Compagnon de la Libération le 16 octobre 1945
Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.
Christian PINEAU est né le 16 octobre 1904 à Chaumont, dans le département de la Haute-Marne. Son père était Colonel. Il fait ses études secondaires à l’école alsacienne de Paris. Ses études supérieures le mèneront jusqu’à la licence en Droit et il est diplômé de l’école libre des Sciences Politiques.
En 1931, il entre à la Banque de France ; puis va à la banque de Paris et des Pays-Bas. Il y restera jusqu’en 1938. Parallèlement à sa vie professionnelle, il est secrétaire de la fédération des Employés C.G.T. de 1936 à 1940.
Il est également secrétaire du Conseil économique de la C.G.T. durant ces quatre années. Il anime la revue syndicale « Banque & Bourse ».
Ne se résignant pas à l’armistice, il rédige en novembre 1940 un manifeste syndicaliste, ce qui a pour résultat de rallier un certain nombre de responsables syndicaux de la Résistance (l’idée directrice de ce manifeste étant d’appeler la classe ouvrière à être active dans la Résistance). Dès lors, le mouvement « Résistance Nord » est créé.
À partir de décembre 1940, la parution régulière du journal « Libération » a lieu.
À partir de l’automne 1941, Christian PINEAU organise le réseau d’information et de renseignements économiques qui tient Londres au courant de la situation financière de la Résistance intérieure.
Il se rend à Londres en mars 1942 pour rencontrer le Général de Gaule afin de lui assurer le soutien des organisations syndicales et des mouvements de la Résistance qui en découlent.
Bien sûr, Christian PINEAU fut mandaté par lesdites organisations pour porter ce message de soutien au chef des Français Libres.
À partir de cette entrevue, Christian PINEAU est investi d’une mission politique (transmettre aux mouvements de Résistants les messages du Général de Gaule) et militaire (les renseignements).
En septembre 1942, il est arrêté lors d’un embarquement clandestin ; il est emprisonné à Montpellier. Il réussit à s’évader lors d’un transfert de prison.
En janvier 1943, il retourne à Londres. Il est chargé de l’organisation du ravitaillement de la France en cas de débarquement allié sur le sol national.
Il revient en France en mars 1943, investi de cette nouvelle responsabilité.
Le 3 mai, il est arrêté par la gestapo. Malgré les pressions, il ne dévoile pas sa véritable identité.
Pendant ce calvaire, il est torturé par Kiaus Barbie et ses « adjoints » ; Christian PINEAU étant - au vu des circonstances - le dernier Résistant à avoir vu Jean Moulin (Compagnon de la Libération en 1942) encore vivant et affreusement torturé.
Lors d’un témoignage, il a dit : « je l’ai trouvé mourant sur un banc et je l’ai rasé. Je suis resté quatre heures près de lui...il est mort quelques heures plus tard...».
Christian PINEAU est interné pendant sept mois au fort de Montluc à Lyon, est ensuite transféré au camp de Compiègne puis est envoyé en Allemagne.
Il est Déporté au Camp de Buchenwald de décembre 1943 à avril 1945. Malgré la vie inhumaine des camps nazis, il réussit à regrouper des camarades du mouvement « LibéNord » au sein du Camp.
Ce groupe participera à la délivrance de son univers concentrationnaire avant même l’arrivée des troupes alliées.
Après l’achèvement du régime hitlérien, Christian PINEAU est nommé
Ministre du Ravitaillement. À partir de 1946, il mène une carrière politique à la S.F.I.O. : Député de la Sarthe de 1946 à 1958, plusieurs fois Ministre (dont le portefeuille du ministère des Affaires Etrangères de 1956 à 1958).
À l’aube de la Ve République, il entre dans une carrière professionnelle privée : il est Président, Directeur Général de France-Villages et de France-Motels de 1963 à 1970. Artisan des bases du Traité de Rome, auteur de livres et de nombreux contes pour enfants, Christian PINEAU est décédé le 5 avril 1995.
Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.