C'est à l'été 1940 que Maurice Ripoche, un ingénieur dirigeant d'une entreprise de fours électriques, capitaine d'aviation lors de la Première Guerre mondiale, décide, de retour à Paris après l'armistice, d'entrer en Résistance. Il organise en août avec deux amis, Pierre Beuchon et Yves Chabrol, une première réunion d'où va naître «Ceux de la Libération» (CDLL), dont il rédige le manifeste, à la dimension patriotique certaine, appelant à chasser l'occupant par la violence, mais dont certains termes, prônant un Etat fort et corporatiste et s'en prenant aux «étrangers ou fils d'étrangers», aux «politiciens bavards» et aux «Juifs sans patrie» traduisent un positionnement proche de l'idéologie pétainiste, s'en différenciant par le préalable de la libération du pays.
Avec, aux côtés de Maurice Ripoche, des hommes comme Jacques Ballet, Yves Chabrol, André Mutter, Maurice Nore, Henri Pascal, Maurice Vannier (Osier, secrétaire général de 1941 à mars 1943) Gilbert Védy (Médéric) et, à partir du début 1942, Roger Coquoin, CDLL se développe de manière importante en zone Nord, regroupant plusieurs milliers de membres, recrutant notamment dans les milieux de l'aéronautique, parmi les ingénieurs, les militaires, les anciens du Parti Social Français de de la Rocque.
CDLL éditera à partir de mai 1943 le journal «Ceux de la libération», qui prendra en juin 1944 le titre de «La France Libre». Une de ses principales activités sera le renseignement, le SR de CDLL étant dirigé jusqu'à son arrestation en mars 1942 par Georges Savourey ; par ailleurs, le mouvement met en place à partir de 1942 une filière d'évasion pour aviateurs alliés dirigés par Georges Leduc, qui sera arrêté en février 1944. La structure militaire (service «Action») est confiée au colonel Schimpf.
La répression aura durement frappé CDLL : Maurice Ripoche, arrêté en mars 1943, condamné à mort, est décapité en Allemagne en juillet 1944, Coquoin est abattu en décembre 1943, le colonel Ginas qui lui succède est arrêté en janvier 1944, Gilbert Védy, qui a représenté un temps CDLL à Alger, est arrêté le 21 mars 1944, trois jours après son retour en France, et se suicide avec sa pilule de cyanure, Maurice Vannier, sera déporté à Buchenwald où il mourra le 15 avril 1945.
En novembre 1942, «Vengeance», un mouvement créé en janvier 1941 par Victor Dupont (Vic-Dupont) et François Wetterwald, rayonnant sur la Région parisienne, la Normandie et le Centre, spécialisé dans le renseignement, fusionnera avec CDLL, dont Vic-Dupont devient Vice-président. Wetterwald prendra la direction des Corps francs «Vengeance», qui fusionnent avec les groupes «Action» de CDLL ; le réseau de renseignements devient «Turma-Vengeance».
Après l'arrestation de Roger Coquoin, CDLL est représenté au CNR par André Mutter, un avocat et journaliste ancien du PSF. A la Libération, CDLL aura 8 représentants à l'Assemblée Consultative à Paris.