Le Libérateur du Fort MONT ROSE à MARSEILLE le 26 Aout 1944
Édouard Grychowski est né le 25 novembre 1926 à Piaski, Comté de Kielce, en Pologne.
À l'Ouest le ciel s'assombrit jusqu'à ce jour de septembre 1939 où soudain les éléments se déchaînent à la frontière Ouest de son pays.
À ce moment il a 13 ans, et il doit précipitamment quitter son pays pour fuir l'occupation brutale de la Pologne par les panzers de la Wehrmacht, suivie de peu par celle des Soviétiques à l'Est.
Avec sa mère, il rejoint Marseille, où il poursuivra ses études à D’École Saint-Joseph, sans jamais oublier les horribles visions de guerre auxquelles il a assistées.
Malheureusement, l'histoire se répète, et le voilà de nouveau confronté à une nouvelle invasion.
Hitler sentant la menace grandir décide d'envahir soudainement la zone libre de notre pays afin de contrer un éventuel débarquement. Édouard qui réside dans le Sud de Marseille revoit cette Wehrmacht, qu'il ne pensait plus revoir, s'installer, et fortifier cette cote marseillaise.
Il décide d'entrer en résistance et de lutter à sa manière contre l'envahisseur dès 1943. Il n'a alors que 17 ans.
Il s'aperçoit que parmi les forces d'occupation sont enrôlés de force de nombreux Polonais avec lesquels il entre rapidement en contact. Et avec courage, bravant tous les dangers que comporte une éventuelle dénonciation, il les rallie à sa cause.
C'est ainsi que les renseignements affluent. Il est ainsi au courant des mouvements militaires, des effectifs, des armements installés dans les ouvrages, des munitions, du moral de cette troupe, autant de renseignements essentiels concernant le dispositif défensif de l'ennemi.
Ces renseignements furent transmis par radio au Comité Interallié, qui était informé en temps réel des forces adverses en présence et du positionnement de ses ouvrages défensifs.
Son projet grandiose de noyauter ainsi les forces germaniques porte ses fruits, car il pense maintenant qu'au jour J ces Polonais pourront jouer un rôle décisif en favorisant la reddition de ces garnisons.
Enfin le jour J. C'est alors que toute la récolte de renseignements recueillis par Édouard sera fort utile aux troupes de de Lattre de Tassigny, qui depuis le 15 août ont entrepris la reconquête du sol français, et puis aborde maintenant les faubourgs de Marseille.
Le Général Schaeffer qui commande du fond de son bunker du Fort du Cap Janet les 12 000 hommes de sa 214ème division d'infanterie défendant le secteur de Marseille compte bien opposer une forte résistance.
C'est alors qu'Édouard entre en contact avec les officiers des ouvrages de son secteur Sud, et s'implique totalement dans la mission que lui confie le commandement français : celui d'être le plénipotentiaire français qui convaincra ces diverses garnisons de se rendre sans combattre pour éviter une inutile effusion de sang, car leur combat est perdu.
Il se rend au sein de la garnison de l'usine Mante. Sa persuasion est efficace puisque la garnison de 30 hommes se rend et le suit.
Il poursuit sa mission au Fort du Mont Rose à la Madrague. C'est plus sérieux. Il est plusieurs fois mis en joue par les sentinelles. Il réussit à approcher l'officier de la Kriegsmarine qui commande le fort. Cet officier est coriace et déterminé à remplir sa mission, mais Édouard arrive à le convaincre, et il cède devant l'éventuel massacre inutile de ses hommes.
Édouard revient avec une centaine d'hommes.
Puis c'est le tour du Fort Napoléon, dont les batteries tirent sur les forces françaises, mais aussi sur tous les parlementaires qui s'en approchent. Mais l'entêtement d'Édouard est intact. Il se fait aider par un prêtre autrichien, et obtient ainsi la reddition de tous les ouvrages du secteur le lundi 28 août à 9h30, en échange de l'envoi immédiat à cette heure-là d'infirmiers pour secourir les blessés. 120 hommes se rendent avec armes et bagages.
Marseille étant libérée, il s'engage alors en septembre 1944 dans l'armée polonaise, qui, sous le commandement britannique de la 8ème Armée combat sur le front de l'Adriatique, participant ainsi à la libération d'Ancône, de Bologne et de Florence.
Rapatrié avec les contingents polonais en Angleterre en 1945, il est libéré de ses obligations militaires à la fin de la même année et il peut retrouver Marseille où il s'établira.
Édouard est titulaire de la Légion d'Honneur, de la Médaille Militaire, de la Croix de Guerre 39/45, de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, et également de plusieurs décorations polonaises et anglaises.
Par JM LOUIS UDCVR04