Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Souvenir de la Résistance de Michel CACCIOTTI résistant de 17 ans.
02-08-2019

 Michel CACIOTTI

Né le 30 juillet 1926 à Marseille.

Résistant à 17 ans. F.T.P.F.

  À 17 ans Michel CACIOTTI devint RAYMOND MARTINEZ.

Avant d'être dans l'illégalité je travaillais à l'établissement TERRIN de la réparation navale. Un jour où j'avais une arme dans la caisse à outils car une action devait avoir lieu ce jour-là, le contremaître vient prendre un ciseau à bois pour tailler son crayon et a vu l'arme pourtant camouflée mais n'a rien dit durant toute la période que j'ai continué à travailler.

Le directeur de l'entreprise avait convoqué les jeunes car les Allemands exigeaient que des ouvriers soient affectés à CODER. Il ne voulait pas muter des pères de famille à leur place. Il décida de désigner des jeunes. Or de CODER ils étaient quelques-uns déportés en Allemagne.

Les deux dirigeants F.T.P. de l'entreprise COMBE et BAUDE me conseillent de passer dans l'illégalité, j'ai été d'accord et durant quelque temps je pouvais continuer à vivre chez mes parents.

À mon âge je n'étais pas inquiété par la répression, je n'ai agi que par patriotisme car mon père m'avait éduqué, il avait fait 3 ans de service militaire de 1910 à 1913 puis mobilisé dès 1914 durant toute la guerre il a été militaire plus de 7 ans je le considérais comme un patriote.

Mes deux chefs m'ont mis en contact avec LEMILLET son nom de guerre je ne le connaissais pas. Immédiatement, j'ai été à l'hôpital l’Hôtel-Dieu qui a été transformé en un hôtel 5 étoiles près de 60 ans après la libération. Un professeur travaillant avec la résistance me fait un certificat de maladie ce qui m'a permis de quitter l'entreprise

En sortant de l'hôpital je rencontre une voisine qui s'inquiète de ma santé, je lui fais comprendre que je voulais prendre du repos et je lui demande de ne rien dire à mes parents. Par la suite j'ai appris qu'elle récoltait de l'argent pour la résistance. Durant quelque temps je faisais semblant de partir au travail pour que mes parents ne se doutent de rien, j’inventais des horaires fantaisistes et faisais marcher mon imagination.

Puis le moment est venu où il a fallu que je disparaisse.

Quand j'ai dit à ma mère la vérité elle m'a mis une pression énorme: »Si tu quittes la maison à présent : tu ne reviens pas ».

Mon père comprenait pourquoi je faisais de la résistance mais il s'inquiétait pour ma vie. En novembre 1943 dix mois avant la libération je suis parti avec mon sac marin et mes faux papiers allant d'une planque à l'autre jamais plus de 3 à 4 jours au même endroit. Les logements étaient sommaires mais les rencontres avec d'autres résistants permettaient des discussions passionnantes.

J'avais perdu le contact avec COMBE et BAUDE. Dans le groupe il y avait un chef qui rencontrait les F.T.P. séparément ceux-ci se rencontraient au moment d'un plasticage ou de toute autre mission. Seul le chef était en contact avec le responsable de plusieurs groupes. Les rencontres avaient lieu dans des lieux différents à une heure précise pour éviter de se faire repérer. Lors de ces rencontres nous n'étions pas armés, ce type d'organisation protégeait les autres en cas d'arrestation et d'éventuelles dénonciations.

Même sous la torture le résistant ne pouvait pas parler de ce qu'il ne connaissait pas. La résistance était différente de celle des maquis. La pression de l'occupant et des collaborateurs se ressentaient constamment. À la vigilance s'ajoutait celle des privations alimentaires car les F.T.P. ne pouvait pas posséder la carte d'alimentation de rationnement.

 

LA LIBÉRATION DE MARSEILLE.

 

Le 15 août en tant que responsable de groupe je recevais les instructions de CAYROL et de CALAS nous allions enfin sortir de notre longue nuit de souffrance les soldats de l'ombre allaient se battre au grand jour sous le soleil brûlant du mois d'Août 1944. Les plans alliés prévoyaient de contourner Marseille pour poursuivre le plus rapidement possible la jonction des troupes débarquées en Normandie.

