Alias Victoria
Portrait de Francis AGOSTINI
avec son aimable autorisation
Bertie WILD, de son nom de jeune fille, est née à Marseille le 15 février 1893 dans une famille protestante ayant ses origines en Suisse. Elle fait ses études à Marseille, puis en Suisse à Lausanne et elle passe son diplôme d’infirmière en 1912.
En tant que jeune diplômée, elle s’expatrie en Grande-Bretagne en 1914 et travaille dans une pension de famille pour jeune fille comme surveillante ; mais la guerre déclarée en août 1914, elle rejoint Marseille où elle va exercer en tant qu’infirmière dans divers hôpitaux militaires.
En 1919, elle épouse un financier hollandais, Fréderic ALBRECHT dont elle aura deux enfants.
En 1924 elle repart à Londres où elle commence à s’intéresser à la condition féminine
En 1931 elle revient en France à Paris où elle va militer en tant que membre de la ligue des droits de l’homme et crée même une revue en 1933 - « Le problème sexuel », revue dans laquelle elle défend le droit des femmes à l’avortement libre.
Elle s’occupera des réfugiés allemands, juifs notamment qui ont fui l’avènement du Nazisme instauré par l’arrivée au pouvoir du chancelier Adolf HITLER, comme plus tard elle s’occupera également des tchèques ou autrichiens, voire des républicains espagnols lors de la guerre civile d’Espagne.
En 1934, elle rencontre le capitaine Henri FRENAY avec lequel elle se lie d’amitié, et aura une grande influence sur lui sur le plan social.
Puis en 1936, elle devient surintendante- Assistante sociale de l’époque- dans différentes usines comme en 1938 chez Barbier-Bernard et Turenne, travaillant pour la Marine pour les matériels d’optique.
En juin 1940, juste après la défaite, elle travaille aux usines Fulmen - Fabrication de
matériels électriques pour auto - à Vierzon, et dès l’été 1940 ses premiers actes de résistance sont de faire franchir la ligne de démarcation à de nombreux prisonniers évadés.
Henri FRENAY, reprenant contact avec elle, va la faire entrer de plain-pied dans la Résistance active, puisqu’il vient de créer la Mouvement de Libération Nationale – MLN.
C’est elle qui au tout début du mouvement va dactylographier les premiers bulletins d’informations et de propagande du MLN et se lance également dans le recrutement de militants.
En mai 1941, elle est chargée de mission par le ministère de la production industrielle et du travail du gouvernement de Vichy pour les problèmes du chômage des femmes dans la région Lyonnaise et à ce titre réussit à créer des ateliers de couture pour les femmes n’ayant pas de travail.
Tout en poursuivant son travail de chargée de mission, elle trouve à Villeurbanne, un imprimeur qui imprimera les premiers numéros du journal « Les petites ailes » journal édité à trois mille exemplaires, puis par la suite le nouveau journal intitulé « Vérités ».
Elle participe activement aux côtés d’Henri FRENAY à la naissance du mouvement "Combat », mettant en place un service social destiné à venir en aide à ceux qui ont été arrêtés et à leur famille.
Mais elle est arrêtée une première fois par la police de Vichy le 15 janvier 1942, relâchée, elle doit cependant démissionner de son emploi officiel.
De nouveau interpellée à son domicile à Lyon à la mi-avril 1942, elle est cette fois internée administrativement, isolée, sans pouvoir faire appel à un avocat, à Vals les bains en mai 1942, où elle exige d’être jugée, faisant une grève de la faim entraînant quelques compagnons durant treize jours, elle est finalement transférée à la prison Saint Joseph à Lyon, elle est jugée et condamnée à six mois de prison ferme.
Elle simule la folie et est dirigée vers un hôpital psychiatrique à Bron le 28 novembre, juste après l’entrée des Allemands en zone libre, elle est libérée par un coup de main effectué par un groupe de « Combat » avec l’aide de son médecin et de sa fille.
Elle refuse d’être envoyée en Grande – Bretagne étant pratiquement « brûlée » et reprend rapidement ses activités aux côtés d’Henri FRENAY.
Elle est arrêtée cette fois le 28 mai 1943 par la Gestapo, à la suite d’un faux rendez-vous, véritable guet-apens dans lequel aurait dû tomber également le chef de «Combat», dénoncée par un agent double Mme Edmée DELETTRAZ qui travaillait à la fois pour un groupe de résistants et pour Barbie. Incarcérée au Fort de Monluc à Lyon, torturée, elle est finalement dirigée vers Paris à la prison de Fresnes le 31 mai 1943.
Pour ne pas parler sous la torture, elle se pend dans sa cellule du quartier des droits communs.
Les nazis font connaître sa mort à l’ambassade de Hollande à Londres et à la Préfecture de Macon.
En mai 1945, on retrouvera son corps enterré dans le jardin potager de la prison de Fresnes.
Elle sera inhumée plus tard au Mémorial de la France combattante au Mont Valérien. Bertie ALBRECHT était :
Compagnon de la libération,
Médaillé Militaire,
Croix de guerre 39/45 avec palme
Médaille de la Résistance avec rosette.
Par Francis AGOSTINI
Président départemental de l'Union Fédérale des Bouches-du-Rhône Président du Comité de Coordination des associations d'Anciens Combattants etVictimes de Guerre de Marseille et des Bouches-du-Rhône.