Par Edouard ALEXANDER
16 ans, scout, petite grosse, très gaie, courage absolu, sang froid à toute épreuve.
Elle venait me chercher à la gare lorsque j'avais à sortir quelque chose de dangereux.
Elle me disait : "Comment voulez-vous que l"on se méfie d'une enfant scout ?"
Engagée à l'Inspection du Travail par M. LAURON elle classait les fiches STO. chez M. GATET Inspecteur Chef,
LAGET, sous chef de Bureau et collaborateur effréné la gênait au maximum ; elle me le dit et il fallut que je lui écrive au nom des Groupes Francs pour qu'il se calme.
Tous les soirs je lui portais, à un lieu différent, les fiches à retirer ; celles de nos hommes.
Elle les remplaçait par les fiches des PPF francistes etc...
500 à 600 échanges de fiches eurent lieu. Marguerite me fournissait toutes les pièces STO pour la régularisation des illégaux.
Les fiches qu'elle retirait étaient placées dans des sacs de riz chez M. GASTAUD.
Cela dura 4 mois.
En avril 1943 la GESTAPO comprit son manège et vient l'arrêter.
Elle s'évade en glissant par la gouttière du 4ème étage du Grand Hôtel et rejoint le maquis jusqu'à la libération.
Je me souviens d'un fait qui la décrit pleinement.
Nous sortons de la gare de NICE avec du plastic. Un membre de la GESTAPO pointe son doigt vers moi et dit : "vous, suivez-nous".
Marguerite, à côté de moi s'avance en souriant et dit : " c'est moi monsieur qui doit vous suivre ?"
Non non, passez mon enfant, et moi je passe aussi en lui tenant la main. J'oublie de préciser que tous les mouvements, F T P compris, ont bénéficié de cette organisation.
A la libération une belle, grande, jeune fille me saute au coup et m'embrasse comme du bon pain. Surpris, je la regarde mieux, c'est Marguerite.
La chrysalide a donné vie à un beau papillon, courageux et instruit.