
Avant d'être dans l'illégalité je travaillais à l'établissement TERRIN de la réparation navale. Un jour où j'avais une arme dans la caisse à outils car une action devait avoir lieu ce jour-là, le contremaître vient prendre un ciseau à bois pour tailler son crayon et a vu l'arme pourtant camouflée mais n'a rien dit durant toute la période que j'ai continué à travailler.
Le directeur de l'entreprise avait convoqué les jeunes car les Allemands exigeaient que des ouvriers soient affectés à CODER. Il ne voulait pas muter des pères de famille à leur place. Il décida de désigner des jeunes. Or de CODER ils étaient quelques-uns déportés en Allemagne.
Les deux dirigeants F.T.P. de l'entreprise COMBE et BAUDE me conseillent de passer dans l'illégalité, j'ai été d'accord et durant quelque temps je pouvais continuer à vivre chez mes parents.
À mon âge je n'étais pas inquiété par la répression, je n'ai agi que par patriotisme car mon père m'avait éduqué, il avait fait 3 ans de service militaire de 1910 à 1913 puis mobilisé dès 1914 durant toute la guerre il a été militaire plus de 7 ans je le considérais comme un patriote.
Mes deux chefs m'ont mis en contact avec LEMILLET son nom de guerre je ne le connaissais pas. Immédiatement, j'ai été à l'hôpital l’Hôtel-Dieu qui a été transformé en un hôtel 5 étoiles près de 60 ans après la libération. Un professeur travaillant avec la résistance me fait un certificat de maladie ce qui m'a permis de quitter l'entreprise
En sortant de l'hôpital je rencontre une voisine qui s'inquiète de ma santé, je lui fais comprendre que je voulais prendre du repos et je lui demande de ne rien dire à mes parents. Par la suite j'ai appris qu'elle récoltait de l'argent pour la résistance. Durant quelque temps je faisais semblant de partir au travail pour que mes parents ne se doutent de rien, j’inventais des horaires fantaisistes et faisais marcher mon imagination.
Puis le moment est venu où il a fallu que je disparaisse.
Quand j'ai dit à ma mère la vérité elle m'a mis une pression énorme: »Si tu quittes la maison à présent : tu ne reviens pas ».
Mon père comprenait pourquoi je faisais de la résistance mais il s'inquiétait pour ma vie. En novembre 1943 dix mois avant la libération je suis parti avec mon sac marin et mes faux papiers allant d'une planque à l'autre jamais plus de 3 à 4 jours au même endroit. Les logements étaient sommaires mais les rencontres avec d'autres résistants permettaient des discussions passionnantes.
J'avais perdu le contact avec COMBE et BAUDE. Dans le groupe il y avait un chef qui rencontrait les F.T.P. séparément ceux-ci se rencontraient au moment d'un plasticage ou de toute autre mission. Seul le chef était en contact avec le responsable de plusieurs groupes. Les rencontres avaient lieu dans des lieux différents à une heure précise pour éviter de se faire repérer. Lors de ces rencontres nous n'étions pas armés, ce type d'organisation protégeait les autres en cas d'arrestation et d'éventuelles dénonciations.
Même sous la torture le résistant ne pouvait pas parler de ce qu'il ne connaissait pas. La résistance était différente de celle des maquis. La pression de l'occupant et des collaborateurs se ressentaient constamment. À la vigilance s'ajoutait celle des privations alimentaires car les F.T.P. ne pouvait pas posséder la carte d'alimentation de rationnement.
LA LIBÉRATION DE MARSEILLE.