Compagnon de la Libération le 2 octobre 1945
Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.
Léonel de MOUSTIER est né le 7 avril 1882 à Paris, il est issu d’une famille de vieille noblesse ; il est marquis. Durant la guerre 1914-1918, sa conduite est remarquable. Il sert dans la Cavalerie. Il termine ce conflit mondial avec le grade de Lieutenant et une Croix de Guerre avec cinq citations.
En 1928, il succède à son père à la fonction de Député du département du Doubs. Il est aussi Président du Conseil Général de ce même département.
En 1939, il s’engage volontaire ; malgré son âge, il obtient de servir dans une unité combattante. Il assure le commandement du groupe de reconnaissance du 11e Régiment de Chasseurs. En mai 1940, près de Lille, dans une situation désespérée, sa division est encerclée, il parvient à percer les lignes ennemies avec ses cavaliers, il peut s’échapper avec son Escadron et va rejoindre Dunkerque d’où il peut se replier sur l’Angleterre. Après quelques jours sur le sol britannique, il décide de revenir prendre sa place en première ligne jusqu’à ce que l’armistice soit signé.
Il fait partie des 80 Députés qui ne votèrent pas les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Puis il retourne dans son château de Bournel qui, dès 1941, devient un centre de Résistance. Le marquis donne asile à des aviateurs abattus, à des prisonniers évadés, à des réfractaires au Service du Travail Obligatoire, à des agents de renseignements, etc... Il entre en contact avec le Colonel Maurin - Chef régional de l’Organisation de Résistance de l’Armée - qui lui confie le commandement militaire de l’arrondissement de Baume-les-Dames dans le département du Doubs.
Au mois de juin 1943, une perquisition a lieu au château de Bournel. Tout est fouillé. Le 23 août de cette même année, Léonel de MOUSTIER est arrêté avec deux de ses fils. Cette arrestation fait suite à l’expulsion d’un Officier Américain par les autorités helvétiques. Léonel de MOUSTIER avait lui-même assuré le passage de ce soldat. Il passe sept mois à la prison de La : Butte à Besançon puis est transféré le 15 juillet 1944 au tristement célèbre camp de Neuengamme après un transit à Compiègne.
Il refuse un quelconque avantage eu égard à sa qualité de Membre du Parlement. Alors il est astreint aux plus dures tâches à accomplir en faveur de l’ennemi. Il est au camp de travail de Breimen. Suite aux privations, à l’épuisement, et aux travaux forcés (camp basé à Brauenfarger) le 18 mars 1945, il meurt. Quelques jours plus tard, le camp était libéré par les Alliés.
Léonel de MOUSTIER a été inhumé à Bournel, dans le département du Doubs, en octobre 1945. À l’occasion de ses obsèques, Guy, un des fils de Léonel de MOUSTIER, déporté avec lui, se vit remettre la Croix de la Libération de son père. Un détachement d’honneur de la 4ème Division Marocaine y assistait
La citation pour la Croix de la Libération est :
« Ancien combattant de la guerre 1914-1918, engagé volontaire et combattant magnifique de la guerre 1939-1940, n’a jamais désespéré de la victoire. De 1940 à 1942 a apporté une aide efficace à toutes les victimes de l’Allemagne. Commandant militaire d’un secteur du Doubs en 1942, a été arrêté par la police allemande et déporté en Allemagne. A refusé de bénéficier du régime des prisonniers de marque.
Envoyé au camp des travaux forcés de Breimen en mars 1945, est mort courageusement peu de temps avant la libération du camp par les Alliés
Ce mémoire de proposition pour l’attribution de la Croix de la Libération à titre posthume a été établi à Paris le 20 octobre 1945. Il est signé par Adrien Tixier Ministre de l’Intérieur.
Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.