Après la prise de Toulon, Marseille réduite à l'état de poche de résistance serait libérée plus tard. Tout dépendait de l'action de la résistance, des organisations politiques et syndicales groupées dans le Comité Départemental de libération avec les F.T.P. sous l'autorité de l'état-major F.F.I. les F.T.P. avaient la confiance du peuple auquel ils étaient étroitement liés.

Ils avaient l'expérience des coups de mains leur mode d'action par petits groupes, la guerre larvée qui consistait à attaquer par surprise et à se replier portait atteinte au moral ennemi. La population se rendait bien compte de l'efficacité de ces actions. L'état-major F.T.P. s'est réuni pour mettre au point son plan insurrectionnel. En ces premières heures historiques le constat est grave ; il n'y a pratiquement pas d'armes pour les résistants dans notre ville. Des armes ont été parachutées dans les maquis mais très peu sont parvenues jusqu'aux résistants marseillais.

La récupération des armes aux alentours de la ville avait été difficile. La Gestapo veillait et les barrages devenaient difficiles à contourner. Il fallait compenser l'infériorité en armes par la participation du plus grand nombre de la population. Le peuple doit trouver des armes de la cave au grenier on cherche le fusil de chasse.

Le 16 août les Allemands réagissent en ordonnant l'évacuation des habitants. Il s'agit pour eux de gêner l'avancée des troupes débarquées en précipitant des centaines de personnes sur les routes. La ville serait ainsi transformée en poche de résistance avec les Allemands prêts à la défendre jusqu'à sa destruction totale.

La résistance demande alors à la population de refuser l'évacuation pour ne pas la gêner. Les Allemands essaient d'évacuer de force le quartier de la JOLIETTE mais la population résiste, finalement ils renoncent mais renforcent leurs points d'appuis pour tenir la ville.

Le 17 août les cheminots se mettent en grève, la résistance attaque des groupes d'Allemands isolés dans la ville et les véhicules ennemis sont attaqués et les Allemands commencent à faire sauter des ouvrages portuaires. Le 19 août la CGT clandestine lance l'appel à la grève générale insurrectionnelle.

Grâce aux armes récupérées à l'ennemi et à celles en notre possession, les batailles de rues s'intensifient.

Durant ces journées j'avais été chargé d'installer un groupe avec deux mitraillettes STEN anglaises au 1° étage d'un immeuble en face de l'église des réformés, je suis allé à BEAUMONT dans la banlieue marseillaise chercher 3 mitraillettes et des grenades entreposées dans une cave.

Dans l'après-midi du 20 août mon groupe reçoit l'ordre de venir en aide à une quarantaine de marins pompiers qui s'étaient mis à la disposition de CAYROL attaqués par les Allemands, ils s'étaient retranchés dans le château de MONTOLIVET.

Notre intervention leur a permis de décrocher et de se tirer de ce mauvais pas. Mon groupe a eu pour mission de libérer la place Bernard Cadenas et d'installer l'état-major FTP à l'école de cette place.

En Provence les troupes allemandes chassées par le débarquement refluent vers Marseille, les alliés n'ont pas encore atteint Aix-en-Provence que des barricades s'élèvent dans quelques quartiers de la ville.

Avec CALAS j'ai participé à une tournée pour examiner la situation, il n'y a aucun char allemand leur forces les plus puissantes avaient été évacuées pour le front de Normandie.

Dans plusieurs points stratégiques à CASTELLANE, au Boulevard Baille de nombreux résistants sont tués.

En ces lieux des plaques commémoratives rappellent ces affrontements.

La batterie allemande retranchée au RACATI tire sur la ville, comme celle installée à Notre-Dame de la Garde.

Le danger d'un reflux des troupes allemandes repoussées par les alliés devait être empêché.

CAYROL lance un cri d'alarme : les forces disponibles doivent se rendre sur la ligne du Jarret pour interdire toute entrée dans la ville.

Pour cette opération de libération d'un lieu central j'ai été cité pour la croix de guerre. Cette école sert de P.0 à CAYROL durant ces opérations il crée le régiment la Marseillaise F.T.P auquel j'ai participé à sa constitution. Tous les groupes venaient y prendre leurs ordres.

