Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

En 1943, avec son oncle Joseph Kessel et Anna Marly,

 il compose le Chant des Partisans

Maurice Druon est décédé le 14 avril dernier à quelques jours de ses 91 ans.


En juin 1940, jeune officier de cavalerie, il participe avec panache aux combats des cadets de Saumur contre la Wehrmacht puis, en 1942, s'évade de France par l'Espagne pour s'engager, à Londres, dans les rangs de la France libre.


Il devient alors aide de camp du général François d'Astier de la Vigerie.


Participant à l'émission radiophonique de la France libre, « Honneur et Patrie », en 1943, avec son oncle Joseph Kessel et Anna Marly, il compose le Chant des Partisans. À partir de 1944, il est correspondant de guerre auprès des armées françaises et alliées.


Aux lendemains de la guerre, il se consacre à son oeuvre littéraire ce qui lui vaut, en 1966, d'entrer à l'Académie française dont il devient le secrétaire perpétuel de 1981 à 1999 puis secrétaire perpétuel honoraire.


Homme politique, en 1973, il est nommé ministre des Affaires culturelles avant d'être élu député de Paris (1978-1981). Grand-croix de la Légion d'honneur, Maurice Druon était président d'honneur de la Fondation de la Résistance.


Ses obsèques ont eu lieu le lundi 20 avril 2009, Après la célébration religieuse en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, le président de la République Nicolas Sarkozy lui a rendu hommage lors d'une cérémonie militaire dans la cour d'honneur de lHôtel national des Invalides.


Extrait du discours de Nicolas Sarkozi président de la république le 20 avril 2009 lors des obsèques de Maurice Druon dans la Cour d'honnuer des invalides.


Cette jeunesse de l'âme, elle a illuminé tous les combats depuis que tu as traversé à pied avec ton oncle les Pyrénées, l'Espagne et le Portugal pour rejoindre la France libre, jusqu'à ton engagement si fort en faveur de la langue française auquel jusqu'au dernier jour tu as consacré tant d'énergie et tant d'intelligence.


Dans tous tes combats, si divers en apparence, il y a un point commun : le refus de la bassesse, le refus de la petitesse qui s'exprime dans le renoncement. Toute ta vie tu n'as cessé de proclamer une seule chose : la grandeur de la volonté humaine opposée à la fatalité.


Toute ta vie tu n'as été indigné au fond que par une seule chose, je veux parler de cette disposition d'esprit qui pousse à ne se sentir obligé par rien, à ne se sentir porté par aucune cause plus grande que soi, plus grande que son propre intérêt, que sa propre existence. Je veux parler de cette disposition d'esprit qui pousse à ne se reconnaître aucune exigence vis-à-vis de soi-même alors que l'on exige beaucoup des autres.


C'est pour cela que tu fus gaulliste.


Non par doctrine, non par idéologie. Encore moins par nationalisme. Ce sentiment t'était parfaitement étranger. Tu aimais la France, mais tu l'aimais comme une patrie universelle, généreuse et fraternelle. Toi qui sentais couler dans tes veines tant de sangs mêlés, toi le fils de l'immigré russe, tu proclamais la «France est une volonté». La haine des autres te faisait horreur autant que la haine de soi. Tu les considérais comme des faiblesses de l'âme. En 1939 quand la guerre est déclarée tu écris un article intitulé «J'ai vingt ans et je pars ». Tu te bas sur la Loire avec les Cadets de Saumur. En 1943 tu es à Londres avec le général de Gaulle. En pleine guerre, toi le combattant qui refuse la défaite de la France, tu écris ces deux phrases magnifiques:


« Voici que les peuples auront fait une immense dépense de courage. Priez pour qu'ils fassent maintenant une grande dépense de générosité, ce qui est peut-être une autre forme de courage, le courage dans la paix après le courage dans le sang». Ainsi parlait Maurice Druon. Le gaullisme ce fut d'abord la force du «non» dans l'histoire. Cette force du « non » qui fut le principe moral sur lequel tu as construit toute ton existence et toute ton oeuvre.


Mais ce « non » qui, depuis la tragédie grecque jusqu'au gaullisme, est l'expression ultime de la liberté humaine, ce «non» n'est pas un «non » de mort mais un «non» de vie. Car, il faut aimer la vie comme tu l'aimais, il faut la respecter par-dessus tout pour être prêt à la sacrifier pour la liberté.


Tu pensais que la vie n'est la vie que si elle est digne et libre. Ta vie fut celle dun homme digne. Ta vie fut celle d'un homme libre, qui savait si bien ce que valent la dignité et la liberté d'un homme quil put écrire avec Joseph Kessel le plus beau chant, peut-être, dédié à l'esprit de résistance, qu'aucun homme ait jamais écrit et qui fut au milieu du malheur un chant de vie, de dignité et d'espérance.
Il n'y a pas un résistant qui n'ait compris dans l'instant ces paroles


«Ici, chacun sait Ce qu'il veut, ce qu'il fait Quand il passe... Ami, si tu tombes Un ami sort de l'ombre A ta place. Demain, du sang noir Séchera au grand soleil Sur les routes. Chantez compagnons, Dans la nuit la liberté Nous écoute... »


Nicolas Sarkozy
Président de la République française



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