Par Francis AGOSTINI
Président de la Coordination des Combattants des Bouches-du-Rhône.
Président départemental de l'Union Fédérale des Bouches-du-Rhône
Tous droits Réserves.
Organisation de Résistance de l'Armée«, Ostie.®)
Cette organisation a été créée à partir des officiers et élèves officiers de Saint Cyr et de Saint Maixent repliés dans le Sud-Est de la France , où les écoles étaient implantées après la défaite , à Aix en Provence à la caserne Miollis et Forbin, jusqu'à l'entrée des allemands en zone non occupée le 11 novembre 1942 , peu après le débarquement des alliés en Afrique du Nord- Aix en Provence ne fut occupée que le 27 novembre.
L'ORA fut pratiquement organisée dans le Midi par le capitaine Lécuyer , ancien instructeur à Saint Cyr , et qui deviendra Sapin dans la Résistance, et qui constituera une force relativement importante autour d'un petit noyau d'officiers et d'élèves officiers.
Les premiers contacts qu'eut le capitaine Lécuyer , grâce au capitaine Rioufol furent avec le mouvement de Carte , animé par André Girard et soutenu par l'IS ; mais rapidement devant le peu de sérieux montré par le chef de Carte , le capitaine Lécuyer monte sa propre organisation aidé en cela par le colonel Zeller au cours d'une réunion tenue dans la salle d'un café au boulevard d'Athènes à Marseille, le colonel Zeller étant lui-même l'envoyé du général Frère.
Dès son retour à Aix , Sapin, commence son recrutement en prenant tout d'abord les contacts locaux avec les anciens élèves de Saint Maixent mariés pour la plupart et de ce fait étant restés dans leur ville de garnison, les Saint Cyriens célibataires et bien plus jeunes étant repartis chez eux. Sapin les contactant, ils rejoignent en grand nombre, un peu plus tard.
Recevant quelques fonds au départ ,le mouvement de ralliement s'amplifie et on peut dire que la naissance de l'ORA dans le Sud-Est date de février 1943. En mai , le colonel Zeller arrive à faire affecter à Sapin quelques postes radio , provenant sans doute de matériels camouflés aux yeux de l'occupant , ainsi que des opérateurs.
Le capitaine Lécuyer-(Sapin)- va trouver un adjoint en la personne du capitaine Ceccaldi , cavalier qui lui organise un PC composé d'officiers de liaison , PC qui s'implante à Marseille au premier étage d'une vieille maison au 149 rue de Rome où logent en permanence les sous-lieutenants Cheylus-(Chateau)-, Betemps et Carlin.
Cet appartement ne sera jamais découvert et ce jusqu'après la libération de Marseille
Quant aux postes radio notamment ceux d'origine britannique , ils ne furent jamais laissés au même endroit, émettant de lieux différents et changeant constamment de place en région R2: le responsable du réseau radio était le sous-lieutenant Arniaud. Les effectifs étaient en mai 1943 de 20 à 25 sous-lieutenants .
Le trésorier de l'ORA était monsieur Charrier d'Aix en Provence. Le premier parachutage eut lieu à La Tour d'Aigues dans le Vaucluse.
Les quelques containers largués ne contenaient que des révolvers ou pistolets ,un ou deux pistolets-mitrailleurs , des grenades , des explosifs avec leurs accessoires , quelques armes italiennes de récupération , et de l'armement français soustrait lors de la dissolution de l'Armée d'armistice , venant compléter l'arrivée de ces matériels tombés du ciel.
L'ORA reçut un peu plus tard un instructeur anglais qui vint former les jeunes officiers à l'utilisation de nouveaux matériels.
En septembre 1943 eurent lieu quelques arrestations dont celle du sous-lieutenant Viger , Sapin pour sa part échappant de peu lui même à une descente de police. Le sous-lieutenant Macary est lui aussi pris , ainsi que Curtet , et sont dirigés tous deux vers Marseille au siège de la Gestapo an 425 rue Paradis.
Le capitaine Lecuyer préfère se réfugier temporairement au chateau de Cabannes dans le massif de la Trévaresse et parvient à faire passer des messages à son PC à Marseille ; entre temps le sous-lieutenant Viger s'évade et rejoint et plus tard , c'est le tour de Curtet- Viger étant repris à Nimes sera déporté à Mathausen.
En octobre 1943 ce seront les premiers contacts avec les autres mouvements de Résistance et une réorganisation de l'ORA dans le département cela du au départ du commandant de Sainte Opportune obligé de quitter Marseille pour l'Ardèche , et c'est le directeur de l'école du Puy Sainte Réparade , Jean Franchi , qui prend la responsabilité du département , puissamment aidé par Louis Philibert , qui plus tard deviendra président du Conseil général des Bouches du Rhône , député et Sénateur..
De décembre 1943 à juin 1944 , onze parachutages furent effectués , tandis que les contacts devenaient de plus en plus fréquents avec les autres mouvements et leurs chefs : ainsi Sapin rencontre-t-il Max Juvenal , responsable des MUR, puis Simon des FTPF.
Marseille s'étoffe avec l'arrivée d'un officier des douanes , Caporalli accompagné de Joumelard. Fin 1943 , les Forces Françaises de l'Intérieur sont créées , et se pose alors la question de la nomination du commandement FFI - Rossi(Levallois)- est désigné par le COMAC , Sapin devenant son chef d'Etat-major des FFI pour R2 : en mars arrive également Louis Burdet ( Circonférence)-nominé comme Délégué militaire régional- (DMR)-
Rapidement sont connus les différents messages personnels précédant le débarquement du 6 juin , pour R2.
La diffusion de ce dernier message allait d'ailleurs conduire à un drame , celui du plateau de Sainte Anne , où les Allemands réagissant à la mort d'un des leurs ,tué, au cours d'un transport d'armes du maquis , et d'une dénonciation , attaquent le maquis situé entre Lambesc, Charleval et la Roque d'Anthéron , l'anéantissent et se livrent à de sauvages éxécutions au Fenouillet et au Val de Cnech près de Salon.
Les membres de l'ORA , notamment les sous-lieutenants participent activement à la constitution des maquis du Pays d'Aix , d'autres à Marseille vont participer aux combats de la libération dès le 19 août , lors des premiers
accrochages avec l'occupant , et les groupes Saillant, Bonnin Simonne ,
Millaret , 011ier , Doucet , Tauleigne et Bonacorsi attaquent les isolés dans la périphérie marseillaise , tandis que les gendarmes de la caserne de Louvain , sous les ordres du capitaine Lickel interceptent des convois légers allemands , les estafettes et font du harcèlement dans le centre ville , au cours Lieutaud , le Prado, l'avenue Camille Flammarion, la rue de Rome , la place Castellane et dans les quartiers extérieurs de la ville , au Merlan , aux Caillois , Bois Luzy , Saint Barnabé , Saint Loup , Pont de Vivaux , La Timone , La Capelette et à Mazargues. Le 23 , ils sont rejoints par les troupes de la 3° DIA , Marseille étant libérée le 28 août.
La plupart des membres de l'OIRA seront incorporés dans la 1° Armée et iront combattre sur le front des Alpes.