CAYROL organise les formations, résout les problèmes d'armement et de ravitaillement. La population se rend pour le moindre problème au PC pour apporter quelquefois leur aide ou en chercher.

Le 23 août comme prévu les allemands tentent de pénétrer dans la ville, ils ne s'attaquent pas au Jarret sans doute renseigné par leurs éclaireurs, mais bifurquent vers le nord. Au lever du jour j'ai vu arriver les premiers soldats de l'armée d'Afrique par le boulevard de la Libération.

Quelle joie, nous les avons fêtés et embrassés tous ces soldats de couleur, ces maghrébins qui venaient nous aider à nous libérer.

La résistance a joué un rôle important, elle a évité des bains de sang et activé la libération. L'armée disposait de moyens que nous n'avions pas. La résistance sans l'armée n'aurait pas pu tout faire, mais sans elle il y aurait plus de pertes dans l'armée.

Le 24 août l'état-major ennemi refuse les conditions de la capitulation exigée par l'armée. Les troupes allemandes se regroupent au Fort St Nicolas et au ROUCAS.

Le 25 août de durs combats ont lieu dans le nord de Marseille à St Antoine et à la VISTE du fait du repli des troupes allemandes.

De Notre Dame de la Garde les canons tirent sur la ville, la résistance avait essayé en regroupant les FTP de prendre d'assaut ce point culminant de la ville mais notre attaque a été stoppée.

Le 25 août les troupes de l'armée d'Afrique aidées par les FTP les ont fait capituler, mais beaucoup de soldats sont morts pour la libération de la ville. Pour la première fois nous avons combattu ensemble, nous sommes devenus des frères d'armes.

Le 26 août le régiment la Marseillaise est constitué sous les ordres de CAYROL, il regroupe près de 1000 hommes et j'en fais partie comme chef de section. Le régiment est installé à la caserne de la Belle de Mai.

Tous ces jeunes résistants veulent poursuivre la guerre jusqu'à Berlin.

La résistance c'est aussi le combat contre les inégalités sociales pour des droits à travers le programme du CNR.

Toute cette souffrance, ces combats, ces sacrifices de la jeunesse doivent servir d'exemple à la jeunesse .actuelle. Nous avons vaincu le Nazisme parce que nous étions unis dans un même combat.

La jeunesse actuelle à l'exemple de celle de la guerre et elle doit prendre conscience et lutter pour maintenir les valeurs de liberté, de justice et de fraternité pour lesquelles tant d'hommes et de femmes sont morts.

La résistance ne s'arrête pas à la libération elle continue jusqu'à la victoire du 8 mai 1945.

 

LE RÉGIMENT F.F.I. LA MARSEILLAISE.

Le régiment La Marseillaise recrute durant les combats de la libération et poursuit sa constitution de sa force dans la caserne de la Belle de Mai. Les engagés sont équipés sommairement et rapidement préparés à la poursuite de la guerre.

La grande majorité des engagés n'avait pas fait le service militaire, ils étaient âgés de 18 à 20 ans en général. Le régiment quitte Marseille pour s'installer à la caserne de BARCELONNETTE, il paraissait évident que l'on cherchait à l'isoler.

Puis nous sommes transférés au MUY pour accélérer notre formation militaire. En tenant compte de mes états de service dans la résistance je suis homologué adjudant-chef de section. Il y a 4 sections dont trois commandées par un officier et une pour l'adjudant.

 

L'INTEGRATION DANS LA lèreD.F.L.

 

Après notre instruction aux armes américaines et vêtus en uniforme américain le régiment F.F.I. est dirigé au Val d' AON pour être intégré dans la première Division Française Libre ( 1 ère DFL ) qui fait partie de l'armée. Les militaires gradés de cette unité n'apprécient pas notre incorporation car la conception des militaires issus de la résistance était différente. Cependant l'objectif fixé demeure le même : écraser les envahisseurs.

