Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistant, Combattant et homme de Dieu

Portrait de Francis AGOSTINI

avec son aimable autorisation

Jean MOREL est né en Arles le 19 octobre 1923, fils et petit-fils d’artisans couteliers, il fait ses études à l’école Dulau et déjà il se destine à Dieu ; il perd son père alors qu’il n’a que 14 ans et intègre le petit séminaire à Aix en Provence, puis le grand séminaire.

En 1943 il est aux Chantiers de jeunesse à Poligny dans le Jura et déjà il prend contact avec les maquis de l’Ain et du Jura.

En mars 1944, maintenu dans les chantiers dans le Var à Hyères, San Salvadour et Sanary, il est requis par l’autorité allemande pour construire des ouvrages de défense et fortifications le long de la côte varoise.

Ayant des contacts avec la résistance locale- Les maquis de Siou Blanc et des Morières, il communique les croquis des emplacements de combat, le calibre des pièces d’artillerie aux responsables de la résistance.

Après le débarquement du 15 août 1944, il rejoint le maquis des Morières situé près de la Chartreuse de Montrieux et là il va servir de guide aux éléments du 3° régiment de tirailleurs algériens du colonel de Linares qui vont investir Toulon par le Nord à travers le plateau de Siou Blanc

Et descendre ensuite par le village du Revest les eaux. Ainsi le jeune séminariste qu’il est va participer aux combats sans arme, de la Poudrière, du mont Faron et dans la ville de Toulon. Il s’engage contre l’avis de son évêque au 3° RTA où il va servir comme infirmier durant toute la durée de la guerre.

A la libération de Marseille, affecté au bataillon du commandant Valentin, il est de ceux qui investissent Notre Dame de la Garde par l’Ouest- Prise de l’Angélus- mais c’est lui qui fera sonner le bourdon annonçant aux Marseillais qu’ils sont désormais libres et en réponse toutes les cloches des paroisses de la cité phocéenne se mettent à sonner à la volée…

Il est dans la Tarentaise alors qu’il est affecté au 1° bataillon du 3° RTA, dans le haut Jura, dans les durs combats des Vosges par un froid glacial, et surtout un certain mois de janvier 1945 où son bataillon reçoit l’ordre de contenir l’attaque allemande venant de Gambsheim et de tenir le village de Kilstett à quelques kilomètres à peine de Strasbourg.

Son bataillon est attaqué violemment, résiste, les tirailleurs se battent aux corps à corps, encerclés et bientôt débordés par les vagues d’assaut allemandes, le poste de secours tenu par Jean Morel est rempli indistinctement de soldats français, allemands et de civils blessés, qu’il continue de soigner ; il sera fait prisonnier, laissé sur place par les soldats de la Wehrmacht, puis libéré par la contre attaque française, montrant un courage exemplaire et un humanisme digne déjà de l’homme de Dieu qu’il va devenir la Paix revenue.

Le 16 février 1945 il est lui-même blessé, ce qui ne l’empêche pas de continuer à servir son unité et avec elle il va franchir le Rhin le 24 mars.

Après la capitulation du III° Reich, il est démobilisé le 20 août 1945 et va reprendre ses études au grand séminaire d’Aix en Provence.

Il est ordonné prêtre le 3 juillet 1949 à 25 ans et il va successivement servir d’abord comme vicaire à l’église de la Madeleine à Aix jusqu’en 1955, puis à la paroisse de Saint Jean de Malte de 1955 à 1964, ensuite comme curé à Biver de 1964 à 1968, Bouc bel Air de 1970 à 1972 et enfin aux Saintes Maries de la Mer de 1972 à 1998.

Entre-temps il aura été rappelé en Algérie comme aumônier militaire dans le secteur d’Orléansville en décembre 1960.

Mais l’abbé Jean MOREL, sera beaucoup plus connu lors de son séjour dans la paroisse des Saintes Maries de la mer, amoureux des traditions de la Camargue et de la Provence, érudit, il va animer le pèlerinage à lourdes de la Nacioun Gardiano, des gitans dont il devient l’aumônier, des jeunes pour lesquels il n’a jamais cessé d’œuvrer, organisant des camps de vacances hiver comme été.

C’est aussi l’homme de Dieu qui ne va pas oublier ses compagnons de combat et il faut rappeler ici qu’il fut le vice-président national de l’association des prêtres combattants et qu’il s’est toujours penché sur les problèmes sociaux d’anciens combattants les plus démunis.

Tant qu’il a été valide, il a participé à la commémoration de la libération du Revest les eaux en célébrant la messe pour ses compagnons de l’Amicale des anciens du 3° RTA et de l’association le Turco.

Aux Saintes Maries de la Mer il était membre de l’association cantonale des anciens combattants, en Arles de Rhin et Danube, de l’Association Amicale des anciens combattants et Mutilés de guerre, des Médaillés Militaires et surtout animateur spirituel du pèlerinage de Rhin et Danube à Lourdes.

Homme de foi, apprécié pour son humilité, il savait trouver les mots justes, ceux qui rapprochent les hommes de la pensée de Dieu ; tous ceux qui l’ont approché et je fus de ceux-là, ont été conquis par sa gentillesse, toujours à l’écoute de ses paroissiens et d’autrui.

Ces dernières années, je l’emmenais avec moi à Marseille pour participer fin août à la commémoration de la libération de la ville, et il ne manquait jamais après la cérémonie devant le char Jeanne d’Arc, place du colonel Edon, de monter à pied malgré son âge à Notre Dame de la Garde, d’aller se recueillir avec ses anciens camarades de combat devant la stèle dédiée au commandant Valentin, puis d’aller participer à la messe dans la basilique.

En 2004, pour le 60° anniversaire du débarquement en Provence, il avait été fait Chevalier de la Légion d’honneur par le Président de la République, Jacques Chirac sur le porte-avions Charles de Gaulle.

L’abbé Jean MOREL était :

Chevalier de la Légion d’honneur

Médaillé Militaire

Chevalier de l’Ordre National du Mérite

Croix de guerre 39-45

Croix du combattant volontaire

Médaille commémorative 39-45

Médaille du titre de reconnaissance de la Nation

Il avait en outrereçu nombre de médailles et diplômes d’honneur remis par différentes municipalités comme Arles, Gardanne, Toulon, Pontarlier etc…

Miné par la maladie, Jean MOREL nous a quittés le 25 juin 2008 et ses obsèques ont été célébrées le vendredi 27 juin devant une très nombreuse affluence en l’abbatiale de Saint Trophime les drapeaux des anciens combattants lui rendant ainsi que ses anciens compagnons d’armes du 3°RTA un dernier hommage.

 

Par Francis AGOSTINI

Président départemental de l'Union Fédérale des Bouches-du-Rhône Président du Comité de Coordination des associations d'Anciens Combattants etVictimes de Guerre de Marseille et des Bouches-du-Rhône.



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