Alias Lenormand, Alias François
Roger Coquoin, neveu de l'astronome Le Verrier et fils de chimiste réputé, est né le 14 mars 1897 à Gagny, près de Paris. Engagé volontaire dans l'artillerie à 17 ans, il participe aux batailles de Verdun et de la Somme et est gazé en 1918, terminant la guerre comme sous-lieutenant.
Le conflit terminé, il reprend des études de pharmacie, prépare l'internat et des certificats de chimie générale, physique générale et physique-chimie. Interne du Dr Meillière à l'hôpital Laennec en 1921, chef de laboratoire en 1922 du professeur Carnot à l'Hôtel-Dieu de Paris, assistant du professeur Blanchelière à l'Académie de Médecine, il devient en 1929, chef de Laboratoire de chimie de cette académie.
Refusant d'être affecté à la Recherche scientifique lors de la déclaration de guerre en 1939, il rejoint comme officier de réserve le 237e régiment d'artillerie lourde à Dijon. Lors de la bataille de France, il commande la batterie de 155 qui met 5 chars ennemis hors de combat sur la Somme. Blessé le 5 juin 1940, hospitalisé près de Paris, échappant à la capture par les Allemands en gagnant le sud de la France, il est démobilisé et regagne en août la capitale occupée, où il reprend la direction de son laboratoire.
En janvier 1941, il rencontre Henri d'Estienne d'Orves, envoyé de la France Libre et responsable du réseau de renseignements «Nemrod», et entreprend de constituer de premiers noyaux de résistants dont l'action sera rendue plus difficile par l'arrestation de d'Estienne d'Orves fin janvier 1941.
Début 1942, Roger Coquoin rencontre Maurice Ripoche, fondateur du Mouvement «Ceux de la Libération» (CDLL), qu'il rejoint sous le pseudonyme de «François», contribuant à en étendre l'action en province (Bourgogne, Champagne, Normandie...). Parallèlement, sa formation de chimiste est mise à contribution pour mettre au point des explosifs, des détonateurs.
L'arrestation de Maurice Ripoche en mars 1943 fait de Roger Coquoin (Lenormand)- avec Vedy - l'un des deux chefs de C.L.L., qu'il représentera le 27 mai 1943 à la première réunion du CNR, ayant pleinement apporté son appui à l'action unificatrice de Jean Moulin. Lors de la création de l'Armée Secrète (AS) en Zone Nord, il reçoit le commandement de la zone P (Paris et sa région). Mais, le 29 décembre 1943, il tombe dans une souricière de la Gestapo, rue des Frères Périer à Paris. Blessé d'une rafale de mitraillette, il est transféré à l'hôpital de la Pitié où il décède le jour même ; son corps ne fut jamais retrouvé. Il est Compagnon de la Libération.
Roger COQUOIN