Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits
Plateau de VALENSOLE Printemps été 1944
© Claude NICAULT
En octobre 1942, j'avais 14 ans, j'habitais Bormes les Mimosas chez mes parents et j'allais en classe à Cavalière par le petit train des pignes Toulon-St Raphaël.
Après le lycée d'Hyères en septembre 1940, alors que nous étions réfugiés chez mon oncle, le Dr.Jacques Oswald à la Londe les Maures depuis mai, j'avais ensuite fréquenté l'institution "Collange" à Bormes les Mimosas, grande maison située dans la montée juste au-dessus de l'Eglise St.Trophyme, pour finir à Cavalière à la rentrée de septembre 1942.
Mon père, Maurice Nicault, Consul Général de France à la retraite, craignait que les Allemands ne le recherchent en raison des rapports qu'il n'avait cessé d'adresser au Quai d'Orsay, tant de Rotterdam, où il avait été en poste onze ans : que de Liverpool en dernier, de 1934 à 1937 :
C'est à ce poste qu'il recevait pratiquement toutes les semaines des réfugiés fuyant l'Allemagne nazie, pas seulement des juifs mais aussi des opposants au régime, leurs récits corroborant ce qu'il savait déjà de la situation en l'Allemagne.
Bref, il avait jugé plus prudent de me mettre dans ce cours ce qui 'fait que de septembre 1940 à septembre 1942, j'avais déjà fréquenté quatre établissements scolaires...
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Un jour de mai 1943 mon père me prend à part dans notre salon-salle à manger et me dit textuellement ceci : - "mon petit, les Allemands sont foutus, ce n'est qu'une question de temps maintenant mais ils peuvent être encore terriblement dangereux.
"J'ai rencontré des personnes qui m'ont dit avoir besoin de jeunes garçons pour servir d'agents de liaison, porter des messages aux différents groupes de résistants dans la région".
"Ces garçons en raison de leur âge ne pouvant être pris pour des réfractaires auront ainsi beaucoup plus de chance de ne pas attirer l'attention, mais crois-moi, ce sera très risqué, il te faudra, si tu acceptes, ne parler de ceci à personne, même pas et surtout à ton meilleur ami."!
J'étais sidéré, abasourdi et aussi fou de joie! Mes rêves les plus secrets allaient enfin se réaliser, j'allais pouvoir participer à la grande aventure!
"Papa, je commence quand ?" fut tout ce que je pus répondre.
- "Je vais te présenter à ces personnes demain matin, d'ici là réfléchi bien et pense qu'à partir de maintenant, tu devras être muet comme une tombe". Ma mère est arrivée, elle avait les larmes aux yeux et je compris qu'ils avaient dû en parler ensemble, ils m'ont embrassé très fort et je me souviendrai toujours de ces moments d'intense émotion.
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