Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

René RENOUX (1910- ?)

Agent P1 des réseaux TURMA VENGEANCE et ALLIANCE

Peintre en bâtiment à Poitiers, puis Gardien de la Paix à Châtellerault

Dossier GR 16P 506252 au Service Historique de la Défense

 


René RENOUX, peintre en bâtiment né le 12 août 1910 à Marigny-Chemereau dans la Vienne, est mobilisé au déclenchement de la guerre comme canonnier pointeur principal dans la 2ème escadrille de patrouilleurs. Il est arrêté en juin 1940 alors qu’il tente de rejoindre l’Angleterre mais parvient à s’évader. Démobilisé le 27 septembre 1940, il devient chef de chantier dans l’entreprise de peinture Deshoulières, rue du Maréchal Foch à Poitiers.

Activités dans la résistance à Poitiers début 1941-octobre 1942

Il fréquente début 1941 le réseau Renard, comme Charles BICHAT (GR16P 58444), alors Secrétaire de police à Poitiers, ainsi que le groupe de Robert GUIONNET (GR16P 280519), et présente Charles BICHAT à Robert GUIONNET, qui l’intègre dans son groupe de résistants. René RENOUX est chargé de travaux à la caserne des Dunes à Poitiers, occupée par les Allemands, et, à la tête d’une équipe de trente ouvriers peintres et menuisiers, fait de son atelier selon Robert GUIONNET « un coin bien français » au sein de la caserne. Suivant l’appel du Général de Gaulle, il célèbre le 11 novembre 1941 au sein même de la caserne, avec un défilé drapeau français en tête auquel participent notamment Paul MAITRE (plus tard Lieutenant FFI du groupe Maurice à Sanxay, MEUNIER (futur adjudant FFI au groupe de Civray), les deux fils DESHOULIERES, et les dénommés BONNET domicilié rue de la Torchaise, et HENRY rue de l’Arceau.

Il devient agent P1 (agent habituel) du réseau Turma-Vengeance en septembre 1942 puis également d’Alliance en janvier 1943. RENOUX, MEUNIER et Paul MAITRE sont jugés par un tribunal allemand en décembre 1941 pour avoir aidé à s’enfuir dix-neuf prisonniers dont un professeur au lycée d’Oran, mais relâchés faute de preuves.

Il préfère néanmoins s’éloigner de la caserne des Dunes et part travailler au camp de la Chauvinerie (Frontstalag 230) à Poitiers où il continue d’aider à s’évader des prisonniers de guerre français issus des colonies (ce Frontstalag 230 est évoqué dans un témoignage par le poète et homme d’Etat franco-sénégalais Léopold Sédar SENGHOR qui y fut détenu d’octobre 1940 à novembre 1941). Suspecté et arrêté avec son camarade MAURY, René RENOUX et lui sont frappés, menacés de mort et enfermés dans une baraque d’où ils parviennent à s’échapper et à se cacher dans un camion de M. DESHOULIERES, qui « les emmène en lieu sûr » et « s’efforce ensuite d’arranger cette affaire ».

René RENOUX contribue également aux passages en Espagne de prisonniers avec l’aide de M. ARZUAGA, pêcheur à Saint-Jean-de-Luz, et participe avec Paul MAITRE à la récupération d’armes dans plusieurs lieux occupés à Poitiers par les Allemands (Caserne des Dunes, Frontstalag de la Chauvinerie, Chambre de commerce, Maison des étudiants) qui sont ensuite cachées par Paul MAITRE et Robert GUIONNET.

Forcé de quitter le Frontstalag de la Chauvinerie, il travaille ensuite à l’Hôtel du Palais et aux établissements Gilbert, occupés par les Allemands, où il fait évader une dizaine de « prisonniers indigènes » et « attaque le moral et la santé des Allemands », probablement en empoisonnant la nourriture et en laissant traîner des fausses lettres prétendument de soldats du front de l’est en réalité rédigées en Allemand par Robert GUIONNET.

Selon Robert GUIONNET, René RENOUX a contribué « à l’évasion de plusieurs milliers de prisonniers en grande partie de la Martinique, la Guadeloupe et l’Afrique du nord », passés ensuite grâce au groupe Robert en zone libre.

Activités dans la Résistance au commissariat de Châtellerault octobre 42-septembre 44.

René RENOUX entre dans la police le 4 octobre 1942, sur la recommandation de Charles Bichat, comme gardien de la paix au commissariat de Châtellerault où il poursuit ses activités de résistant comme informateur et agent de liaison, ainsi que par le sabotage du STO.

Il retrouve en juin 1944 au commissariat de Châtellerault Charles BICHAT, qui y est nommé commissaire le 16 juin à sa sortie de l’Ecole Nationale Supérieure de la Police, et qui met souvent René RENOUX en arrêt maladie afin de lui permettre de transporter des documents auprès de groupes de résistants éloignés.

René RENOUX accompagne également très souvent Robert GUIONNET dans ses missions de transport d’armes, d’explosifs et de documents, où ils sont surpris au cours d’une d’elles par les Allemands à Bonneuil-Matours le 22 juillet 1944, parvenant finalement à s’échapper. René RENOUX sauve également avec Robert GUIONNET de la Gestapo la femme et les enfants du chef du groupe Alfred, son collègue Brigadier de police à Châtellerault Roger BROSSARD (GR16P 92683), le soir de l’attaque par les Allemands du maquis de Coussay-les-Bois.

René RENOUX prépare avec le commissaire BICHAT le ralliement aux FFI du groupe Robert des trente gardiens et gradés du commissariat de Châtellerault le 16 juillet 1944, et le seconde dans le commandement de cette section « Police » du groupe Robert, participant aux combats des 30 et 31 août 1944 dans les environs de Châtellerault, ainsi qu’aux préparatifs de l’assaut du Pont Henri IV, menacé de destruction par les Allemands, au cas où les négociations auraient échoué.

Distinctions

René RENOUX reçoit après-guerre la Médaille de la Résistance et la Croix-de-Guerre 1939-1945.

Le commissaire BICHAT le recommande pour une promotion exceptionnelle au grade de Brigadier de police au titre de la Résistance, mais René RENOUX, qui déclare dans son dossier avoir « renoncé à la vie familiale depuis 1940 jusqu’en 1944 », et « servi la Patrie dans les réseaux de Résistance (...) sans uniforme, qu’avec la joie de n’être pas un lâche » choisit de démissionner de la police le 30 avril 1945 pour retourner à ses activités de peintre en bâtiment à Châtellerault.

Sources

- Fiche de René RENOUX au réseau Turma-Vengeance (page 3)

- Extrait du dossier de résistant de René RENOUX (page 4)

- Attestation du Capitaine Robert GUIONNET sur les activités de résistant de René RENOUX (pages 5 et 6)

- Attestation du Commissaire de police et Lieutenant FFI Charles BICHAT sur les activités de résistant de René RENOUX (page 7)

TEXTE DE Jean-Marcel Bichat et François-Xavier Bichat juin 2020 fx.bichat@gmail.com

 



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