Résistants, Personnalités liées à la Résistance

 Lucien DUVAL (1921- 2014)

Né en 1921 à Rombas- en - Moselle, Lucien Duval suit la voie paternelle en travaillant à la Société lorraine des aciéries, le futur Sacilor, à partir de 1937 pendant une quarantaine d'années. Grand patriote, il s'engage avec son ami Gaston Watelet le 14 mai 1940, al. 196ème RALT (Régiment d'Artillerie Lourde Tractée) au sein duquel i participe à la campagne de France, et retraite dans le sud de France. Choqué par le discours du Maréchal Pétain annonçant l'arrêt des combats, le 17 juin le révolte en pensant à sa chère Lorraine que l'annexion allemande rend insupportable. Refusant l'humiliation avec son ami Gaston Watelet, ils réussissent à intégrer à Hyères le 24ème Bataillon de chasseurs alpins (BCA) l'ancienne unité de Philippe Pétain. Ils y demeurent jusqu'en 1942, signent une déclaration de fidélité ai. Maréchal, sans s'y sentir engager, dans l'unique but de se préparer à la guerre. L'invasion allemande de IE zone sud le 11 novembre en représailles au débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie trois jour: auparavant incite les deux amis à entrer dans la Résistance.

Début février 1943, ils sont recrutés, sans qu'ils le sachent, par le réseau F2 (pour famille) dépendant du MIE britannique, dont Lucien Duval devient agent permanent dans le groupe de transmission radio. Il assure k liaison entre la centrale de Nice et Londres connaissant la peur quotidienne d'être repéré. Le groupe est décimé fin novembre 1943. Arrêté, le 14 mars 1944, par la Gestapo place du Maréchal Pétain à Aix les Bains, il réussit à se débarrasser de pièces compromettantes dont la liste des quartz indiquant les fréquences radio et IE courrier pour Nice. Ces documents ont été d'ailleurs miraculeusement retrouvés. Sévèrement battu, il tente de s'évader le 19 mars 1944, avec une corde faite de bandes de toile à matelas découpées avec ses dents mais il manque de forces le fait échouer. Touché par la balle d'une sentinelle, il est hospitalisé.

Grâce à l'entremise d'un gardien, Jocelyne Guéranger, son amie, l'informe, lors d'une visite, d'un projet d'évasion auquel participent plusieurs réseaux avec la constitution d'une pseudo escorte de gestapistes le 1( avril 1944. Sa convalescence terminée, Lucien Duval rejoint en août 1944 l'état-major des maquis de la Vienne Il épouse Jocelyne Guéranger en décembre.

Ce n'est qu'après la guerre que Lucien Duval apprit son appartenance au réseau F2, créé en juillet 1940 qui compte 2800 agents dont 739 P2 (agents permanents), 85 tués, 151 déportés et 58 internés. Un des plu: précoces, ce réseau, résultant de groupes polonais, fait évader des officiers grâce aux contacts en Espagne, dès l'été 1940. Doté de moyens matériels et financé par l'Intelligence Service, F2 rayonne sur l'ensemble du territoire, installant même une branche marine en Afrique du Nord. Il compte à son actif l'exfiltration à l'automne 1942 du résistant Jan Karski évadé de Pologne détenant des informations de premier ordre sur l'extermination des Juifs. Commandeur de la Légion d'Honneur, Lucien Duval était depuis mars 2013, secrétaire de I Commission Nationale des Médaillés de la Résistance.

Christine Levisse-Touze

Directrice du Musée du général Leclerc et de la Libératioi de Paris-Musée Jean Moulin (Paris Musées) Conservateur générai

CAR La Voix de la Résistance, n° 272, Mai 2014