L'intégration s'effectue et l'idéal patriotique commun prédomine. Nous continuons la libération de la France jusqu'en Alsace. L'état-major nous fait positionner près du Rhin dans le village BOXHEIM les gradés sont logés chez l'habitant. Le Rhin sera traversé le 3 mars 1945 par les alliés et à cette date j'apprends le mariage de ma sœur aînée mais aucune permission n'est accordée, je ne l'avais d'ailleurs pas sollicitée. L'accueil de la population alsacienne qui avait beaucoup souffert est incroyablement chaleureux.

Beaucoup d'hommes avaient été intégrés de force dans l'armée allemande les malgré-eux. Certains qui avaient pu s'échapper combattaient à nos côtés, c'était le cas du lieutenant SCHMIDT que j'ai connu dans la résistance. Après un bref séjour en Alsace l'état-major décide de nous faire aller dans le sud de la France en disant :

Pour vous la guerre est finie. Le transport dans les camions militaires jusqu'à la gare s'effectue sans difficulté par contre celui en train comporte des conditions très désagréables dans des wagons à bestiaux 40 hommes 8 chevaux. A cette époque il faisait froid, a chaque gare nous avions du bouillon de cube pour nous réchauffer. Nous débarquons à Juan les Pins et nous nous dirigeons vers le col de TURINI la guerre n'est pas finie pour nous.

 

LA GUERRE EN ITALIE DU NORD.

La stratégie de l'état-major consistait à bloquer les allemands en déroute chassés par le sud et de remonter vers le nord de l'Italie. La première nuit nous campons dans des tentes de montagne, impossible de dormir les canons pilonnaient l'ennemi et l'offensive se préparait. Le 12 avril 1945 nous passons à l'attaque les allemands avaient fui mais certains étaient encore présents dans quelques fortins. Au-dessus de la localité Cabanes Vieilles se trouvait trois forts :

Notre situation n'était pas très confortable nous avons essayé d'approcher les forts sans succès, je commandais une section composée de trois groupes de 12 combattants. La deuxième nuit nous dormons dans des blockhaus installés par les allemands que nous venions de chasser. Le vendredi du 13 avril le capitaine vient me tirer de mon sommeil : Vous allez partir en patrouille sur le flanc de coteaux, les mitrailleuses vous protégeront en cas de danger, prenez 10 hommes avec un fusil mitrailleur et un agent de transmission. De la façon dont il me l'a annoncé j'aurais pu penser qu'il s'agissait d'une simple promenade d'ailleurs ce n'était pas la première fois qu'il me désignait pour aller proche des lignes ennemies car j'étais le plus jeune des chefs de section tous officiers, moi j'avais 19 ans.

Nous voilà tous les 11 partis à flanc de coteaux pour repérer le terrain avant notre prochaine attaque. Une patrouille qui avance ne peut pas être une promenade champêtre, elle peut servir de cible aux tireurs cachés.

Nous nous trouvons soudainement face a un soldat allemand assez âgé que nous faisons immédiatement prisonnier, nous réussissons à le faire parler avec un alsacien de mon groupe. Il y avait deux chemins en face de nous, je fais demander par notre interprète où sont les autres soldats : Ils sont dans cette direction répond l'allemand. Je fais amener le prisonnier au campement où siège notre compagnie BMXI de la 1° DFL je décide d'aller dans la direction que nous a indiqué le prisonnier car je considère qu'il a menti. Sur le chemin et sur une portion de terrain découvert je suis aux côtés de deux éclaireurs, je m'engage en leur demandant de me protéger.

 

BLESSURE GRAVE ET LONGSSOINS.

