EXTRAITS des ESSAIS SUR LES MOUVEMENtS DE RESISTANCE DANS LES BOUCHES DU RHONE
Par Francis AGOSTINI , président de l'Union Fédérale
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L'UNIFICATION DES MOUVEMENTS DE RESISTANCE
Tout n'a pas été facile dans cette unification du fait de la nature des hommes , des problèmes posés à chacun des responsables des mouvements et des idées politiques de chacun et des ambitions personnelles de certains.
On peut distinguer plusieurs phases dans le processus d'unification
- La prémière est celle qui a vu en zone non occupée le mouvement d'Henri FRENAY , le MLN , fusionner avec Liberté Nord de François de MENTHON et de Pierre Henri TEITGEN pour devenir Combat en novembre 1941-Liberté Sud avec Franc Tireur.
- La seconde phase sera beaucoup plus laborieuse , notamment toujours en zone Sud puisqu'elle concerne Combat et Libération , et va donner naissance aux Mouvements Unis de la Resistance- Les MUR
Cette fusion a été particulièrement génée par la rencontre FRENAY-PUCHEU- qui a apporté un très grand trouble à la fois dans Combat , mais également dans tous les autres mouvements qui devaient se fédérer avec lui , notamment Libération d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie et Franc Tireur de Jean Pierre LEVY.
En zone Nord- Zone occupée un comité de coordination groupe déjà les dirigeants des grands mouvements.
- La troisième phase sera après encore bien des péripéties et même des conflits au sein même de la résistance, la création du CNR- Conseil National de !a RESISTANCE au départ est une idée des socialistes de Londres, mais pas sous cette appellation.
En fait le CNR ne devait être qu'un organe de représentation des mouvements et des partis politiques ayant rejoint la Résistance et non un organisme de direction‑
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Il faut ajouter à tout cela l'hostilité des agents du SOE britannique en France qui ont tenté par tous les moyens de limiter considérablement cette unification des mouvements. La question que l'on peut se poser avec le recul du temps , c'est que le but véritable - Plus politique que militaire très certainement- du gouvernement anglais ne fut-il pas d'empêcher le regroupement des mouvements et d'éviter ainsi la reconstitution à la fois intérieure et extérieure de nos institutions nationales qui permettaient à notre pays et au Comité National à Londres de faire entendre sa voix parmi les alliés ? -Comme l'avance d'ailleurs très clairement René HOSTACHE dans son livre sur le Conseil National de La Résistance.
N'en fut-il pas de même de la part des Etats Unis d'Amérique quand on connait l'hostilité du Président B.F. ROOSEVELT à l'encontre du général de GAULLE ? Il faudrait énoncer ici toutes les tentatives de débauchage de certains réseaux ou mouvements par l'OSS.
Pendant longtemps les Etats Unis ont gardé des relations privilégiées avec le gouvernement de Vichy et du Maréchal PETAIN , n'ont-ils pas traité certes , contraints et forcés ,avec l'Amiral DARLAN après le débarquement du 8 novembre 1942 en Afrique du Nord ? Puis par la suite n'ont-ils pas joué la carte GIRAUD , après avoir tenté celle de WEYGAND ?
Que se serait-il passé si l'Amiral DARLAN n'avait pas été assassiné par le jeune BONNIER DE LA CHAPELLE le 24 décembre 1942 ? Les Américains n'auraient-ils pas continué de considérer le Maréchal PETAIN comme seul interlocueur valable , écartant le général de GAULLE ? La suite de l'histoire avec l'appui donné au général GIRAUD par les USA n'en est-elle pas une preuve de plus ?
En fait c'est la Résistance intérieure , composée des mouvements et des représentants des artis politiques constituant le CNR qui va faire basculer la tendance en faveur du général de GAULLE , notamment par le premier
télégramme adréssé par Jean MOULIN à Londres le 8 mai 1943, annonçant la constitution du Conseil de la Résistance ; ce T.O. transmis le 13 mai par le plan Niger et diffusé par André PHILIP, commissaire à l'Intérieur , provoque un choc non seulement chez les Anglo-Saxons , mais également dans l'entourage du général GIRAUD le 16 mai.
Voici les textes des différents télégrammes de Jean MOULIN.
- 8 mai 1943‑
« Cônseil de la Résistance constitué-Essaie organiser réunion prochaine- Indispensable m'envoyer par premier courrier message général de GAULLE qui devra constituer programme politique- Pour avenir insiste prime sur necessité constituer IV° République qui ne sera pas calquée sur III° et dans laquelle partis politiques devront former blocs idéologiques très larges- Pour présent souligner difficultés requérant intérieur efforts, sacrifices et discpline-Fin.
Dans un télégramme suivant , Jean MOULIN fournissait la liste des formations définitivement retenues.
Dans un troisième message, le président du CNR- Jean MOULIN éCrit « Suite départ de GAULLE Algérie , tous mouvements et partis Résistance zone Nord et Sud renouvellent général de GAULLE et Comité National attachement total aux principes qu'ils incarnent et dont ne sauraient abandonner parcelle sans heurter violemment opinion française- Tiennent à déclarer fermement- Primo- Rencontre prévue doit se fair entre français au grand jour et au siège gouvernement général Algérie- A suivre- Secundo- Que les problèmes politiques ne sauraient être exclus des conversations-Tertio- Que subordination de GAULLE à GIRAUD comme chef militaire- Quarto-Quelle que soit l'issue des négociations de GAULLE demeurera pour tous seul chef Résistance française-Fin »
( Extrait du document sur les journées d'étude sur le Conseil National de la Résistance-Institut d'Histoire du temps présent- CNRS- 1983).