(1900-1981)
Agent P2 des réseaux TURMA VENGEANCE et ALLIANCE Capitaine FFI commandant le groupe ROBERT (200 hommes) Commandant de la place de Châtellerault à la Libération
Chargé de mission à Châtellerault du Commissaire régional de la République
Nom de guerre : ROBERT
Dossier GR 16P 280519 au Service Historique de la Défense
Contexte
Robert GUIONNET, né le 3 mai 1900 à Châtellerault d’un père armurier, et décédé à Châtellerault le 15 décembre 1981, est engagé volontaire en septembre 1918 au 59ème régiment d’artillerie. Il sert dans l’Armée du Rhin qui occupe la Rhénanie jusqu’en 1922 où il quitte l’armée avec le grade de Maréchal des logis, restant en Allemagne pendant quatre ans comme correspondant de presse au journal « L’écho du Rhin ».
Il poursuit sa carrière de journaliste comme Secrétaire de rédaction au quotidien « Le petit journal » auprès du député radical-socialiste du Nord et ancien Ministre de l’armement Louis Loucheur. Il devient ensuite Secrétaire général de Paul MARCHANDEAU, député maire de Reims et plusieurs fois Secrétaire d’Etat et Ministre notamment de l’Intérieur et des Finances entre 1930 et 1939, pour lequel il dirige également le quotidien « L’éclaireur de l’est ». Au déclenchement de la guerre, il est rappelé le 6 septembre 1939 mais réformé le 19 septembre 1939 pour des problèmes de santé.
Actions dans la Résistance
Il se consacre totalement à la Résistance dès juin 1940 dans la Vienne constituant autour de lui un groupe de « personnes animées par la même volonté de résistance ». D’abord membre du groupe Ripoche-Mederic-ceux de la Libération, il rejoint également le réseau Turma Vengeance fin 1940, puis Alliance début 1943. Son groupe agit par la rédaction et la diffusion de tracts, l’aide aux réfractaires et aux patriotes, ainsi qu’aux « victimes des répressions politiques ou raciales » par la confection de faux-papiers et le passage de la ligne de démarcation, et également la récupération et le transport d’armes. Robert GUIONNET, qui a passé huit ans en Rhénanie de 1919 à 1927 dans les troupes françaises d’occupation, puis comme correspondant de presse, est parfaitement germanophone et diffuse auprès des troupes allemandes des fausses lettres de soldats allemands du front de l’est y décrivant une situation désespérée dans le but de les démoraliser. Il assure les liaisons entre les Etats-Majors de la Vienne et de l’Indre avec les différents maquis, ainsi que la transmission de renseignements au moyen de postes émetteurs clandestins pour le service de renseignement ESOPE 22. Il participe également à l’envoi de patriotes en Angleterre, d’abord par les côtes bretonnes, puis par avion à partir de la Sologne et la région d’Etampes. Il participe avec Charles Bichat (GR16P58444), alors Secrétaire de police à Poitiers et dans son groupe de résistant depuis début 1941, à la surveillance et à la neutralisation des agents de la Gestapo Schmidt et Reynold, tenus responsables de nombreuses arrestations. Egalement actif en région parisienne, il participe avec deux radios anglais depuis Chatenay-Malabry, Sceaux, L’Haÿ-les-Roses et Versailles à désigner des objectifs de bombardements sur des dépôts de matériels, de dispositifs de défense, de mouvements de troupes, et d’installations de montage et de lancement de V1 et V2.
Il est arrêté en mars 1942 par le chef de la gestapo KARL au cours d’un coup de filet mais parvient « grâce à des circonstances favorables à donner le change » et à se faire libérer, notamment parce qu’il parvenait à comprendre à leur insu toutes les discussions que tenaient devant lui les Allemands. Il est à nouveau arrêté en mai 1944 sur dénonciation par la gendarmerie allemande mais libéré faute de preuves.