Je fais un bond et une balle me traverse l'abdomen je ressens une douleur indescriptible, la balle a traversé mon corps comme une épée me transperçant. Je suis tombé sans force mais sans perdre connaissance. L'agent de transmission prévient le commandement qui donne l'ordre de repli en recommandant de me transporter et envoie des brancardiers. L'un des soldats vient vers moi me prend sur son épaule me met à l'abri tout en recevant une balle dans l'épaule. Je n'oublierai jamais le retour sur un brancard avec mon intestin perforé à sept endroits et j'appris plus tard après l'opération chirurgicale que le moindre mouvement provoque' des douleurs abominables. Arrivé au camp l'infirmier me met un pansement, l'aumônier accourt et me dit : Mon petit tu souffres, ta blessure est sérieuse je te donne l'extrême onction. Je réponds que je ne crois à rien. Il n'y a pas besoin de croire me répond -il !!! Écoute moi de toute façon ça ne te fera pas de mal et il me donna l'extrême onction et s'occupa de mes affaires en les rassemblant dans une boite en carton. On me transporte ensuite en brancard sur une Jeep pour m'amener au poste médical avancé, le terrain qui avait été bombardé produit ses effets sur la jeep il me provoque des douleurs atroces. Sous une grande tente il y avait d'autres blessés, on me met sur un brancard sur pieds et avec des ciseaux tous mes vêtements sont découpés. On m'endort avec du chloroforme et je subis l'opération qui se passe à l'hôpital ambulant. J'ai appris par la suite que le chirurgien avait opéré pendant plusieurs jours lors du massacre à Dunkerque lorsque que les soldats embarquaient pour rejoindre l'Angleterre. Je souffrais après l'opération et les infirmiers me faisaient des piqûres de morphine pour calmer la douleur. Quelques jours après je suis transporté en ambulance puis en train Micheline à l'hôpital Anglais SPEE à BAULIEU Alpes-Maritimes. Dès l'entrée à l'hôpital on commence par me faire la toilette et durant plusieurs jours le service médical observait pour savoir si l'intestin fonctionnerait, durant cette période je n'étais pas alimenté. Puis le transit intestinal a ré-fonctionné près d'une dizaine de jours après l'opération. J'étais sauvé et je commençais à être alimenté légèrement.

 A la fin du mois d'avril je suis transporté à l'hôpital militaire de Sainte-Anne à Toulon. Là mon régime alimentaire se limitait à Purée-Pâtes et suis resté alité un mois. Je demeurais assis et passais le temps à lire car il y avait une bibliothèque intéressante et très variée. J'étais traité à la morphine mais à un moment elle à été supprimée pour éviter que je devienne morphinomane.

Après plusieurs semaines j'ai eu envie de sortir mais comment faire sans autre habit que ma chemise d'opéré et a ma demande à l'hôpital la réponse a été : Débrouillez-vous. J'ai demandé à un camarade adjudant qui avait a peu près le même gabarit que moi de me prêter son uniforme et je suis allé à l'aventure jusqu'à la première caserne qui m'ont donné un uniforme comme j'avais c'est-à-dire américain mais avec des chaussures françaises. Le 8 mai 1945 j'apprends la victoire sur mon lit d'hôpital, nous étions heureux mais sans plus il n'y a pas eu de fête nous étions tous désabusés par les souffrances que nous avions endurées, j'ai reçu aussi une lettre de mes parents qui avait été prévenus par un militaire en permission à Marseille.

Après des semaines de soins et de remise en forme je suis allé à mon foyer familial, tout aurait pu continuer et rentré dans l'ordre au plan médical mais j’ai fait une éventration et j'ai été réopéré à Michel LEVY hôpital militaire à Marseille. Longue période de soins nécessaire pour éviter une occlusion intestinale provoquée par le raccordement des 7 perforations, à chaque contrôle médical on me disait réfléchissez, vous ne voulez pas réintégrer votre unité et faire carrière dans l'armée. Pendant cette période de convalescence je retrouvais mes amis. Devant mon refus de poursuivre une carrière militaire je, suis finalement passé devant le Conseil de Réforme le 25 juin 1946, 13 mois après la victoire j'ai retrouvé ce que certains appellent la vie active qui n'est en réalité que la vie normale.

Ma conception de résistant ne s'arrête pas en devenant un citoyen.

DEVOIR DE MÉMOIRE.

La liberté et la paix constituent deux fondamentaux dans la vie et il ne faut surtout pas les oublier. Des femmes et des hommes épris de liberté et d'indépendance de notre pays n'ont pas hésité à prendre leurs responsabilités au péril de leur vie. Malgré mon jeune âge à 17 ans j'ai fait partie de ces hommes-là. Nous nous sommes battus certains ont étés blessés et c'est mon cas. D'autres sont morts pour reconquérir nos biens les plus précieux : la Paix et la Liberté. Nous avons osé combattre souffrir pour un idéal que nous devons préserver et transmettre aux jeunes générations. L'oubli est la pire des choses et engendre toujours des situations de désordre souvent graves que nous ne souhaitons plus revoir et que la jeunesse ne doit pas subir. La question peut se poser :

La mémoire est-elle nécessaire pour construire l'avenir.

