Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

LE MAQUIS DE LA MONTAGNE DE LURE dit MAQUIS DE SAINT- AUBAN A CHATEAUNEUF VAL SAINT- DONAT
18-02-2016

 Par Achille LENARDUZZI

Tous droits réserves  reproduction interdite 

 

Le 6 juin 1944, très tôt le matin, radio Londres ( en code ) annonce le débarquement des alliés sur la côte normande.

L'Etat-Major du secteur se réunit à l'hôtel des Ingénieurs et prépare l'ordre du jour.

A 7 heures, les ordres sont donnés à chacun des responsables de section.

Etant agent de liaison, je suis chargé de prévenir et porter des messages à une personne à la gare de Peyruis et puis à une autre, travaillant dans un entrepôt aux Mées. En cours de route, une voiture militaire allemande est arrêtée à l'entrée du pont des Mées. Le chauffeur change une roue du véhicule  que deux pendant officiers adossés à la voiture fument leur cigarette. Je passe sans encombre, devant eux, à bicyclette.

En fin de journée, des sympathisants, au courant du débarquement allié, rejoignent discrètement le lieu de rassemblement situé entre la colline de Clubières et Châteauneuf — Val - Saint — Donat.

Ces personnes, au nombre de 170 environ, sont cantonnées dans des fermes, granges, et bergeries situées dans les quartiers des 2 ponts, les Touisses, les Berlis, le jas de la Bri, la Gorge de Belon et le Grand -Hubac. Certains dorment à la belle étoile car il fait beau temps. Le lendemain, après le rassemblement, il est demandé à quelques unes de rejoindre Saint-Auban (personnes âgées, pères de familles nombreuses, personnes handicapées) car nous n'avons pas assez d'armes et de munitions pour tout le monde. Même parmi celles qui restent, toutes ne sont pas armées. Elles servent alors d'auxiliaires.

Au chapitre du 1e1 Régiment Bas-Alpin, une liste mentionne les noms des personnes qui souscrivent un engagement volontaire pour la durée de la guerre. Parmi elles, se trouvent de nombreuses personnes qui nous ont rejoints le 6 juin.

Il n'est pas facile de gérer un groupe aussi important, qu'il faut nourrir, loger, éduquer. Seules quelques personnes ont apporté du ravitaillement pour deux ou trois jours et un équipement de campagne.

Le jour même, les hommes sont armés et reçoivent un rudiment d'instruction au maniement des armes par les personnes ayant déjà participé aux stages d'entraînement et d'instruction militaires. Quatre sections de quinze hommes sont formées. Notre stock d'armes et de munitions est assez limité car nous avons fourni les maquis les plus proches. Nous possédons des armes britanniques et aussi des armes françaises que les gendarmes ont pu nous procurer.

Le 8 juin, à l'aube, les quatre sections effectuent un coup de main contre la garnison allemande cantonnée près de l'entrée de l'usine.

Chez les Allemands il y a deux blessés, dont un mortellement.

De notre côté nous avons deux blessés légers qui sont soignés à l'hôpital de la Cité, par le docteur CLARY; ce sont messieurs SKALIDAKIS Stylianos et ARNOUX Fernand.

Au retour de l'attaque, la 1ere section empruntant l'avenue Balard essuie deux coups de feu, tirés d'une maison, personne n'est touché.

Le même jour, le jeune Emile MELANI âgé de 18 ans, du maquis de CALAMEL , se tue au cours d'une patrouille sur le secteur dit les Paulons "*. En sautant un ruisseau, avec sa mitraillette armée à la main, la crosse de l'arme heurte le sol. La victime reçoit une rafale de balles du chargeur à travers le corps. Il décède rapidement. Il est inhumé le lendemain dans le cimetière de Châteauneuf —Val ­Saint - Donat.

 

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