Combats de la Libération
Il contribue pour une part importante à la création du groupe BAYARD du Colonel BERNARD (plus tard Général Roger Felix CHENE) et constitue également à partir de mai 1944 le groupe ROBERT, fort de deux cents hommes, qu’il commande en tant que Capitaine.
Il fait effectuer des bombardements sur des convois et des dépôts allemands, notamment un sur Bonneuil-Matours causant la mort d’environ 80 Allemands, sur Clairvaux, sur le Château du Fou, et trois sur Châtellerault, sauvant après l’un d’eux le 10 août 1944 deux aviateurs américains survivants tombés entre Thuré et Sossais à qui il permet d’échapper aux recherches et de finalement regagner l’Angleterre.
Il est pris par des soldats allemands le 27 juin 1944 mais parvient, bien que blessé et violemment frappé, à s’échapper. Il se retrouve à nouveau dans la nuit du 21 au 22 juillet 1944 encerclé par une cinquantaine de soldats allemands à Bonneuil-Matours, transportant des documents, des armes et des explosifs, mais parvient à s’échapper avec les deux personnes qui l’accompagnent dont René RENOUX (GR16P 506252), Gardien de la paix au commissariat de Châtellerault et agent P1 de Turma-Vengeance et Alliance. Il sauve également de la gestapo, encore avec René RENOUX, le soir de l’attaque par les Allemands du maquis de Coussay-les-Bois, la femme et les enfants du Chef de groupe ALFRED (le brigadier de police Roger BROSSARD GR16P 92683).
Les différentes sections du groupe Robert harcèlent les Allemands à partir du 25 août 1944 route de Richelieu, le 28 août près de Saint-Christophe, et amplifient leurs actions les 30 et 31 août 1944 aux environs de Châtellerault sur les routes de Poitiers, de la Roche-Posay, de Richelieu et de Bordeaux. Robert GUIONNET et ses hommes surprennent même un détachement allemand le 30 août 1944 à Sérigny, lui infligeant des pertes sévères et la destruction de nombreux véhicules, tout en parvenant à se retirer sans perte malgré l’arrivée de renforts ennemis de plusieurs centaines d’hommes.
Il établit, sous le commandement du Colonel BERNARD, avec les groupes JACKY (commandé par Guy Jean Collas GR16P 137202), et CRAM (commandé par Marc Farineau GR16P 216422) le plan d’attaque pour libérer la ville de Châtellerault et prépare, avec le Commissaire de police Charles BICHAT, également Lieutenant FFI commandant la section « Police » du groupe Robert, formée des trente policiers châtelleraudais, un plan d’attaque pour empêcher en cas d’échec des négociations la destruction par les Allemands du Pont Henri IV de Châtellerault.
Il est nommé à la Libération de la Ville Commandant de la place de Châtellerault et Chargé de mission par le Commissaire régional de la République Jean Schuhler.
Distinctions
- Officier de la Légion d’Honneur (décret du 20 mai 1947)
- Croix de guerre avec palme (décret du 20 mai 1947)
- Médaille de la Résistance avec rosette (décret du 31 mars 1947)
- Médaille de la Résistance (décret du 24 avril 1946)
Jean-Marcel Bichat et François-Xavier Bichat juin 2020 fx.bichat@gmail.com
Sources
- Fiche individuelle d’officier de Robert GUIONNET (pages 3 à 7)
- Attestation du Commissaire de Police Charles BICHAT, agent P1 de Turma Vengeance et Alliance et Lieutenant FFI, en faveur de Robert GUIONNET (pages 8 à 10)
- Activités de Résistance du Capitaine GUIONNET par le Lieutenant-Colonel FERRON (pages 11 à 13)
- Proposition pour la Croix de Guerre de Marie-Madeleine MERIC, Chef du réseau Alliance, pour Robert GUIONNET (page 14)
- Citation du Général de Corps d’Armée CHOUTEAU et attribution de la Croix de Guerre avec étoile d’argent (page 15)
- Historique du maquis Robert par Robert Guionnet aux archives départementales de la Vienne (pages 16 à 21)