Résistants, Personnalités liées à la Résistance
1927 - 2013
La Paix revenue, essentielle est apparue la nécessité d'assurer la pérennité de la mémoire d'une période où tant de tragiques événements se sont produits Des associations rassemblant des déportés, des internés, des combattants volontaires anciens de la France Libre comme de la France Combattante sont apparues. C'est ainsi que, près de l'Ordre de la Libération, est née, en 1947, l'Association Nationale des Médaillés de la Résistance Française. Association qui allait être successivement présidée par deux compagnons de la Libération : Claude Hettier de Boislambert et Guy Bauheron de Boissoudy, puis par trois Médaillés de la Résistance Française : le Colonel Charles Arriould, Jean-Jacques de Bresson et Olivier de Sarnez. C'est ce dernier qui vient de nous -quitter après de très longues souffrances endurées avec un exceptionnel courage, constamment soutenu avec une grande vigilance par son épouse, que nous rejoignons dans son chagrin et à laquelle nous présentons nos condoléances les plus sincères et l'expression de nos sentiments respectueux et amicaux.
Olivier de Sarnez a été tout au long de sa vie un homme engagé.
A 13 ans, élève au Lycée Saint Louis, avec les « Grands » il participe à la manifestation de l'Étoile du 11 novembre 1940. Il intègre rapidement « Défense de la France » et lorsque ce mouvement important dans le milieu de la presse clandestine crée en juin 1944 un maquis, à 17 ans, notre ami en fait partie. Entre temps dès 1943, il remplit des missions pour le réseau « Jean-Marie » du colonel Buckmaster. L'ensemble de son action résistante lui vaudra d'être cité à l'ordre de la division avec une citation qui reflète bien son très grand désir de constamment agir.
« Agent du réseau Jean-Marie dès août 1943. A déployé une grande activité au cours de la période précédant le débarquement. Entré dans le maquis en Juin 1944 s'est distingué au cours de missions périlleuses. Le 29 juillet 1944 a participé à l'attaque du "Pont de chemin de fer d'Argenteuil". Le 13 août 1944 dans la "Forêt de l'Isle ADAM" a attaqué un convoi ennemi, mettant hors de combat quatre soldats allemands. A participé activement à la Libération de Paris fin août 1944. Bel exemple pour les jeunes générations. ».
j'ajouterai un fait qui n'est pas repris dans la citation. Le 15 août 1944, arrivant place de l'Opéra dans une jeep conduite par un sergent de la 2e DB, ils capturent à eux deux 150 Allemands de la Kommandantur.
La libération venue, Olivier de Sarnez reprend ses études. Le 13 juillet 1947 lui est attribuée la Médaille de la Résistance Française, décoration créée par le général de Gaulle le 9 février 1943 pour récompenser des actes remarquables de Résistance et qui vaut citation. Il devient Ingénieur civil du génie maritime puis, après des cours suivis aux États Unis à l'université de Rutgers, entre à EDF comme ingénieur d'exploitation puis ingénieur commercial. Fait partie du cabinet de Roger Frey comme conseiller technique. Est Président directeur général de l'institut européen pour la promotion des entreprises (TEP) puis Président de l'IEP canadien à Montréal. Député de Seine Maritime de 1966 à 1973, il est ensuite ingénieur conseil en organisation.
En 2001, il entre au Bureau National de l'Association des Médaillés de la Résistance Française. Là, il va, près du Président de Bresson : réaliser le livre sur la Médaille de la Résistance Française édité par Lavauzelle ;.assurer, comme secrétaire général, aussi bien l'informatisation de la gestion que l'organisation de grands congrès ou le lancement du fonctionnement du Comité des Communes Médaillées de la Résistance Française qui, en 2013, devenu Association des Communes Médaillées de la Résistance Française, prend le relais de l'Association Nationale des Médaillés de la Résistance Française le ler juillet 2013.
Au décès, en 2004, du Président de Bresson, sur proposition du chancelier de l'Ordre de la Libération, le général d'armée de Boissieu, Président d'honneur de notre association, il devient Président des Médaillés de la Résistance Française. Grâce à sa vive intelligence, à ses compétences, à sa connaissance du milieu combattant, il assure la continuité des relations développées par le président de Bresson pendant près de 20 ans, tant auprès des pouvoirs publics qu'auprès des associations et des organisations du inonde résistant. Mais aussi, avec une extraordinaire détermination, il oeuvre à la reconnaissance par l'État comme jour de Fête Nationale l'anniversaire de l'Appel du général de Gaulle du 18 juin 1940.
Lorsque la maladie l'a frappé, il avait d'autres projets liés à la fixation de la mémoire de la Résistance. Parmi eux, _ deux mériteraient d'être repris tant par le Comité National des Communes « Compagnon de la Libération » que par l'Association des Communes « Médaillées de la Résistance ». Le premier : que le 18 juin 1940, devenu Journée de Fête nationale, marque explicitement que la date de l'appel du général de Gaulle est celle de l'entrée en Résistance de la France au côté de ses alliés jusqu'à la victoire finale contre le nazisme. Le deuxième : réaliser autour du socle de la statue du général de Gaulle sur les champs Élysées un défilé lumineux reprenant les noms des Compagnons de la Libération ainsi que les noms des Médaillés de la Résistance Française.
Avec Olivier de Sarnez qui avait été, en 2008, promu au grade d'officier de la Légion d'honneur, l'importante cohorte que furent les Résistants et qui, au fil du temps, s'amenuise, perd un de ses membres éminents, ayant été aussi engagé dans le combat clandestin que constamment soucieux de pérenniser la mémoire de la Résistance. Cette Résistance du peuple français phénomène unique né d'une situation qui n'a pas eu d'égale au cours du déroulement de notre histoire contemporaine. A toute la famille d'Olivier de Sarnez j'exprime les très sincères condoléances des Médaillés de la Résistance Française.
Paul BURLET
