18 juin 1920 - 20 juin 2014
Alias BRESSIER, PELISSIER
Alors qu'il travaillait dans les services de la SNCASE à Marignane, Jules Sébastianelli, âgé de 20 ans, accusé de relations avec les milieux communistes, a été arrêté le 20 octobre 1940 et incarcéré au Fort Saint Nicolas à Marseille.
Le Tribunal Militaire, en l’absence de preuves, lui accordait un non-lieu, sans pour autant qu'il soit libéré, car ce dernier fut interné aux camps de Chibron dans le Var et à St Sulpice ; il est libéré pour trois mois renouvelables, mais aussitôt incorporé aux Chantiers de Jeunesse.
Ayant par précaution, maintenu différents contacts avec les opposants au régime de Vichy dès sa libération André AUNE, l'abrite à son domicile rue Sylvabelle, en attendant la confection de faux papiers d’identité. Puis il rejoint, son frère, le Révérend Père AUNE, Dominicain, qui avait créé, avec d’autres personnalités opposées à Vichy, un organisme "L’étape" dans une propriété de famille dénommée "Caderache" sur la Commune de Lamanon (près de Sénas).
Dès que des papiers furent établis (comme agriculteur à la Commune de Sénas), il revint sur Marseille, où on lui avait trouvé un autre abri.
À partir de là, il fut en contact avec différents Réseaux de la France Combattante et notamment avec Robert NEUHOF, ancien directeur de Publicité du Figaro à Paris responsable de Réseau.
C'est dans ces circonstance qu'il participa à la création et au développement du Réseau F.Y.R. dans une région assez élargie (St Vallier dans l’Isère, Valence, Avignon, Nîmes (avec le sous-chef de gare), et dans le Var à Toulon où était basée la Kriegsmarine.
Parmi les personnalité de la Résistance avec lesquelles il fut en contact, il y avait le colonel HUITTON, de son vrai nom le colonel SIMON, chef Régional F.F.I., devenu Compagnon de la Libération, et qui devint après la Libération Directeur Régional du Cadastre ; ainsi que le Consul du Mexique à Marseille, opposant à Vichy, qui dirigeait une affaire de Transit Portuaire.
À la suite d’une arrestation d’un radio dans le Var, à Ste Anne-d’Evenos (au-dessus d’Ollioules), il apprend par un ami AUDIBERT, contrôleur des contributions indirectes que la Gestapo le recherche et qu'elle connaissait le lieu de sa "boîte aux lettres" au tabac du bas de la rue d’Aubagne à Marseille.
Par précaution, il va coucher chez une parente en banlieue et au matin, avec Jeanne VALLI son agent de liaison du Réseau, devenue son épouse à la Libération, il se rend à sa boite aux lettre.
Par précaution Jeanne VALLI lui propose d'aller vérifier la sécurité des lieux
Jeanne VALLI ressortit du Bar-Tabac, quelques minutes après, et au lieu de le rejoindre, s’engagea vers le Cours Saint-Louis, suivie par deux hommes.
Les consignes souvent répétées de prudence, et d’alerte, ont servi, puisque Jeanne VALLI, est entrée dans plusieurs magasins, et enfin convaincue qu’elle n’était plus suivie, se rendit au rendez-vous de "repêchage". Beaucoup d’émotion, mais elle lui avait sauvé la vie, car ceux qui tombaient sur la Gestapo, dont le chef s’appelait DELAGE, n’en réchappaient pas.
C’est à cette époque, que le Consul du Mexique, l’emmena à Sault dans le Vaucluse, et lui trouva une famille pour l'abriter quelques jours.
Finalement, grâce à une fausse fiche de démobilisation militaire, le faisant naître à Saint-Nazaire, dont l’état-civil avait été détruit par les bombardements, le secrétaire de Mairie de SAULT qui n'était autre que Mr BEYME, chef F.F.I. du Vaucluse, lui établissait une carte d’identité, au nom de Robert BRESSIER, enregistrée avec mention en rouge "Rapatrié d’Allemagne". Cette mention lui permit de franchir, par la suite, de nombreux contrôles de Vichy, ou des Allemands.
