Compagnon de la Libération le 28 septembre 1945
Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.
Simone MICHEL-LEVY est née le 19 janvier 1906 à Chaussin dans le département du Jura. Le nom Levy faisant partie de son patronyme n’a rien à voir avec la religion juive. Simone MICHEL-LEVYest catholique - lettre de sa mère du 25 novembre 1965- et ce nom de Levy vient d’un de ses ancêtres qui était assez doué en affaires et qui prêtait de l’argent moyennant intérêts ; ce « surnom» est resté et fut accolé au nom de Michel au fil du temps. D’ailleurs, à l’origine, cet ancêtre s’appelait Michel-Juif.
Elle est rédactrice dans l’administration des P.T.T. en 1939.
Elle est au centre de recherche et de contrôle technique (rue Bertrand à Paris). À l’armistice, elle entre dans la Résistance ; en premier dans le réseau Confrérie Notre-Dame (du Colonel Gilbert Renault dit Rémy, Compagnon de la Libération en 1942) et ensuite à l’Organisation Civile et Militaire. Elle leur fournit de premiers renseignements.
Un peu plus tard, elle oriente son activité clandestine vers la fabrication de faux papiers, vers le transport inter-zones, vers l’installation de postes émetteurs à Paris et en Province.
Bien que de santé moyenne, elle s’accomplit pleinement au fur et à mesure que ses responsabilités accroissent. De l’acceptation d’une mission à sa réussite, Simone MICHEL-LEVY est tenace, méthodique. Elle avait la confiance de ses supérieurs et ils comptaient sur elle. Elle restait souriante malgré les nuits blanches et son travail diurne.
À l’établissement du Service du Travail Obligatoire en 1943, elle répond par l’établissement d’au moins une centaine de fausses cartes d’identité pour ces jeunes requis par l’autorité. Parallèlement, elle est chargée de constituer le réseau Etat-Major P.T.T. (analogue à Résistance-Fer). À Londres, elle est fichée sous le pseudo d’Emma (ses autres pseudos étaient Madame Royale ; Françoise).
Sur ses initiatives personnelles, par t’intermédiaire des services ambulants des P.T.T., le système de transport, de dépôts d’armes, de parachutages est parfaitement rôdé et efficace. Sans oublier un système impeccable d’acheminement de courriers à travers la France (par des bateaux, des avions,).
Malheureusement, la France est occupée par l’ennemi et fourmille de traîtres à la Résistance. En effet, le soir du 5 novembre 1943, un appel téléphonique lui dit de se présenter dans un bistrot ; elle quitte son travail et s’y rend. Elle ne reviendra jamais à son bureau ! Elle est tombée dans un guet-apens.
Emprisonnée, malgré les tortures que lui inflige la sinistre gestapo (dans des locaux avenue Henri Martin à Paris), elle ne perd pas de vue ses activités dans la Résistance. Par un moyen inconnu encore à ce jour, elle fait parvenir à son chef de service un état précis et détaillé des questions administratives en suspens dont elle était en charge avant de tomber dans cette souricière.
Quelle conscience professionnelle...
Elle est emmenée dans le Camp de Compiègne, antichambre des Camps de Concentration nazis.
Début février 1944, Simone MICHEL-LEVY est déportée au Camp de Ravensbriick. Pendant sa quarantaine, elle aida une de ses amies détenue et musicienne à organiser une chorale qui aidait les prisonnières à oublier leur misère de déportées.
Envoyé au Camp d’Holleischein en Tchécoslovaquie, elle poursuit son refus d’aider la cause nazie : elle sabote son poste de travail pour une usine d’armement. Malgré une dégradation de son physique dûe aux mauvais traitements, elle a toujours la ressource de ralentir le rythme de travail, elle réussissait à désorganiser la chaîne de production d’armes, elle faisait tourner certaines machines à vide afin de les endommager.
Bien que surveillée, elle réussit un jour à faire exploser une presse de conditionnement de cartouches.
Accusée de sabotage, son dossier monta jusqu’à Berlin. La réponse d’Himmler arriva plusieurs mois après (courant 1945) ; les canons alliés grondaient déjà et étaient aux alentours. Simone MICHEL-LEVYfut emmenée immédiatement au Camp de Flossenburg ; elle a le matricule n°50442. « Jugée», elle est condamnée à mort et elle fut pendue par les Allemands le 13 avril 1945.
Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.