Notre pays a été marqué par le souvenir et le devoir de mémoire par ce qui s'est passé lors de la première Guerre Mondiale, cette guerre a meurtri la France. Les institutions ont été contraintes de réaliser entre 1919 et 1939 des célébrations officielles, durant 20-ans dans les villes et les villages ont été construits des monuments aux morts. En 1940 face à une situation de capitulation et de soumission des personnes d'horizons différents de diverses conceptions politiques, religieuses, d'organisations gaullistes, communistes, ont eu le courage de s'y opposer. La mémoire devient indispensable pour déclencher la juste réaction au moment de la crise d'une société. Les célébrations, un événement, un fait historique deviennent des références pour l'entretien de l'esprit de mémoire. Évoquer le passé dans ce qu'il y a d'horrible permet d'éviter que cela ne se reproduise. Dans l'histoire de l'humanité des aberrations historiques se sont reproduites. Pour les éviter il faut pérenniser le souvenir, il est donc nécessaire qu'il y ait toujours des 11 novembre, des 8 mai, des anniversaires de la libération de nos villes. Des dates comme le dernier dimanche d'avril en souvenir de la déportation, du 27 mai jour où s'est constitué le C.N.R (Conseil National de la Résistance), du 18 juin (appel du général De Gaulle ), toutes ces journées doivent se commémorer malgré qu'elles ne soient pas des jours fériés. Le devoir de mémoire est fondamental pour rétablir aussi la vérité.

Des associations d’Anciens Combattants auxquelles j'appartiens :

La 1° D.F.LDivision Française Libre.

ANACR Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance. ARAC Association Républicaine des Anciens Combattants.

Ces associations perpétuent l'entretien de la mémoire. Le Concours de la Résistance et de la Déportation organisée par l’Éducation Nationale aux jeunes de 3° année accomplit ce rôle de mémoire depuis plus de 50 ans: Je participe toujours en intervenant dans les lycées, collèges et collectivités. L'association du Concours National de la Résistance et de la Déportation C.N.R.D travaille à sa préparation dans les collèges. Nous faisons participer la jeunesse aux cérémonies en sollicitant des lycées et collèges qui font venir des élèves et leurs professeurs pour lire un message et participer aux dépôts de gerbes devant les monuments aux morts. Dans plusieurs années si les témoins disparaissent tout s'effacerait si la jeune génération ne prenait pas la relève. Fort heureusement des personnes plus jeunes adhèrent à nos associations et ils prennent des postes de responsabilité pour mieux préparer l'avenir.

L'esprit de la Résistance ne s'éteindra pas. Non il ne s'éteindra pas.

Il confirme notre action entreprise depuis la cessation des hostilités pour pérenniser la mémoire. Le souvenir du jeune Communiste de 17 ans Guy MOCQUET fusillé par les Allemands le 22 Octobre 1941 a été marqué en 2017 par la lecture de la lettre bouleversante qu'il a écrite à ses parents avant de mourir et ils étaient 26 avec lui fusillés à Chateaubriand. Ce jeune résistant était l'un de cette jeunesse mineure car la majorité à cette époque Administrateur de l' 0.N.A.C. 13.

 

Michel CACIOTTI

Né le 30 juillet 1926 à Marseille.

Résistant à 17 ans. F.T.P.F.

Grand Invalide de Guerre.

Officier de la Légion d'Honneur.

Médaille Militaire.

Officier de l'Ordre National du Mérite.

Croix de Guerre avec Palme. 4 Citations.

Croix du Combattant.

Croix du Combattant Volontaire de la Résistance.

Médaille des blessés de Guerre.

Cités à l'ordre du Régiment, de la Division et de l'Armée.

Président d'Honneur de l' ARAC.

Dirigeant de l' ANACR.

Administrateur de l' 0.N.A.C. 13.

Juge au tribunal des Pensions Militaires.

Correcteur au Concours National de la Résistance et Déportation.



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