Au moment de la Libération, il participa à Marseille, notamment, à l’assaut d'une usine de panification de la Wehrmacht rue Louis Astruc,
Ses contacts précieux, avec d’autres Résistants, parfois, à son insu, à un niveau élevé, autour du colonel HUITTON (SIMON) lui ont permis de mieux comprendre la stratégie du commandement allié, lequel devait finalement renoncer à contourner Marseille, dont les Milices Patriotiques essayaient seules, de contenir les Allemands retranchés Gare Saint-Charles, Notre-Dame-de-la-Garde et sur les hauteurs de Marseille.
Par la suite, par ce canal relationnel, il fut appelé à la Préfecture, et reçu par le Commissaire Régional de la République, Raymond AUBRAC, qui lui proposa de rentrer dans son Cabinet, comme chargé de mission, auprès de Maître FERRUCCI, grand responsable de la Sécurité.
À ce titre, il accomplit un certain nombre de missions, car la guerre n’était pas terminée, et aucune liaison n’existait entre Marseille et Paris, ce qui augmentait d’autant le poids de la charge de Commissaire de la République.
A noter que parmi les attributions de Raymond AUBRAC, il y avait celle du droit de grâce, des condamnés à mort, par les Cours de Justice Régionales.
Parallèlement à cela, il avait à recenser tous les membres du réseau, afin que leur conduite et leur action, résistante à l’occupant Nazi soient reconnues, comme cela se devait, avec au besoin, selon le cas et les actions, être proposé pour une distinction, comme celle de Croix de Guerre. Tout cela s’est fait, en étroite coopération avec un autre Résistant valeureux, BENEZRA Bernand, ayant opté de s’appeler Bernard BERMOND.
Ce dernier arrêté à Marseille, est parvenu à s’évader, avec le Prêtre CHOUQUET, et arrivé en Espagne au Camp de MIRANDA, était ensuite parvenu à rejoindre Alger. Parachuté ensuite, près de PUYLOUBIER, il fut chargé par la France Combattante, de rassembler, tout ce qui touchait aux réseaux, afin que tout soit accompli, dans les règles strictes, avec attestations signées.
Jules SEBASTIANELLI, engagé dans l’Armée de l’Air, suivit alors l’École des Cadres à Monfrin (Gard), là où était basé la LUFTWAFE. Cela était indispensable, à rendre définitif son grade d’officier, d’Agent P. 2 des F. F. C.
Son épouse, Jeanne VALLI, a reçu la Croix de Guerre, avec palme. Par la suite, j’ai été fait au titre de la Résistance, Chevalier de la Légion d’Honneur, avec une citation due à la plume de NEUHOFF, comportant la Croix de Guerre avec palme.
La guerre finie, il rejoignit à Paris le Commissaire de la République Raymond AUBRAC, que le Général DE GAULLE, avait chargé de la Direction du Déminage au titre du Ministre de la Reconstruction, avec un Ministre Raoul DAUTRY.
Il revint à Marseille, comme Contrôleur Technique du déminage dans le cadre de l’Étang de Berre, et de toute la façade maritime, jusqu’à Nice.
Devenu colonel de Réserve Air, aujourd’hui versé à l’honorariat il a été Président des officiers de Réserve de cette arme, puis Maire de Névache (Hautes Alpes) de 1977 à 1983 et ensuite au Cabinet du Maire de Marseille, chargé des affaires militaires et anciens combattants
Lors de la décentralisation des lois Defferre, il a occupé cette même charge au Cabinet du Président du Conseil Général des Bouches du Rhône.
Toujours attaché au monde combattant et au maintien de la Mémoire, Il fut Président de l’Union Départementale des Combattants volontaires de la Résistance (C.V.R.), et Président Fondateur du Mémorial Jean MOULIN, près de Salon de Provence.
La ville de Marseille à donné son nom à un Boulevard .
Il a reçu les distinctions suivantes :
- Chevalier de la Légion d’Honneur, au titre de la Résistance (J.O. du 14 Décembre 1957)
- Croix de Guerre avec palme (J.O. du 14 Décembre 1957)
- Commandeur dans l’Ordre National du Mérite au titre de la Défense (J. O. du 11 Décembre 1977)
- Croix du Combattant Volontaire de la Résistance (23 Novembre 1960)
- Croix du Combattant.
- Médaille d’Argent des Services Militaires Volontaires (J. O. du 1er Octobre 1976)
- Témoignage de Satisfaction délivré par le Maréchal MONTGOMERY en date du 6 Mai 1946.
- Cavalière de l’Ordine al Mérito della Républica Italiana par M. le Président de la République Italienne, le 4 Mars 1988.
Jules Sébastianelli