par Renée LOPEZ-THERY
La libération
Au camp de Buchenwald, les SS commencèrent à vider le camp au début du mois d’avril (1944). Neuf convois furent jetés sur les routes entre le 6 et le 10 avril en faisant plus de 30 000 victimes. « On nous avait donné l’ordre de nous préparer, puis il y a eu un contre-ordre. Un Français du Kommando S3 que j’interrogeais, m’a dit que ceux qui ne pouvaient pas marcher étaient liquidés. Les blocks étaient vidés progressivement. Le soir du 10 avril, je suis sorti dans le camp pour me rendre compte de la situation, il restait entre 20 000 et 22 000 « Häftling ». Le camp me paraissait vide ».
Le 11 avril, à midi, il y a eu une alerte spéciale Les SS quittaient le camp au trot et même au galop ! » Puis les déportés essaient de sortir du camp : « On nous a dit de ramper jusqu’aux miradors pour franchir les barbelés qui avaient déjà été coupés.
J’étais avec un Russe. On s’est éparpillé le long du chemin mitoyen entre le camp et la forêt. Je me suis retrouvé dans une caserne de SS où un déporté français m’a donné une grosse tranche de pain et un énorme morceau de pâté. J’ai tout mangé, ce qui m’a déclenché une crise d’urticaire de plusieurs jours. Il y avait une Résistance dans le camp, je me suis retrouvé avec un mousqueton italien. Les Américains nous ont demandé de déposer les armes. La quantité était impressionnante, il y avait même des Panzers Faust et deux mitrailleuse lourdes, sans compter des armes légères et beaucoup de fusils ».
Retour des camps
« Une étape sanitaire a été ouverte à Eisenach en Thuringe. J’y suis resté une quinzaine de jours, puis j’ai été rapatrié en France en passant par Saint Avold (où nous avons reçu un accueil extraordinaire)) pour atterrir le 6 mai au LUTETIA.
Après les formalités, j’ai été accueilli chez un oncle à Paris. J’étais sur la place de la Concorde, le 8 mai 1945 pour la capitulation de l’Allemagne. J’ai revu Olivier Théry qui m’a reçu pour un bon repas et une pièce de théâtre. On était vraiment sur une autre planète !
Mes parents m’ont accueilli à Marseille avec tout l’amour qu’ils pouvaient. Ils avaient même refait la maison qui avait souffert du bombardement du 27 mai à l’identique pour que je ne sois pas dépaysé. Les parents de Pierre Mouren n’ont malheureusement pas connu le bonheur de revoir leur fils mort à Dachau. J’ai retrouvé Robert RAZZOLI. On a essayé de se regrouper, de retrouver les plaisirs de la vie. J’ai été soigné pendant six mois dans des centres ouverts pour les déportés : à la Roche de Rame du 27/07 au 1/10/1945 et à Chabanas du3/12/45 au 5/3/46».
Extrait du Bulletin n° 21 (R.L.T)
Jacques PILLE