Discours d'Arthur RICHIER Président de l’UDCVR 04 lors de la remise de la Légion d'Honneur à marcel PUT.
Merci Marcel de me faire l'honneur d'être ton parrain pour la remise de ta médaille dans l'ordre de la Légion d'Honneur. Avec cette distinction, tu entres dans cette grande famille qui a servi la France.
Tu es né à Sisteron le 28 juillet 1923. Ton père, Eugène, ancien poilu de 14-18, t'a élevé avec la rigueur de l'époque.
Tu as 17 ans lorsqu'éclate la 2ème guerre mondiale. En moins de deux mois, l'armée française est défaite et commence alors le cauchemar de l'occupation. Nous étions en zone libre jusqu'en fin 1942 avec un gouvernement installé à Vichy. Les vainqueurs occupent ensuite toute la France et chez nous, réquisitionnent à Sisteron l'École supérieure de jeunes filles pour y installer les éléments de la Wehrmacht.
Au printemps 43, tu es arrêté une première fois par la FeldGendarmerie pour avoir traité les soldats allemands de "bôches", affaire qui se terminera assez bien pour toi.
Tu es arrêté une seconde fois par la Gestapo qui t'emmène à Nîmes pour t'interroger et te brutaliser durant deux jours. Sitôt libéré, tu rejoins Sisteron par tes propres moyens.
En juillet 43, tu es convoqué pour te présenter à Nyons dans la Drôme afin d'effectuer tes huit mois de service „ au groupement 33 des CJF, ces soldats sans arme en habit vert. Tu désertes au bout de trois mois pour te réfugier dans une ferme isolée. A ta recherche, la gendarmerie ne te retrouvera jamais.
Le 6 juin 1944, à l'appel du général De Gaulle invitant les français à la rébellion, tu rejoins le grand rassemblement à St Geniez 04. Engagé dans la 17ème compagnie de Francs-Tireurs et Partisans, tu la suis à Bayons aux lieux-dits Trama lou et Tavanon. Avec le tonus qui habite les sportifs de ta trempe, tu es vite repéré par tes chefs qui t'intègrent dans un commando pour effectuer de nombreux sabotages. A ton actif, les destructions des ponts de Volonne et Château-Arnoux sur la Durance afin de paralyser le repli des troupes allemandes. Mais le titre de gloire du maquis de Bayons reste l'attaque de Ia Citadelle de Sisteron à laquelle tu participes pour libérer 41 détenus politique tout en faisant prisonniers 11 soldats allemands.
Suite à cette audacieuse action, les représailles seront immédiates. Le 26 juillet le camp est attaqué simultanément par le sud en provenance de Sisteron par le nord en provenance de Gap. Durant cette tragédie, 21 maquisard seront tués et trois otages fusillés. Tu participes au combat et a la chance de t'en tirer indemne. Tu ne garderas aucun souvenir des instants qui suivront au point d'oublier notre rencontre dans une ferme en montagne de Faucon du Caire où certains éléments s'étaient repliés.
Une fois la région libérée, tu t'engages dans le 68'"e régiment d'artillerie de I Division marocaine de l'armée du général De Lattre de Tassigny pour participe à l'épopée de ces valeureux libérateurs jusqu'à la capitulation des nazis.
Démobilisé le 30 décembre 1945 à la caserne du Muy à Marseille, tu reviens à Sisteron, accompagné d'une charmante Alsacienne qui deviendra ton épouse et avec qui vous aurez deux enfants. Ils sont tous à tes côtés aujourd'hui.
Tu reprends ensuite tes activités professionnelles chez EDF à Manosque.
Jusqu'à ta retraite durant laquelle tu vas t'occuper et militer dans d’associations en organisant notamment chaque année la journée du souvenir à Bayons.
Espérons que les jeunes générations ne soient jamais plus confrontées à tous ces drames que nous avons vécus.
Marcel, mon filleul, mon cadet de deux ans, tu fais partie de ces français ont pris des risques au péril de leur vie pour rétablir la Liberté.
Je te souhaite de porter longtemps ce petit ruban rouge, symbole de toi dévouement au service de notre chère France.
Légion d'Honneur : Nommé Chevalier Décret du 07/11/2014
J.0 N° 0260 du 09/11/2014 page 18958
Officialisé le 17février 2015 à Sainte-Tulle
Marcel PUT : Sainte Tulle le 17/04/2015
Marcel PUT : Sainte Tulle le 17/04/2015